Pour Mohamed Abied, S.G de l'Union Constitutionnelle, la rentrée politique a lieu dans une conjoncture difficile. Le Maroc doit en effet faire face à des défis multiples tant dans les domaines politique, économique et social. Peut-on dire que la rentrée 2010-2011 est placée sous le signe de l'économique ? Aujourd'hui plus que jamais, la chose économique est au devant de la scène marocaine, comme elle l'est d'ailleurs pour plusieurs nations dans le monde. La crise financière et économique mondiale y est pour quelque chose. Le Maroc qui a subi les rigueurs du plan d'ajustement structurel des années quatre-vingt, n'a depuis qu'une seule obsession : éponger les déficits en augmentant les recettes et en diminuant les dépenses. C'est là une mission qui n'est pas facile, mais qui s'inscrit en tant qu'un impératif pour la rentrée 2010-2011. Le parti de l'Union Constitutionnelle est donc conscient de l'importance des défis économiques actuels, et de leurs répercussions sur la vie quotidienne des citoyens. Il est d'ailleurs convaincu de la nécessité d'œuvrer pour les relever. Qu'en est-il de vos alliances ? L'Union Constitutionnelle et le Rassemblement National des Indépendants ont entrepris une action courageuse en scellant leur alliance. En cela, ils ont été clairs vis-à-vis d'eux-mêmes, vis-à-vis de la classe politique nationale et vis-à-vis des citoyens. Cette alliance a enregistré jusqu'à présent plusieurs points positifs à savoir : la formation d'un groupe parlementaire unifié dans chaque Chambre et qui fonctionne merveilleusement bien, la constitution de commissions de travail relatives à plusieurs thèmes clefs, dont notamment celle de la régionalisation élargie qui aboutit à la rédaction d' une note commune relative à la conception des deux partis sur la régionalisation. Plusieurs autres actions sont prévues dans notre plan de développement pour l'avenir. Notre alliance est donc stratégique, elle s'inscrit dans la durée et nous faisons tout pour qu'elle aboutisse aux résultats escomptés. Quels sont les partis qui nuisent au bon déroulement de la chose politique au Maroc ? Le Maroc est un pays qui croit au multipartisme et à la démocratie. Par conséquent, seules les urnes peuvent dire si un parti nuit ou pas à la chose politique. Sur ce sujet, les électeurs sont souverains pour désigner les partis et hommes politiques qu'ils jugeront compétents ou pas. Les jeunes Marocains manifestent un désintérêt à l'égard du politique. A quoi est due cette situation et comment votre parti envisage –t-il de palier cette problématique ? Le Maroc traverse une phase d'évolution démocratique. Elle est certainement marquée par tout un legs, constitué par des événements qui ont contribué à la mise en place de cet état de chose. Changer cette situation relève de la responsabilité de tous, y compris des jeunes eux-mêmes qui doivent se décider à rejoindre les rangs des partis politiques. De notre côté, nous avons préparé pour cette année un plan d'action spécial en faveur des jeunes. Nous le dévoilerons au moment opportun. Cependant, je dois préciser que les forums dont nous disposons déjà ont contribué, dans une large partie, à drainer une certaine partie d'universitaires et autres jeunes avides d'échanger leurs idées. Quelles sont vos propositions quant à la réforme de la caisse de compensation ? Que pensez-vous de la retraite à 65 ans ? La caisse de compensation a pour longtemps servi les intérêts des nantis plutôt que ceux des nécessiteux. Aujourd'hui, cette situation doit changer pour donner lieu à des formes de compensation beaucoup plus ciblées. Quant à la retraite à 65 ans, elle ne doit surtout pas être envisagée comme un luxe, mais comme une nécessite. Selon différentes statistiques, la pyramide des âges au Maroc connaîtra un changement presque radical. La population sera constituée dans quelques années de beaucoup plus de personnes âgées que de jeunes. D'où la nécessité d'étudier profondément cette possibilité et l'appliquer avec tout le réalisme et la rigueur qu'elle requiert, surtout en terme de complexité des régimes et de règlement des pensions. Que pensez-vous du plan de rigueur dans la prochaine loi de finances, annoncé par Salaheddine Mezouar ? Nous sommes conscients à l'Union Constitutionnelle des difficultés de la conjoncture économique et financière. Nous avons d'ailleurs été très attentifs à l'évolution de la conjoncture internationale, depuis la crise qu a connue la Grèce et l'Espagne, et les mesures d'austérité que plusieurs pays d'Europe, notamment l'Allemagne ont prise pour renforcer leurs économies. Le Maroc, faisant partie de cette société internationale, est concerné par tout ce qui l'affecte. C'est pour cela que nous pensons qu'il est nécessaire de prendre les mesures préventives et les réajustements nécessaires. Si les dépenses de fonctionnement de l'Administration doivent baisser, il ne faut pas hésiter. L'essentiel étant de préserver le pouvoir d'achat des citoyens et sauvegarder leurs acquis vitaux. L'enseignement est en crise. Comme le remettre à niveau et redonner à l'enseignant la valeur qui est la sienne ? L'enseignement est pour nous la cheville ouvrière du développement durable. Malgré tous les efforts fourni, dans ce domaine, les résultats sont restés en deçà de ce qu'escomptent aussi bien les parents que l'ensemble des acteurs du marché du travail. Nous pensons que la solution au problème de l'enseignement ne peut être envisagée qu'à travers une réhabilitation de l'enseignement public dans toutes ces phases y compris la phase préscolaire et l'élaboration d'un plan d'aide et de soutien à un enseignement privé de plus grande dimension et doté de moyens beaucoup plus importants. Aussi il faut redonner à l'enseignant la place qu'il mérite car n'oublions pas que c'est grâce à lui que ce secteur pourra renaître de ses cendres. Selon vous, quels sont les changements qui peuvent s'avérer significatifs pour que le Maroc se développe économiquement et politiquement ? Les ressources humaines resteront à jamais la seule alternative à même de permettre un développement global de notre pays. Nous croyons fermement en cette richesse que sont l'homme et la femme marocain, et nous comptons beaucoup sur leur esprit d'innovation et de création pour apporter, par leurs efforts respectifs les changements nécessaires au développement global de notre pays. Propos recueillis par Mohcine Lourhzal (Le Temps)