Le Maroc parie sur le bon comportement de l'investissement public et privé pour tirer vers le haut la croissance en 2011. alors que l'offre exportable peine à se développer et que la consommation intérieure reste atone, la croissance économique se trouve tributaire du volume d'investissement. Pour 2011, Bank Al Maghrib prévoit une hausse de l'investissement des entreprises et établissements publics de 60 %, comparativement à la moyenne des investissements du secteur durant les cinq dernières années. Au total, le Budget 2011 prévoit un effort d'investissement de 106 MdDH, devant profiter en premier lieu aux secteurs des phosphates, des énergies renouvelables et des infrastructures de base. «La croissance de l'investissement se fera cette année grâce au regain de confiance des opérateurs économiques et à l'amélioration de l'attractivité de l'économie nationale en investissements directs étrangers, ainsi qu'au maintien à un niveau élevé des dépenses d'investissement du secteur public», explique la banque centrale dans une récente note d'information. Une manière de rassurer les milieux d'affaires et de donner des signaux positifs aux investisseurs de tout poil. Manque de stratégie flagrant ! L'optimisme béat d'Abdellatif Jouahri, le wali de Bank Al Maghrib, tranche, toutefois, avec certains indices déjà perceptibles. A commencer par la baisse observée pendant les deux premiers mois de 2011 du volume des IDE (Investissements directs étrangers), qui a accusé un repli de 14,7%, soit 3,2 MdDH, contre 3,7 MdDH à l'égale période de l'année précédente, selon les dernières données publiées par l'Office de changes. Autre signe révélateur est le constat amer établi par une étude de l'AMDI (Agence marocaine de développement des investissements) sur l'attractivité du Maroc en matière d'investissements étrangers. «L'analyse des IDE au Maroc sur les vingt dernières années fait ressortir la prédominance d'opérations exceptionnelles liées à des privatisations ou à certaines libéralisations sectorielles», écrivent noir sur blanc les services de Fathallah Sijilmassi. Aujourd'hui, les pouvoirs publics reconnaissent volontiers que les «IDE sont, dans une moindre mesure, la conséquence directe de politiques sectorielles offensives ou d'actions structurelles sur l'environnement des affaires». Traduisez : depuis vingt ans le Maroc navigue à vue et ne dispose toujours pas d'une politique réfléchie ou d'une stratégie claire en matière d'attrait des IDE. Pour rattraper le temps perdu, le gouvernement se dit aujourd'hui prêt à se pencher sérieusement sur la question. L'étude de l'AMDI a voulu mesurer la réelle performance (passée et future) en matière d'IDE et s'est attardée sur la nature d'IDE qui sont prioritaires pour le développement du Maroc ou encore sur la mise en place d'un plan d'action. Sur la base des recommandations de cette étude, l'AMDI est appelée à soumettre à l'appréciation des pouvoirs publics des propositions concrètes de mesures législatives. Dans cette perspective, l'amélioration du climat général des affaires s'avère la clé de voûte de toute politique d'attrait des IDE. Aujourd'hui, moins de 50% des industriels jugent «globalement bon» le climat des affaires, contre 17% qui le considèrent comme «médiocre». En dépit de quelques avancées, le Maroc demeure, en effet, mal loti dans le classement mondial du Doing business. C'est dire que le gouvernement a encore du pain sur la planche. Said El Hadini