Pour comprendre cet univers complexe que certains n'hésitent pas de qualifier de magouille et où tous les coups sont permis, il faut lire l'ouvrage de Daniel Riola «Rocaille de football club» où il développe la thèse selon laquelle le joueur représente une véritable petite entreprise, qui ne doit cesser de tourner, en précisant que l'agent est devenu roi dans le football-bizness et aujourd'hui la PME-joueur ne respecte plus les « valeurs » de football, à commencer par les contrats. Est-ce que cette description faite par Riola, correspond à la réalité marocaine En partie oui, avec un milieu où la magouille fait la loi. Un milieu plein de coups bas, avec beaucoup de gens véreux qui l'ont envahi. Et qui veut, peut devenir agent de joueurs, ou plutôt « Samsar ».
Un milieu où l'on rencontre certes des gens sérieux et professionnels et d'autres qui n'ont rien à envier à des « imposteurs ». Ce qui fait qu'aujourd'hui l'image de l'agent de joueurs n'est pas dans l'ensemble parfaite au vu du public sportif qui n'hésite pas à lui faire endosser la responsabilité de l'accroissement excessif du montant des transferts. Pour Philipe Piat, président du Syndicat International des Joueurs de Football Professionnel (FIFPPRO), les relations entre les clubs et les agents de joueurs ne sont pas souvent transparentes. Les clubs se battent à casser la concurrence pour payer à prix fort la facture et à partir de là, il faut comprendre qu'il y a quelque chose qui n'est pas assez logique dans le système. Un système pas très net.
Un milieu sans foi ni loi où règne la multiplication d'intermédiaires et d'autres acteurs issus d'horizons différents et où le professionnel reste la motivation première de beaucoup d'intervenants sans scrupule. Le cas de cet agent qui fait avaler un salaire à son joueur moins élevé que celui qu'il pourrait gagner ailleurs, par ce qu'il va toucher, lui, une plus grosse commission de la part du club-recruteur. Alors que légalement, c'est le joueur qui doit payer l'agent. En 2009, le 59ème congrès de la FIFA a décidé d'entreprendre une réforme en profondeur du système d'agents de joueurs afin de répondre à plusieurs lacunes qui avaient été identifiées. L'objectif de cette révision a donné naissance à un nouveau système plus transparent, après l'approbation par le Comité Exécutif de la FIFA en mars 2014 des amendements à ses nouveaux statuts qui devaient être adoptés lors de son 64ème congrès et sa mise en vigueur le 1er avril 2015, remplaçant ainsi l'ancien règlement des agents de joueurs de la FIFA.
De l'avis de certains professionnels, le nouveau système ne régule pas l'accès à l'activité, mais fournit un cadre permettant un contrôle et une supervision plus stricte des transactions liées aux transferts de joueurs professionnels à des fins de transparence. Or, au Maroc, le corps semble toujours au stade des balbutiements qui laisse la porte ouverte à ce que l'on appel communément les « smasria ». Ce qui manque affreusement, c'est une vision claire, doublée d'un système bien encadré. S'il est nécessaire de renouveler l'approche conventionnelle de la profession, le défi majeur consiste à rassembler les professionnels dans une instance fédérale consultative qui groupe les différentes associations, dans un métier qui sollicite beaucoup de relationnel pour pouvoir mieux cerner tous les problèmes dans un circuit où la concurrence est grande et toujours pas loyale. Peut-être que certains diront qu'il ne s'agit que de problèmes de réglage interne et que ce ne sera qu'une simple question de bonne volonté de part et d'autre, pour que les choses rentrent dans l'ordre… Oui c'est recevable, mais pas très convainquant quand on voit des agents de joueurs sans formation juridique nécessaire, devenir des consultants dans le consulting juridique, le montage juridique de l'achat d'un joueur, la négociation de contrats de sponsoring ou de parrainage…
Ce qui donne lieu à l'émergence de faux agents qui ne sont pas agrès par la FIFA, qui ne payent pas d'impôts… et qui exercent ce métier tranquillement, portant ainsi préjudice au corps professionnel des agents de joueurs, mais aussi aux clubs et aux joueurs victimes de leurs abus. Il est temps à ce que les professionnels remettront un peut d'ordre dans la maison au lieu de contester dans le vide. Trop de contestations font souvent désordre !