Bonjour coach, c'est le quotidien sportif algérien Le Buteur… Ok, pas de souci. Allez-y, vous pouvez poser vos questions. Comme tous les techniciens du monde, vous avez sans doute suivi avec beaucoup d'intérêt le tirage au sort de la Coupe du monde 2014... Oui, bien sûr. Même si cette fois-ci, je ne suis pas concerné par cette compétition, comme durant les trois précédentes éditions, j'ai quand même suivi ce tirage au sort. Je pense qu'on sera vraiment chanceux, puisque nous allons assister à de très belles affiches durant la phase finale au Brésil. Justement, la sélection algérienne a hérité du groupe H, en compagnie de la Belgique, de la Russie et de la Corée du Sud… Je sais. Tout ce que je peux vous dire, c'est que vous n'avez pas été chanceux. L'équipe algérienne a hérité d'un groupe très difficile. Il y a des équipes qui sont actuellement parmi les meilleurs. Je sais que beaucoup de gens pensent que c'est un groupe facile, mais croyez-moi, ils se trompent. D'ailleurs, cette poule est parmi les plus difficiles de ce Mondial. Qu'est-ce qui vous laisse dire ça ? C'est la forme actuelle des quatre équipes. J'ai suivi un peu les éliminatoires et je pense que les quatre formations ont fait un excellent parcours. Tout d'abord, l'équipe algérienne a réussi à se qualifier pour la deuxième fois d'affilée, c'est quand même quelque chose pour votre équipe. C'est important de se qualifier deux fois de suite pour une telle compétition. Petit-à-petit, ça devient une habitude. Puis, les trois autres ne sont pas à présenter. A votre avis, quelles sont les deux équipes favorites pour passer le cap du premier tour ? En premier, la Russie. L'équipe renferme dans ses rangs d'excellents joueurs, pétris de talent. A mon avis, c'est la plus favorite. Tactiquement, c'est une équipe très disciplinée. Le championnat russe est lui aussi revenu à un bon niveau, capable de donner à la sélection de bons joueurs. Et la deuxième équipe… C'est la Belgique. Elle est dotée d'une excellente génération. Un groupe tout simpement doué. Si on jette un coup d'œil sur son effectif, on y trouve que des professionnels de haut niveau. La majorité d'entre eux évolue en première League anglaise. Le championnat anglais est l'un des meilleurs au monde. Cette génération belge, je la compare beaucoup plus à l'équipe de Belgique des années 1982 et 1986. Certes, ils n'ont pas un Messi, mais ils ont tout de même un groupe très solide, capable de réaliser d'excellents résultats. Le point fort de ces deux équipes ? La Belgique développe un très beau jeu, et son point fort réside dans son jeu, elle joue sans complexe. Les joueurs ont des individualités et un physique très fort. Un point important à mon sens ; par contre, un point pourrait jouer en défaveur des Belges. La Russie renferme des joueurs expérimentés, dont certains d'entre eux sont issus du championnat local. Aussi, ils ont le mental, pas comme les autres, qui leur permet d'avoir affaire à n'importe quelle équipe. Sur le plan technique, cette équipe peut changer de rythme à n'importe quel moment. Ils sont aussi forts dans les contre-attaques. Quel est le point faible des Belges ? Leur manque d'expérience. Les joueurs belges ne possèdent pas d'expérience dans des grands tournois. Ce genre de compétition diffère de la phase des éliminatoires. Parlons maintenant de la quatrième équipe du groupe, la Corée du Sud, une équipe que vous avez entraîné à trois reprises. Vous avez été adjoint de Guus Huddink puis de Dick Advocaat, avant de prendre en main cette sélection… C'est vrai. Je connais parfaitement la sélection de Corée du Sud. J'ai longtemps travaillé en tant qu'assistant puis sélectionneur. Je peux vous dire que c'est une excellente équipe. Elle a beaucoup progressé depuis dix ans. Comment ça ? Pour préparer l'équipe en coupe du monde 2002, j'étais avec Guus Huddink. On avait pris la décision d'arrêter le championnat pendant cinq à six mois. Nous avions profité de cette occasion pour programmer des stages ainsi que plusieurs rencontres amicales. On s'est basés, à l'époque, sur des joueurs de qualité, mais ils devaient travailler encore pour progresser. Après, nous avions renforcé l'équipe par quelques joueurs professionnels. Expliquez-nous comment les Coréens ont progressé ? Déjà, ils avaient de bons joueurs dans le championnat local, disciplinés, tactiques, aux bonnes qualités physiques, mais à l'époque, nous leur avions inculqués des bases de jeu européennes. La preuve, par la suite, de nombreux joueurs sud-coréens ont décroché des contrats professionnels en Europe, juste après cette Coupe du monde. Quels sont les points forts de cette équipe que vous connaissez parfaitement ? Le physique en est leur force principale. Ils peuvent en effet jouer la rencontre avec le même rythme du début jusqu'à la fin. Ils ont des capacités physiques extraordinaires. Cela est dû au travail intense auquel ils sont soumis. Techniquement aussi, l'équipe a de bons joueurs. Et leurs points faibles ? Le point faible des Coréens c'est dans le mental. C'est une équipe faible mentalement, sinon avec la qualité de ses joueurs et surtout la volonté de progresser, ils auraient pu décrocher quelques titres. Je vous donne un exemple. En 2002, les Coréens se sont classés quatrième de la Coupe du monde, c'était une performance encourageante et intéressante pour l'équipe à l'avenir. Seulement, durant l'édition suivante, ils ont été éliminés au premier tour. Et concernant l'équipe algérienne ? Pour être honnête avec vous, je ne connais pas bien cette nouvelle équipe algérienne, car je ne l'ai pas beaucoup suivie. Je sais que l'Algérie n'est ni le Ghana ni le Nigéria. C'est un tout autre style de jeu, celui de l'Afrique du Nord. Je sais qu'il y a de jeunes joueurs qui évoluent dans de grands clubs européens d'Italie et d'Espagne, etc… Les Verts ont-ils les moyens de passer au deuxième tour ? Dernièrement, j'ai eu une discussion avec des collègues, on était unanimes à dire que l'Algérie sera face à un challenge intéressant. Votre équipe jouera sans la moindre pression, elle n'a rien à perdre. En cas de défaite face à la Belgique, la Russie ou même la Corée du Sud, ce n'est pas une catastrophe. Au contraire, ça permet à l'équipe algérienne d'apprendre. Les autres équipes ont plus par rapport à l'Algérie. Par contre, le fait que ce soit une nouvelle équipe, ça peut être un inconvénient, puisque ce ne sont pas les mêmes joueurs d'il y a quelques années. Bref, le fait de jouer sans la moindre pression permettra aux joueurs de bien développer le jeu. Pour ce qui est des matchs de préparation, conseilleriez-vous les Algériens de jouer face à des équipes européennes ou asiatiques ? Non, je ne suis pas d'accord avec ce principe. Je sais, par exemple, que pour préparer la Corée du Sud, tout le monde va dire qu'il faudra affronter le Japon. Croyez-moi, c'est une grosse erreur. Pourquoi ? La Corée du Sud et le Japon n'ont pas le même style de jeu. Le jeu coréen ressemble au style européen, pas comme celui du Japon. La Croatie peut être un bon match pour préparer la Coupe du monde, car c'est une équipe très technique mais aussi physique. Elle incarne les deux philosophies. Le Portugal aussi. Le style de jeu portugais ressemble à celui des Hollandais, c'est presque la même chose. Ça va être aussi un bon match, mais pas le Japon. Avant de conclure, quels sont les favoris pour remporter cette Coupe du monde ? Je pense que le premier favori est le Brésil, qui va jouer cette coupe chez lui. Puis, il y a l'Espagne qui reste une excellente équipe. Après, il y a les outsiders de ce Mondial, comme les Pays-Bas qui ont créé la surprise au dernier Mondial, l'Argentine et même l'Allemagne.