Le 7 juillet 2008, cette ville de près de 20 000 habitant a vécu un week-end mouvementé. Plusieurs quartiers en portent encore les séquelles. Aujourd'hui, la ville et ses revendications sont presque oubliées. Un an déjà. Le 7 juin 2008 éclataient les événements de Sidi Ifni. La suite est connue de tous. Intervention musclée des forces de l'ordre, des blessés par dizaines, destruction de biens publics et arrestations à la pelle. Une commission d'enquête parlementaire, ce qui est une première du genre, la brouille définitive entre l'Etat et la chaîne qatarie d'Al Jazeera et des procès, complètent la liste. Ceci pour l'Histoire. Mais que sont devenues les revendications de la population locale et les promesses qui lui ont été faites par les autorités. “Rien, ou presque”, tranche Abdellah Birdaha, responsable régional de l'AMDH. La seule revendication à laquelle les autorités publiques ont accédé à ce jour, est celle portant sur la création d'une province. Constat que partage Ali Fikri, un syndicaliste local. “La pénétrante de la ville qui mène jusqu'au port a été bitumée. Les travaux d'assainissement liquide ont été lancés. Sans plus”, explique-t-il. Le ministère de l'intérieur avait, en effet, lancé un marché public relatif sur l'assainissement liquide dans la ville. Et c'est à l'Office national de l'eau potable, ONEP, que revient la charge d'exécuter ce projet. En contre partie, les quartiers populaires de Boulaalam, Lalla Meryem, Al Marssi ou encore Colombina, qui ont vu la naissance de ces tragiques événements, en gardent encore des séquelles. “A ce niveau rien n'a encore été fait”, soutient notre interlocuteur. Les chaussées et trottoirs sont encore dans le même état depuis le lendemain de la répression des manifestations. Une petite manif' pour marquer le coup “Pour ce qui est du port, il n'y a pas eu de changement notable. De même pour la voierie et le réseau routier. De la création de postes d'emplois, n'en parlons même pas”, soutient A. Birdaha. La voix du secrétariat local de la ville, naguère porteur des revendication des habitants, s'est, elle, faite de moins en moins audible à mesure que passe le temps. Certains membres de cette formation ont intégré le processus électoral et se sont présentés aux élections, pour faire partie du futur conseil provincial de la toute nouvelle province. Quid de la mobilisation de la population ? “Elle aussi, se fait de plus en plus terne”, ajoute notre interlocuteur. Il n'en reste pas moins que les habitants de la ville ont tenu à commémorer ces éventements. Deux manifestations ont été organisées pour rappeler ce qui s'est passé il y a un an dans la ville. Des propositions et programmes soumis par les représentants des habitants aux autorités locales et centrale, à leur demande, il n'en est encore rien. Pour le reste, seul souvenir de ces éventements, est une présence toujours visible des forces de l'ordre. Sauf qu'entre-temps, la ville est devenue “autosuffisante” en la matière. Les équipes d'intervention rapide et des forces auxiliaires ont fini par s'installer définitivement, en perspective d'un improbable investissement de la rue par la population. “Mais rien de comparable avec cette journée du 7 juin 2008”, explique une autre source de la ville.