Ce vendredi en fin de matinée, les traits tirés par la fatigue mais l'air comblé, le président du comité de candidature Morocco 2026, Moulay Hafid Elalamy s'apprête à embarquer dans un avion depuis Zurich à destination de Casablanca. Il quitte la capitale du football mondial après deux interminables nuits sans sommeil et trois longues journées passées à louvoyer dans les méandres de l'opaque et sournoise FIFA. L'homme, pourtant rompu aux situations compliquées et aux négociations peu commodes, a dû puiser dans ses ultimes ressources pour éviter une élimination par K.O technique du dossier de candidature marocain. Si Moulay Hafid Elalamy, épaulé par un Hicham Amrani méticuleux et un Fouzi Lakjaâ tranchant, a prolongé son séjour à Zurich, c'est qu'il y avait péril en la demeure. Depuis quelques semaines, les Marocains sentaient qu'au sein de la FIFA, le vent avait tourné en faveur du dossier nord-américain. « Le coup de la Task Force était trop gros pour qu'il ne nous mette pas la puce à l'oreille », confie un officiel marocain. En effet, la commission désignée par le comité exécutif de la FIFA pour évaluer les dossiers techniques des deux candidatures avait pour « agenda caché » d'éviter que le Maroc n'arrive à l'étape du vote où le royaume pourrait avoir toutes ses chances. Sous les aspects d'une neutralité totale, la Task Force, présidée par le serbe Zvonimir Boban, œuvrait avec beaucoup de malice pour affaiblir le dossier marocain. « Nous étions bien au fait de ces manœuvres et nous avions déjà élaboré une contre-attaque », affirme un proche de Moulay Hafid Elalamy. Le 30 mai, quand les Marocains avaient été convoqués au siège de la FIFA, ils savaient à quoi s'en tenir et ne se sont pas fait prendre au dépourvu. L'argument « démocratique » avancé par les Marocains a pesé de tout son poids sur l'issue de la procédure de qualification au vote. « Comment un comité ad hoc composé d'experts non élus aurait pu s'arroger le droit de décider à la place de nations souveraines ? Cela aurait vidé la procédure de vote de toute sa substance et aurait gravement et irrémédiablement nui à la FIFA », souligne le président d'une fédération de football européenne qui ne cache pas sa sympathie pour le Maroc. Aujourd'hui, l'homme en qui Mohammed VI a placé sa confiance pour piloter le dossier technique marocain a pu mener le royaume vers le vote du 13 juin à Moscou. « Nous ne prétendons pas rivaliser avec les infrastructures des Etats-Unis et du Canada. Le croire se serait se voiler la face, mais nous avons d'autres atouts et non des moindres. Et pour ce qui est des stades et des infrastructures, nous aurons, si nous sommes choisis dans douze jours, huit années pour les réaliser », avance confiant un membre du comité de candidature, qui assure faire confiance au président de la Fédération royale marocaine de football, Fouzi Lekjaâ, pour transformer à Moscou l'essai marqué par Moulay Hafid Elalamy à Zurich.