Maroc/UE : Douze mois pour parvenir à un nouvel accord de pêche. Les prochaines négociations s'annoncent ardues. Le protocole lié à l'accord de pêche entre le Maroc et l'Union européenne (UE), réglementant l'accès des navires et la contribution de l'UE, a été prolongé pour une durée d'un an. Le temps de parvenir à un nouvel accord de pêche que le Maroc souhaite identique à celui arrivé à échéance le 27 février dernier. Cependant, des voix au sein du Parlement européen militent pour en exclure les provinces du Sud. Une impasse à laquelle le nouveau protocole de pêche a trouvé une issue provisoire. «L'accord est aujourd'hui renouvelé, mais on peut toujours en rediscuter les modalités pratiques dans le cadre du protocole», explique Aziz Akhennouch, ministre de l'Agriculture et de la Pêche maritime. Les négociations sont souvent mouvementées dès lors que la carte du Sahara est brandie par certains milieux hostiles à l'intégrité territoriale du royaume, butant sur la question de la délimitation de la zone de capture de poisson par les bateaux européens. La Suède, le Danemark, le Royaume-Uni et l'Allemagne sont, en effet, opposés à la signature d'un accord de pêche incluant les eaux territoriales en face du Sahara. L'Espagne, soutenue par la France et le Portugal, a multiplié le forcing auprès des instances européennes pour éviter les conséquences néfastes d'un arrêt brutal de l'accord sur ces milliers de pêcheurs. «C'est un dossier qui pouvait être facilement instrumentalisé ou politisé. Il y avait des tendances affirmées contre le renouvellement de cet accord ou de son prolongement. Nous avons senti au début un petit froid dans les négociations et dans la manière dont le dossier a été géré», a déclaré M. Akhennouch au quotidien les Echos. Faut-il voir dans cette reconduction, aussi courte soit-elle, une victoire de la diplomatie économique marocaine ? Pas si sûr, surtout si l'on se réfère à un commentaire d'un professionnel paru dans la presse locale. Hassan Talbi, président de l'Association professionnelle de la pêche traditionnelle, souligne que «l'UE qui est la partie faible dans ces négociations est, paradoxalement, le grand bénéficiaire de cet accord». Mais le plus grand bénéficiaire n'est autre que l'Espagne. Car, sur les 119 bateaux de 11 pays européens, la flotte ibérique s'élève à 101 unités ! Quid des retombées de l'accord ? «La reconduction pour un an de ce protocole permettra de poursuivre les discussions en vue d'améliorer le potentiel de coopération offert par l'accord et de l'adapter aux orientations stratégiques et aux projets mis en œuvre par le Plan Halieutis», souligne un communiqué du département de la Pêche maritime. Au-delà de cette prolongation, les Européens estiment que «l'avenir de l'accord de pêche avec le Maroc reste tout à fait ouvert tant en ce qui concerne la forme que le fond». En clair, il s'agira désormais de mesurer les retombées de l'accord de pêche sur les populations riveraines des côtes sahariennes. D'ores et déjà, le Maroc avait transmis à la Commission européenne des données relatant les effets bénéfiques que procurent les aides financières de cet accord pour la population du Sahara. L'UE verse au Maroc une compensation financière de 36,1 millions d'euros par an, dont 13,5 millions sont destinés au développement de la pêche locale. A rappeler que le Maroc a récemment renouvelé son accord de pêche avec la Russie. Un autre accord le lie également au Japon. L'Union européenne reste cependant le principal partenaire du Maroc dans le domaine de la pêche. Pas moins de 64% des exportations marocaines sont destinées à l'UE, pour un chiffre d'affaires dépassant le milliard d'euros. L'enjeu est de taille ! Said El Hadini