Interview. Le secrétaire général de la FRMF, Karim Alem, fait l'objet d'attaques ordonnées de la part de certains membres de la fédération. Aujourd'hui le Maroc : On vous attaque de toute part, pourtant vous n'êtes pas aussi antipathique que ça. Pourquoi vous dérangez autant de monde ? Karim Alem : Je ne crois pas qu'il faut évoquer, dans ce cas précis, des sentiments comme la sympathie ou l'antipathie. Mais il s'agit plutôt d'une incompatibilité d'humeur engendrée par un gouffre géant entre deux mentalités et surtout des ambitions antinomiques. C'est difficile de parler de soi-même, mais on a tendance chez nous à reprocher aux gens d'agir et de louer les vertus de ceux qui ne font rien. Pour ma part, j'assume ma fonction de secrétaire général de la FRMF avec toute la sérénité, la rigueur et le sens de la responsabilité qu'exige le bénévolat. J'ai la conscience tranquille puisque je m'acquitte de ma tâche avec bonne foi, honnêteté et sans parti pris, ni état d'âme. L'essentiel c'est que je n'ai pas d'intérêts particuliers à tirer de cette fonction. Je ne cherche pas à arrondir mes fins de mois, ni à me présenter aux élections. Maintenant si je dérange certains de mes détracteurs pour avoir évité des débordements financiers aux autres, cela ne me dérange aucunement. Tant pis pour eux. On vous reproche peut-être de ne pas vous adapter à un système de rente établi depuis des lustres à la fédération ? Je ne suis pas venu à la fédération pour durer, ni pour atteindre un quelconque objectif personnel. Je suis un passionné de football qui n'a pas les mêmes intérêts que les autres membres qui dirigent les grands clubs de football. J'ai donc cet avantage de pouvoir arbitrer en toute sérénité sans tenir compte de la grandeur ou de la petitesse des dirigeants ou des clubs. Il est vrai que si j'avais commencé par ne rien faire comme le font certains, j'aurais eu la bénédiction de mes détracteurs d'aujourd'hui. Mais qu'à cela ne tienne, la soumission et le suivisme ne sont pas mon fort. N'est-ce pas ces luttes d'intérêts qui ont affaibli la fédération pour affecter sa bonne marche et la bonne gestion de notre football ? Il faut rester conséquent avec soi-même et convenir que notre football tire sa crise d'un cumul de problèmes relatifs au système associatif et au bénévolat. Cela étant, il faut rester vigilant pour ne pas tomber dans l'engrenage des luttes mesquines qu'engendrent les ambitions personnelles de certains. Il ne faut pas s'accrocher à son poste jusqu'au point de dépasser le stade du consensus pour tomber dans celui de la compromission. C'est une frontière dangereuse que je ne traverserai jamais puisque tout simplement je n'ai aucun intérêt à le faire. À votre avis, la déroute de l'équipe, nationale à la CAN, est-elle due à l'ambiance morose au sein du groupe, à la stratégie de l'entraîneur ou à la passivité des joueurs ? Il faut s'interdire de faire des raccourcis pour juger les résultats de la CAN sur quelques éléments conjoncturels. Il me semble que le problème est plus profond car si on fait le cumul des résultats depuis 1998, on s'aperçoit que le bilan est largement déficitaire. Ceci étant, la fédération, qui n'est pas très riche, a doté l'équipe nationale de moyens financiers et logistiques considérables qui rivalisent avec les clubs européens. Aujourd'hui avec les résultats que l'on connaît, on a convenu d'aller au fond du problème sans prendre de décision brutale, ni de couper des têtes. Mais la fédération a une grande part de responsabilité dans l'échec de l'équipe nationale. La fédération étant en charge directement de l'équipe nationale, il est certain que si cette dernière échoue, c'est la FRMF qui porte le chapeau. Mais une fois encore, il faut reconnaître que les joueurs n'avaient pas à se plaindre des conditions d'hébergement et de transport et des moyens financiers importants qui ont été mis à leur disposition. Ce que je peux vous confirmer, c'est que bureau fédéral n'est jamais intervenu dans les affaires du staff technique. Il me semble que les joueurs ne sont pas arrivés à fédérer leurs talents à cause peut-être de leur degré de maturité ou d'un manque de culture commune.