Avec la mort de Ben Laden, c'est une page du terrorisme international qui est tournée. Mais le danger persiste toujours. Et dire qu'on nous avait laissé penser que Oussama Ben Laden, cerveau avéré de l'attentat du 11 septembre et chef de la nébuleuse djihadiste la plus agissante Al-Qaïda, se terrait dans les montagnes rugueuses de l'Afghanistan ! Un nom avait même marqué les esprits : Tora Bora. Eh bien non ! Ben Laden avait trouvé refuge dans un complexe fortifié de la banlieue d'Islamabad. Neuf ans et huit mois que la traque dure. Beaucoup en étaient arrivés à douter de la compétence investigatrice du contre-espionnage américain. La CIA taisait son inaptitude à capturer l'homme le plus recherché de la planète, en se réfugiant dans le silence. Tout ceci, au lendemain de la prise la plus juteuse de la NAVY Seal, n'est plus qu'un mauvais souvenir. Les USA exultent A l'annonce de la capture, le président américain Barack Obama exulte. Son administration peut s'enorgueillir d'avoir réussi là où les faucons de Bush ont échoué. Tout débute au mois d'août dernier : les services de renseignements débusquent un présumé messager d'Al-Qaïda. L'homme effectue des allers-retours incessants entre le centre d'Islamabad et un mystérieux complexe privé de réseau téléphonique et de connexion internet. Temporisant, l'état-major américain souhaite d'abord accumuler suffisamment d'intelligence avant de lancer une opération coup de poing. Ainsi, la cellule anti-terroriste épiera inlassablement les moindres déplacements du messager dont on dit qu'il bénéficie d'une confiance aveugle de la part de Ben Laden. Début février, la piste se clarifie. On concluet, à la lumière des renseignements regroupés que, derrière les remparts hauts de 5 mètres et protégés par des fils barbelés, se niche le leader d'Al Qaida. Il n'en faudra pas davantage à Barack Obama pour lancer l'offensive. Le modus-operandi du commando sera déterminé par le président himself. Ecartant l'hypothèse d'une attaque chirurgicale par voie de Drones Predator, son choix se porte sur un contingent restreint issu de la NAVY Seal Team, la crème de l'intervention rapide. La décision tombe le 29 avril. Placée sous le commandement du patron de la CIA Léon Panetta, l'ordre est transmis au contingent d'« assassiner Ben Laden. » La mission est claire, aucune autre option n'est envisageable. On fixe une date. A 1h15 du matin, des hélicoptères de la Seal fondent sur la forteresse sécurisée d'Abbotabad. Les troupes commando encerclent le complexe. L'opération est furtive. En moins de 40 minutes, l'affaire est réglée. Surpris, les gardes de Ben Laden sont laminés par le commando d'élites américain. Le haut commandement de la CIA évoquera plus tard une « résistance » à l'intérieur du complexe. Selon plusieurs sources, un échange de tirs succincts se serait produit, sans plus de détails. Au terme de l'intervention, le bilan est minimaliste et l'essentiel accompli. Ben Laden est touché d'une balle dans la tête. Décès immédiat. L'entourage n'a pas été épargné : quatre morts dont un des fils de Ben Laden, deux sbires et une femme qui, dans un élan sacrificiel, a joué le bouclier humain pour son maître. L'opération réussie, les membres du commando procèdent à un test ADN sur la dépouille du cerveau d'Al-Qaïda. Nul doute ne subsiste: il s'agit bien d'Oussama Ben Laden dont le cadavre sera inexplicablement « emmuré» en totale conformité avec les traditions musulmanes, selon un officier de la Navy (sic). Aux USA, on exulte. Dans la soirée de dimanche, Obama parle : « ce soir, se félicite-t-il, je suis en mesure d'affirmer au peuple américain et au reste du monde qu'au terme d'une intervention commando, Oussama Ben Laden a été tué ». Petite pause puis d'ajouter, « justice a été rendue ». Le propos est laconique. Le président clôt un chapitre ouvert en 1993 avec le premier attentat du World Trade Center. Une page est tournée, mais le danger persiste La réussite est d'autant plus éclatante qu'aucun Américain n'a été blessé durant l'opération. Devant la Maison Blanche, les chalands se pressent pour pousser la chansonnette patriotique, les drapeaux pullulent. « Dix ans qu'on attendait ce moment », éructe un vétéran de la guerre d'Afghanistan, venu se repaître d'un dénouement tant espéré. Dans la soirée, le Némésis de Ben Laden, celui dont les deux mandatures n'auront pas suffit à capturer l'impétrant, y va de ses louanges à l'endroit de son successeur : « Je félicite le président, les hommes et les femmes de l'armée et les services de contre-espionnage qui ont consacré leur vie à cette mission ». Et d'ajouter : « La lutte contre le terrorisme est loin d'être achevée pour autant, prenons acte du fait qu'aujourd'hui, l'Amérique a adressé un message sans équivoque : Tôt ou tard, justice finit par être rendue ». Le buzz est gigantesque. Sur les réseaux sociaux, on s'échange une photo choc. Il s'agit du cadavre de Ben Laden. Le visage tuméfié, l'œil gauche ensanglanté. Erreur, c'est un fake, un vulgaire montage publié sur un site d'information themedialine.org. Qu'importe, internet ne se soucie que peu de la véracité. A la liesse exprimée par les Américains, contraste la fureur du Mouvement des Talibans du Pakistan dont le porte-parole aura ces mots vengeurs : « S'il se confirmait qu'il a été tué dans un raid américain au Pakistan, s'il a connu le martyre, nous vengerons sa mort et lancerons des attaques contre les gouvernements américains et pakistanais ainsi que leurs forces de sécurité : ces gens sont en fait les ennemis de l'islam ». Des menaces auxquelles la communauté internationale prête un fond de sérieux. Interpol envisage de prendre des « mesures spéciales de vigilance ». Globalement, la position est claire : elle est résumée par le premier ministre français, françois fillon : « Une étape vient d'être franchie. Le combat contre le terrorisme n'en est pas pour autant terminé et notre vigilance doit être renforcée ». Même son de cloche pour le Secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen qui écarte l'hypothèse d'un retrait des forces de l'alliance d'Afghanistan. Certes le risque de représailles est grand, mais l'acquis est quand même de taille. Oussama Ben Laden, sommet d'une pyramide criminelle aux multiples ramifications n'est plus ; il faudra à présent paralyser les cellules qui essaiment du côté du Sahel et dont, hélas, notre Ville Ocre vient probablement d'en subir la folie destructrice. Réda Dalil Obama Exterminator Pour un Obama fraîchement candidat à sa propre réélection, la chute d'Oussama Ben Laden tombe à pic. Alors que l'Amérique souffre d'un endettement massif et que les contrecoups de la crise financière de 2008 continuent à ravager le pouvoir d'achat de la middle class, l'annonce vaut son pesant de voix. Dans son adresse au peuple américain, il n'était pas question pour le président de partager le mérite de sa prouesse. S'auto-congratulant à souhait, il aura parsemé son discours de « J'ai décidé » ; « J'ai donné l'ordre », mais encore, « J'ai fortement insisté pour que… » Le staff du président se fera dorénavant une joie de le positionner aux yeux de l'opinion, comme ce leader coriace qui a accompli le « job ». Une aubaine ce Ben Laden !