Lors des Assises de l'agriculture, Aziz Akhannouch a commenté les réalisations et les perspectives de son plan. État des lieux. Meknès, mardi 27 avril. A la veille de l'ouverture de la 5ème édition du Salon international de l'agriculture (SIAM), le cortège ministériel est presque au complet pour les 3èmes Assises de l'agriculture qui se sont tenues à Sarij Es Swani, lieu emblématique de la ville impériale spécialement réaménagé pour l'occasion. Présidée par Aziz Akhannouch, la rencontre, placée sous le signe de l'agriculture solidaire, a dressé le bilan des réalisations du plan Maroc Vert pour l'année 2009, listé les priorités de 2010 et les perspectives (trop ambitieuses ?) à horizon 2020. Akhannouch à la barre Premier constat : 2009 a été une année très pluvieuse. «Les barrages ont été remplis à 93% de leur capacité, ce qui va permettre une meilleure irrigation des terres», a lancé le ministre de l'Agriculture en guise d'introduction. Pour la seconde année consécutive la pluviométrie joue en effet en faveur des récoltes. Le secteur connaît un essor incontestable grâce également à une forte mobilisation des agriculteurs, des acteurs internationaux (Banque mondiale, coopération belge et japonaise, etc.), une dynamique d'investissement de l'ordre de 10 milliards de dirhams et une réorganisation du ministère de l'Agriculture. En l'espace de quatre ans, le PIB agricole a augmenté de 30%, passant de 90 milliards de dirhams en 2005 à 115 milliards en 2009. A titre d'exemple, la production d'olives a doublé l'an dernier pour atteindre les 1,5 millions de tonnes, et celle des agrumes s'est fixée à 1,4 millions de tonnes, soit une hausse 15% par rapport à 2008. Même schéma pour les céréales et légumineuses dont la production a été soutenue par les pluies abondantes. Le secteur agricole présente un regain d'activité, avec une hausse significative des indicateurs sectoriels dans l'ensemble. A lui seul, il emploie plus de 37% de la population active, restant le principal pourvoyeur d'emplois du pays, loin devant les autres secteurs. Les réformes structurelles qui ont été mises en place en 2009 ne sont pas étrangères à ces chiffres prometteurs. Le ministère de l'Agriculture a été complètement réorganisé, déléguant notamment les processus décisionnels aux régions. Ajoutons à cela la montée en charge de l'Agence de développement agricole (ADA) qui s'est opérée assez rapidement, le Fonds Hassan II qui représente une enveloppe annuelle de 200 millions de dirhams à destination des agriculteurs, et la mobilisation des institutions bancaires, notamment le Crédit Agricole et son programme Tamwil El fellah, et le Pacte vert d'Attijariwafa Bank. Les acteurs du secteur agricole n'ont pas caché leurs ambitions au cours de ces dernières années, notamment à travers une modernisation intensive des infrastructures, et la réalisation de nombreux programmes d'investissement, à l'instar du lancement de deux nouvelles agropoles visant à promouvoir le secteur en offrant des formations aux jeunes agriculteurs. Quoi de neuf, agriculteur ? Si le Plan Maroc vert mise sur la modernisation des infrastructures et la solidarité envers les «petits agriculteurs», la promotion du terroir marocain et les exportations sont aussi des enjeux de taille pour Aziz Akhannouch. L'année 2010 sera résolument sous le signe du terroir. Huiles d'olive et d'argan, safran de Taliouine, clémentines de Berkane ou dattes de Tafilalt… tous sont sur le point d'être labellisés. Présente lors des assises, Khalida Azbane Belkady, directrice générale des laboratoires Azbaneg, voit dans les produits du terroir un potentiel énorme à l'exportation. «Pour améliorer l'image de nos produits à l'international, il faut une traçabilité des produits, un contrôle qui s'opère de la cueillette jusqu'au produit fini», explique-t-elle. Et d'ajouter : «Seule une certification en bonne et due forme des produits du terroir aux normes internationales améliorera nos exportations.» Dominique Chardon, président de l'Association Terroirs et Cultures renchérit : «Il faut valoriser les produits traditionnels à travers leurs bienfaits pour la santé, qu'il y ait une authenticité mais qu'ils soient aussi abordables par leur prix.» L'exploitant agricole français a profité de l'occasion pour annoncer la tenue d'un forum sur les produits du terroir, avec 29 pays présents, le 31 mai à Chefchaouen. «Il est aussi nécessaire d'améliorer les conditions de vie et de travail des exploitants sur ce créneau des produits du terroir. Car la qualité du produit fini dépend également de ces facteurs», a-t-il expliqué. Le segment des produits traditionnels semble encore peu développé. Or, les potentialités sont énormes. Cette prise de conscience devrait donner un nouveau souffle au plan Maroc Vert, lancée en 2008. Avec ses 16 plans agricoles régionaux, et les nombreux contrats programmes en cours (dans les filières céréalière, agrumicole, et sucrière) le ministère de l'Agriculture est ambitieux. Il annonce une production agricole doublée à horizon 2020. Après un bilan mitigé, l'heure est aux perspectives prometteuses... Nabil Hajji Six conventions signées Pour cette 3ème édition des assises de l'agriculture, six conventions entre les secteurs public et privé ont été signées. Parmi les plus importantes, le partenariat entre l'Etat et Tamwil El Fellah, filiale du Crédit du Maroc, proposant un accompagnement bancaire facilitant l'octroi de crédits aux petits producteurs agricoles, avec un plafond à 100 000 dirhams. Une enveloppe de 7,6 milliards de dirhams a, par ailleurs, été allouée à la filière dattière avec comme objectif de doubler la production nationale à horizon 2020 (160 000 tonnes), tout en donnant la priorité au développement durable et à la préservation des palmeraies. La convention de valorisation de l'Agropolis de Meknès devrait, de son côté, permettre de fonder un pôle agro-industriel majeur où la priorité sera donnée à la R&D avec une «cité intelligente» en guise de support à l'industrie agroalimentaire.