Abbas El Fassi est désormais le chef d'une majorité parlementaire virtuelle. Jusqu'à quand ? Un premier ministre sans crédibilité au sein même de son camp, une majorité parlementaire de pacotille et une minorité puissante : tels sont les principaux enseignements à tirer de l'élection tumultueuse au second tour d'Abdelouahed Radi à la tête du parlement. Récapitulons les faits : pour sécuriser au maximum l'élection de Radi et éviter le scénario de la Chambre des conseillers présidée désormais par le PAM (opposition), le Premier ministre a pris le soin de réunir les partis de sa majorité avec comme consigne de voter pour le premier secrétaire de l'USFP (lire édito de la semaine dernière). Le retour de Radi au perchoir ne devait être plus qu'une question de formalité d'autant que les partis au gouvernement disposent d'un réservoir de voix assez confortable à ce sujet. Le vote s'est pourtant déroulé d'une manière tout à fait autre. Les députés de l'Istiqlal, l'USFP, le RNI, l'UC et le MP n'ont pas tous suivis les consignes données par les états-majors de leurs partis. Beaucoup se sont absentés, certains parmi les votants ont préféré glisser un bulletin blanc dans les urnes quand d'autres ont poussé le bouchon jusqu'à voter pour le candidat de l'opposition l'islamiste Saâdeddine El Othmani, auteur d'un score très honorable. Il aura fallu finalement le renfort des voix du PAM (encore lui !) pour qu'Abdelouahed Radi puisse passer au deuxième tour. Derrière ce comportement des députés de la majorité, plusieurs explications : un ras-le-bol généralisé vis-à-vis du retour de Radi (ancien-nouveau président), une sympathie pour l'ancien président du parlement (Mustapha Mansouri), des calculs personnels et une volonté de ruer dans les brancards. L'islamisme parlementaire a montré que sa force était intacte alors que le PAM est plus que jamais incontournable. Le château de cartes d'Abbas El Fassi résistera-t-il jusqu'à 2012 ?