* Les députés du PJD se sont retirés lors des auditions du wali de la région et du gouverneur de Tiznit, auditionnés en présence de leurs subordonnés en violation du caractère secret de lenquête et de larticle sur le caractère individuel des auditions de témoins. * LAMDH voit dun mauvais il que le Président de la Commission soit un istiqlalien à lheure où le Premier ministre avait nié, dans un premier temps lemploi de la méthode forte contre les manifestants. * 13 associations devront rendre public un rapport commun en parallèle avec celui de la Commission parlementaire denquête. Est-ce une manuvre pour calmer les esprits que de constituer une Commission parlementaire pour enquêter sur les évènements de Sidi Ifni ? Surtout que ces incidents avaient fait le tour du monde arabe par le biais dAl Jazeera qui a étalé laffaire au grand jour. Nous ne lespérons pas et pourtant, depuis la constitution de cette Commission, des incidents ne cessent de perturber son travail. Dernier en date, le report dune émission en direct «Moubachara Maakoum» sur 2M qui devait débattre des évènements de Sidi Ifni et inviter des intervenants de tous bords en rapport avec la question. Pour dire combien ce sujet dérange. Mais auparavant, laudition du gouverneur de Tiznit en présence de 9 de ses auxiliaires et juste après laudition du wali de la région avec quatre de ses subordonnés, ont suscité le retrait de deux parlementaires du PJD, à savoir Mustapha Ramid et Abdeljabbar Qastalani de ces auditions. Les deux députés se sont retirés arguant que ces auditions se sont faites en parfaite violation de larticle 8 de la loi 05-95 relative à la gestion des Commissions parlementaires denquête complétée par la loi 54-00. Ainsi que larticle 9 de cette loi qui stipule que laudition dun témoin doit se faire à titre individuel et que le contenu de laudition doit rester secret. De même que la convocation dun témoin se fait à titre personnel et non administratif, ce qui revient à dire que le wali et le gouverneur navaient pas à être épaulés par leurs subordonnés. De même que le fait que certains de ces subordonnés ont été audités précédemment et la présence lors des auditions de leurs supérieurs, ne permet pas de les confronter les uns aux autres. Les deux députés remettent ainsi en cause la légitimité des deux auditions. Contacté par nos soins, Mustapha Ramid a expliqué que les deux députés du PJD ont poursuivi leur travail au sein de la Commission et assistent aux autres auditions qui respectent la loi en vigueur. La Commission a auditionné plus de 200 personnes entre responsables administratifs de la ville et victimes et doit incessamment rendre public son rapport. Mais dautres facteurs sèment le doute quand à la neutralité de cette Commission. En effet, quelques temps après léclatement des affrontements à Sidi Ifni début juin, le Premier ministre, Abbas El Fassi avait indiqué dans une déclaration à 2M, que ce qui s'est passé à Sidi Ifni est «une expression de revendications» liées au chômage. Le Premier ministre a en outre démenti les informations relayées par certaines chaînes satellitaires, dont Al Jazeera, sur déventuels morts dans les rangs des manifestants suite à la violence de la réplique des forces de lordre. Pour quà la mi-juin, un autre istiqlalien, Noureddine Moudian, préside la Commission parlementaire denquête. «Ce nest pas la première fois que le Parlement désigne une Commission denquête. Hélas, beaucoup dentre elles nont abouti quà une vérité partielle sur les motifs de lenquête. De même que les conclusions de ces Commissions nont jamais abouti à des poursuites judiciaires contre les personnes impliquées, ne serait-ce que pour la forme», explique Khadija Ryadi, Présidente de lAMDH. Elle fustige le fait que des subordonnés soient auditionnés en présence de leurs supérieurs, ce qui impacte négativement la quête de la vérité des enquêteurs. «On sinterroge pourquoi au moment où cette Commission mène son enquête, des manifestants sont toujours en détention ou dautres arrêtés après ces événements et après la constitution de cette Commission», poursuit-elle. Elle sétonne également de lintimidation subie par certains témoins et appelle à ce que les généraux soient également auditionnés pour évaluer leur degré dimplication dans les affrontements de Sidi Ifni. «Nous suivons de près les travaux de la Commission et nous sommes également présents sur place à Sidi Ifni. Nous sommes 13 associations à être sur le terrain, nous tiendrons une réunion centrale cette semaine pour décider de la date de publication dun rapport commun, celui de la société civile sur ces évènements de Sidi Ifni», conclut Khadija Ryadi qui espère que cette Commission aura le courage et la volonté de faire toute la lumière sur ce qui sest réellement passé du 7 au 8 juin 2008 à Sidi Ifni. Pour sa part, le Président de la Commission, Noureddine Moudian, a déclaré aux médias que les membres de la Commission d'enquête avaient auditionné toutes les parties en relation, de près ou de loin, avec ces incidents. Notamment le ministre de l'Intérieur, le wali de la région d'Agadir et le gouverneur de Tiznit, le gouverneur de la province de Tiznit et à Agadir, le wali de la région de Souss Massa Draa ainsi que le pacha de la ville, le caïd de l'arrondissement dont le véhicule a été incendié, le directeur de l'hôpital, le directeur régional des ports, le directeur du port de la ville et le chef du cercle. La Commission a aussi auditionné les victimes de ces incidents parmi la population et les agents de police et des forces auxiliaires. Une chose est sûre : en attendant que cette Commission rende public son rapport final sur les évènements de Sidi Ifni, dautres relais dinformations notamment la blogosphère, le site YouTube ainsi que la presse écrite nationale, ont déjà dit leur dernier mot avec, à lappui, des séquences vidéos des affrontements ou encore les photos des dommages physiques et matériels quont subis les habitants de Sidi Ifni.