L'humiliante élimination de l'équipe nationale de la coupe du monde 2010 et de la CAN 2010 révèle au grand jour toutes les failles du football national. Ce sport, adoré du public, vient d'entrer dans une des plus grandes crises de son histoire. Et le pire, c'est que, contrairement aux crises du passé, celle-ci ne semble pas avoir d'issue pour la simple et bonne raison que : ceux qui ont la responsabilité de la résoudre sont ceux là même qui l'ont engendrée. Que peut-on faire et que peut-attendre d'une fédération défaillante et incompétente? Bien qu'il ait changé de tête récemment, cet organe continue de faire preuve du même amateurisme, d'effectuer les mêmes mauvais choix et d'adopter les mêmes attitudes. I- UNE FEDERATION PASSIVE En effet, à l'instar de leurs prédécesseurs, les nouveaux responsables continuent de croire qu'il suffit de changer d'entraineur pour améliorer le rendement de l'équipe. Cette prise de position fausse et simpliste a fini par avoir des conséquences terribles qui ont contribué au coma dans lequel vient d'entrer le football national. Les mauvais choix et les changements d'entraineurs ont abouti à une instabilité technique permanente qui s'est exprimée sur les terrains par : * L'inexistence, depuis 2004, d'une équipe type * L'absence de fond de jeu * Un jeu collectif sans âme, décousu, sans rythme et inefficace * Une multitude de joueurs testés dont certains disparaissent après un ou deux matches joués sans explications ou parfois, sans avoir joué. o Une ambiance malsaine entre les joueurs trop laissés à eux mêmes à cause d'un déficit en communication, de l'absence de critères de choix qui discrédite les techniciens et fait croire au clientélisme o Un climat d'indiscipline et une absence de rigueur o Des joueurs peu combattifs car ils ne sont pas correctement encadrés et ne sont pas suffisamment mobilisés et sensibilisés sur l'importance de leur mission. o De l'indiscipline tactique : mauvaises passes, mauvais placements, individualisme (on dribble quand il faut faire une passe), peu de continuité dans l'effort et gaspillage des coups de pieds arrêtés. II- LES BASES D'UNE EQUIPE SOLIDE Pour bâtir une équipe nationale (EN) solide, il ne suffit pas de choisir un entraîneur et le laisser chercher des joueurs à droite et à gauche pour les faire jouer ensemble. Une EN, c'est comme une pyramide dont la base est constituée par les milliers de jeunes passionnés qu'il faut savoir canaliser et le sommet est composé de responsables (FRMF, GNF, staff technique et …) Pour sortir le foot marocain du coma, les solutions et les remèdes sont connus depuis longtemps mais les responsables n'ont jamais voulu commencer le travail car ils on toujours été préoccupés par les résultats immédiats au détriment du travail à long terme. On ne se répètera jamais assez, pour avoir une EN durablement performante, il faut travailler dans le long et le moyen terme : * Faire de la prospection (écoles, quartiers, petits clubs, etc.…); Tracer une politique de relève ; comme tous les pays africains performants, il faut que l'équipe A puise dans l'équipe B, dans les U20, les U17, etc. Et éviter de dilapider les acquis comme on l'a fait avec la belle équipe des U20 de 2005. D'ailleurs l'ossature de l'équipe humiliée par le Cameroun était constituée de joueurs de l'équipe de 2005 : Hermach, Zerouali, Ahmadi, Dirar, Benji et Sekkat ; * Organiser des compétitions régulières pour les juniors, cadets et minimes et leur fournir des cadres formateurs très compétents ; * Disposer d'une structure juridique apte à gérer les relations : joueurs – dirigeants – entraîneurs ; * Disposer à l'instar de certains pays africains (Côte d'Ivoire et Mali) d'un véritable centre de formation national réservé à l'élite qui produirait des joueurs pour les équipes nationales toutes catégories confondues ; * Rendre le championnat GNF plus performant en imposant aux clubs d'élite de disposer d'une infrastructure adéquate et digne de l'élite, d'équipes dans toutes les catégories, des encadreurs compétents, une saine gestion avec une comptabilité transparente et en contrôlant les transferts, objet de beaucoup de magouilles, en particulier chez les jeunes et dans le GNF2, etc. * Avoir une infrastructure suffisante, non seulement pour l'élite, mais aussi pour toutes les autres catégories pour que les 14-18 ans puissent s'y épanouir; III- L'INSTAURATION DU PROFESSIONNALISME Pour faire oublier au public les déboires des sélections nationales, le ministère des sports et la fédération vont se lancer dans un vaste projet d'instauration du professionnalisme. Beaucoup d'argent sera encore dilapidé, les opportunistes de tout bord vont s'en mettre plein les poches, le projet échouera inévitablement et les principaux responsables se retrouveront ailleurs. Car c'est comme ça que ça marche chez nous. Pour instaurer le professionnalisme, il faut d'abord un climat de professionnalisme. Et pour cela, il faut des acteurs (joueurs, arbitres, techniciens, formateurs, gestionnaires, responsables, etc.) professionnels, avec une mentalité de professionnels. La façon avec laquelle a été géré le marché du gazonnage de nos terrains et le récent incident : FRMF-2M-WAC sur la retransmission d'un match dénotent incontestablement qu'on est très loin du climat ou de la mentalité de professionnels. Le dernier choix d'un quatuor pour gérer la sélection nationale illustre le manque de responsabilité d'une fédération et le choix au poste de conseiller technique d'un joueur qui a semé la zizanie au sein de l'EN avant de prendre sa retraite internationale montre la méconnaissance du football par des responsables parachutés dans un domaine qu'ils ne comprennent pas comme notre ministre , regardant l'heure , pendant le match Maroc-Cameroun, c'est long un match de football quant on n'y connaît rien ! Tout cela pour justifier nos doutes quant à la réussite des réformes dans ce domaine. Le malheureux public marocain, passionné pour le football et grand connaisseur, doit , hélas , se résigner : Le football marocain de rejoindre les autres sports collectifs (Basket, Volley ou Hand ) qui sont depuis longtemps dans le coma.