Depuis plusieurs jours, le Président des Etats-Unis d'Amérique, Donald Trump, a multiplié les sorties médiatiques menaçant les pays qui soutiennent la candidature marocaine. Une ingérence pure et dure de l'homme politique dans les affaires du football faisant fi des règlements de la FIFA. Cette dernière à la surprise générale n'a pas réagi aux propos du Président américain laissant croire à une complicité de l'instance du football mondial. Alors qu'elle se présente comme garante de la dissociation entre politique et football, la FIFA se terre dans un mutisme inquiétant depuis quelques jours, à la suite de deux interventions du Président des Etats-Unis d'Amérique, Donald Trump. «J'espère que tous les pays africains et les pays à travers le monde, que nous allons soutenir et qu'ils nous soutiendront dans notre candidature, en compagnie du Canada et du Mexique, pour la Coupe du monde 2026», a déclaré Trump lundi à l'occasion d'une conférence de presse conjointe avec le Président du Nigeria, Muhammadu Buhari. Jusque-là, rien d'anormal : un chef d'Etat qui souhaite le soutien d'autres pays. Mais là où les choses se corsent, c'est lorsque le Président américain joue la carte de l'intimidation. «Nous allons surveiller de très près, a-t-il poursuivi devant le parterre de journalistes réunis dans le jardin de la Maison Blanche. Et toute l'aide qu'ils (les pays, ndlr) peuvent nous apporter serait la bienvenue.» Des propos qui viennent confirmer, même avec un ton moins menaçant, le tweet de jeudi dernier où Trump se demandait «pourquoi soutiendrions-nous ces pays quand ils ne nous soutiennent pas ?» En temps normal, une sortie du Président aurait été reprise en grandes pompes par les premiers concernés. Mais le comité «United 2026» n'a pas daigné faire, ne serait-ce qu'allusion aux déclarations de Trump. La course à l'organisation de la Coupe du monde 2026 a peut-être atteint un point culminant où chaque candidat doit respecter les règles de jeu. Mais non. Donald Trump, l'homme le plus puissant de la planète, use désormais de l'intimidation et il ne s'en cache pas. La FIFA devrait en toute logique le rappeler à l'ordre, mais il semble que Gianni Infantino et ses équipes n'ont pas le courage de le faire. Peut-être qu'ils craignent les représailles du locataire de la Maison Blanche. Ce qui est surprenant, c'est que la FIFA se montre intraitable avec des petits du tiers monde chaque fois qu'elle constate un semblant d'ingérence politique dans le football. Pas plus tard que mardi, les médias nigérians ont fait état d'un avertissement de la FIFA au lendemain d'une décision de la Cour suprême nigériane concernant les différends sur la direction de la NFF, la Fédération nigériane. La FIFA serait même prête à suspendre le football nigérian, voire empêcher les Super Eagles de disputer la Coupe du monde 2018 en Russie si son sacrosaint principe de neutralité politique du football est enfreint. «Le Matin» a tenté depuis vendredi d'avoir la version des faits de l'instance internationale, mais cette dernière a préféré se murer dans le silence évitant tout commentaire. Elle se contente à chaque fois de faire allusion au règlement FIFA du processus de candidature pour l'organisation de la Coupe du monde. Pis encore, lorsque «le Matin» a tenté d'approcher la Chambre d'investigation du Comité d'éthique de la FIFA, l'équipe médias de l'organisation de Zurich nous a courtoisement redirigés vers les canaux officiels. Cela témoigne sans doute d'un malaise au sein de la FIFA, qui penserait à mille fois avant de se lancer dans un bras de fer avec les Etats-Unis, qui plus est lorsque l'ancien président de US Soccer, Sunil Gulati, avait fait campagne en faveur de Gianni Infantino en février 2016, quand ce dernier briguait la présidence de la FIFA. Il ne faut pas s'y tromper, pour une organisation internationale qui dépasse en nombres d'affiliés les Nations unies, la FIFA peut compter sur un arsenal juridique et sur une flopée d'experts qui annihileraient toute thèse d'ingérence politique. Mais se terrer dans le «no comment» dévoile la FIFA sous un nouveau jour. Celui d'une organisation qui fait du neuf avec du vieux, balayant du revers de la main toutes les espérances universelles de voir l'instance faîtière du football dans le monde, une institution réformée et loin des années où l'argent faisait la loi et où le football générait plus d'argent que d'espérances.