Le Maroc s'affrime comme une terre de musique et de festivals d'envergure internationale. La preuve par le FNAP. Réputé être l'art des peuples, le folklore est le vecteur par excellence de leur culture, leurs us et coutumes. Un art à travers lequel d'aucuns peuvent découvrir les divers aspects de la civilisation de l'humanité ainsi que l'évolution de la vie des nations. En ce sens, le pays est riche par la diversité de ses arts populaires. Chaque région s'illustre par sa propre musique, ses propres danses ainsi que par les instruments spécifiques d'accompagnement. Notre folklore est issu du mélange des traditions gréco-romaines, juives, arabes, africaines et andalouses, qui font toutes partie de l'héritage berbère. L'emplacement géographique du Maroc par rapport aux autres civilisations a rendu sa musique et son folklore plus riches et plus «mosaïques», par rapport à ses traditions, ses groupes folkloriques et ses orchestres qui datent de bien des lustres. Et si dans d'autres régions du monde le folklore n'a d'autres buts que récréatifs, le folklore marocain, quant à lui, retrace les différentes périodes que le pays a connues, comme il exprime des pensées philosophiques et sociales en plus de sa réfection de l'environnement où il a vu le jour. Il exprime et améliore la vie quotidienne dont il est partie intégrante. Bien que fidèle à ses formes d'expression depuis des générations, il est sans cesse enrichi par l'imagination populaire, sous l'influence de nouveaux événements sur le plan national, des tribus ou de l'individu. Extrêmement diversifié, il varie non seulement d'une région à une autre, mais chaque tribu, nomade ou sédentaire, a son propre répertoire tout aussi riche que remarquable. Musiques et mœurs Dans l'imaginaire des anciens, le territoire actuel du Maroc est à la fois rêve et mystère. N'est-il pas le pays du supplice d'Atlas, des jardins d'Hespéris, et du seuil de l'Atlantide ? Nous sommes un pays de contraste, comme se plaisent à appeler les géographes, un mystère, une mosaïque unie et multiple de peuples et de cultures divers, un pays qui assume sa fatalité géographique en faisant face à la convoitise des Phéniciens, des Romains, des Vandales et des Byzantins avant les Arabes, d'abord repoussés puis adoptés par les autochtones, n'apportent le ciment spirituel de l'Islam au pays du soleil couchant devenu, par la suite, Al-Maghrib Al Aqsa . Le Maroc, qualifié de pays de contrastes, l'est certainement par la diversité et la richesse au niveau de sa culture et de sa musique. Du fait de sa position géographique, il est une sorte de carrefour entre l'Occident, l'Orient et l'Afrique saharienne. Ce pays a su tirer profit de ce profond avantage, et y a puisé afin de développer son caractère propre. Notre musique, très diversifiée, se compose de quatre grands genres musicaux majeurs dotés d'une grande variété, qui ne doivent pas être confondus : musique gnawa, raï, chaâbi, musique andalouse et berbère. Chaque groupe musical est lui-même constitué de sous groupes. Ainsi la musique arabe au Maroc est constituée de musique arabe moderne influencée par la musique arabe contemporaine du reste du monde arabe (Egypte, Liban, Syrie, etc.), la musique arabe du terroir (populaire) propre à chaque région du Maroc, généralement chantée en arabe dialectale de chaque région, la musique savante arabo-andalouse, elle-même composée de sous groupes originaires de Fès, Rabat, Tétouan, Oujda (répertoire musical gharnati) et la musique raï de la région d'Oujda. Un festival pour tous Le coup d'envoi de l'un des plus vieux festivals du Maroc a été donné jeudi dernier avec pour seul objectif de mettre l'art du terroir sur le devant de la scène. Une tâche bien ardue lorsqu'on doit jouer des coudes avec des manifestations qui font leur beurre avec des têtes d'affiche à la pelle. Le Festival national des arts populaires retrace, depuis sa création en 1960, une partie de l'histoire du Maroc et des Marocains. Ce festival a vu le jour le 21 avril 1960, dans les jardins du Harti, à Marrakech. Au lendemain de l'indépendance du Maroc, il s'appelait alors Festival du Folklore et avait pour but de mettre à l'honneur la diversité musicale dont le pays regorge. Son nom change très vite pour devenir le Festival national des arts populaires. Pourtant, le FNAP ne démérite pas le moins du monde. Avec 46 éditions au compteur, ce vétéran peut même se targuer d'avoir vu la culture grandir et pencher tantôt vers son apogée, tantôt vers sa déchéance. Il faut dire qu'il y a de quoi être fier. D'abord une parade qui regroupe toutes les troupes participantes a, une nouvelle fois, tenu ses promesses et offert aux festivaliers de grands instants d'émotion. Marionnettes géantes, cavaliers, «tbourida» ont défilé dans les rues de Marrakech. Autant de rythmes, de sonorités, de couleurs du Maroc et d'ailleurs réunis dans une même parade. Le show se poursuit au palais Badii avec le traditionnel spectacle regroupant les troupes folkloriques nationales. Les spectateurs ont ainsi vu défiler toutes les troupes représentant la diversité culturelle des différentes régions du Royaume. Ahwach, Aabidat R'ma, Ahaidous, Gnaoua, sans oublier Dekka Marrakchia… au final c'est un florilège bien de chez nous qui a été offert aux festivaliers, locaux et étrangers, donnant un bel aperçu de la richesse et de la variété de l'art populaire marocain. Yassine Ahrar Folklore arabe vs darija En Afrique du nord, il existe une distinction nette entre la musique urbaine populaire et celle de l'élite. Ni l'emploi d'un arabe vernaculaire par opposition à la langue littéraire ni des genres déterminés ne sont des repères sûrs. Là encore, on trouve une situation analogue au sud du Sahara, où la chanson populaire est aussi devenue la musique de l'élite, indépendamment des autres divisions entre les classes sociales. La chanson marocaine prend son essor avec l'indépendance du pays. Deux grandes tendances se sont révélées, adoptant l'une l'arabe classique et l'autre le dialectal.