L'homme d'affaires David Abehsera a assigné au Civil, Commercial et au Pénal les Boufettas. Les détails. Alors que l'appel dans le procès qui les oppose à Khalid Oudghiri, l'ex-PDG d'Attijariwafa bank, et Maître Mohamed Hajri vient d'être fixé au 13 octobre suite à un recours en ce sens du notaire, Abderrahmane Boufettas, ex-ministre de l'Habitat et homme d'affaires et Abdelkrim Boufettas vont à nouveau occuper les devants de l'actualité judiciaire du pays. L'événement ? Une nouvelle affaire portant sur 15 MDH et un litige se déroulant en plusieurs procédures les opposants cette fois-ci à un ex-associé : David Abehsera, 71 ans, juif marocain, homme d'affaires et industriel connu à Casablanca. Le dossier promet des rebondissements en série dans les prochaines semaines tant David Abehsera est déterminé à en découdre avec les Boufettas. Au début… L'éclatement de cette nouvelle affaire confirme en tout cas les commentaires peu amènes des salons d'affaires de Casablanca et de Rabat sur la face cachée des Boufettas constamment aux prises avec la justice, et auteurs de plusieurs déconfitures industrielles. L'histoire se raconte comme un roman. David Abehsera et les Boufettas étaient associés dans une entreprise de textile-bonneterie implantée dans le quartier industriel d'Aïn Sébâa à Casablanca : Lancellotti, détenue à égalité par les deux parties. Après 42 ans de collaboration au cours de laquelle Abehsera s'est attaché à développer l'activité, les deux associés divergent et décident donc de se séparer. Une des deux parties devait vendre à l'autre. En cette année 2005, les Boufettas se proposent alors de racheter les parts de Abehsera. Abstraction faite de l'activité elle-même, l'usine présentait un intérêt bien plus important : le terrain d'une superficie de 21 000 m2 ! Une belle opération immobilière en perspective. Le prix est fixé : 21 MDH contre les 50% des parts de David Abehsera. Les Boufettas décident de régler 6 MDH par chèque et 15 MDH par une série d'effets avalisés. En date du 29 juillet 2005, un accord est signé entre les deux parties fixant les modalités d'échelonnement des payements : un effet avalisé d'un montant de 2 MDH et 13 autres d'un montant d'un million de dirhams chacun. En attendant l'argent de Oudghiri Le calendrier prévoyait des échéances allant de juin 2005 à septembre 2006. Les effets sont tirés sur deux entreprises appartenant aux Boufettas : Ominium de plastic et Artiplast. L'accord étant conclu, David Abehsera pense avoir tourné la page. Erreur ! Les mauvaises surprises commencent. Les effets des Boufettas ne sont finalement pas avalisés et sont donc de simples traites. Ils reviennent impayés pour défaut de provision. Mieux encore, Ominium de plastic est une entreprise qui n'existe plus ! David Abehsera patiente et tente de trouver une solution avec les Boufettas. Ces derniers vont le faire patienter en lui promettant de le régler une fois qu'ils auront perçu les dommages-intérêts du procès Oudghiri, un argent aujourd'hui en suspens en attendant l'issue de l'appel interjeté par Me Hajri. De guerre lasse, David Abehsera décide de recourir à la justice. Le 19 août 2010, le Tribunal de commerce de Casablanca condamne les Boufettas et prononce deux ordonnances d'injonction de paiement respectivement d'un montant de 10 MDH et de 5 MDH en sa faveur. En parallèle, son avocat introduit une action en nullité de cession des parts sociales de Abehsera aux Boufettas tout en gardant tous ses droits sur les biens immobiliers de l'entreprise. Une pré- notation a d'ailleurs été effectuée sur les titres fonciers de l'usine. Enfin, dernier rebondissement dans l'affaire : face au refus des Boufettas d'exécuter les ordonnances d'injonction de paiement du Tribunal de Commerce, la défense d'Abehsera vient d'enregistrer une plainte au pénal près la Cour d'Appel de Casablanca. La Cour devra examiner la recevabilité de la peine et désigner dans les prochains jours un juge d'instruction. Contacté par Le Temps, Abdelkrim Boufettas a nié en bloc les faits, reconnaissant juste l'existence d'un «simple différend», résultant de «mauvais calculs de la partie adverse». Avant d'ajouter : «Nous avons à notre tour des documents que nous allons présenter à la justice le moment venu». Quant aux ordonnances d'injonction de paiement, Abdelkrim Boufettas déclare n'avoir reçu «aucune notification en ce sens». Interrogée à cet effet, la défense de Abehsera confirme le contraire. «Nous avons la preuve par huissier de justice que les Bouffetas ont refusé de réceptionner les ordonnances». Devenue à présent publique, l'affaire promet des surprises dans les prochaines semaines. A suivre... A.Z & A.E.A