Risma : le fonds hôtelier qui ne lésine pas à investir gros, promet de l'or à la patience des investisseurs qui y ont cru. Ces deux dernières années, la situation de Risma commençait à inquiéter la place. Le fonds hôtelier amorcé par Accor et d'autres actionnaires dont CFG Développement, RMA Watanya et Mamda/MCMA n'a pas rémunéré son capital depuis son introduction en bourse. A l'époque, le management de Risma promettait d'atteindre l'équilibre financier trois ans après cette introduction. Mais cela semble tarder un peu. A voir l'actualité de la société, ce contretemps n'a rien d'un retard à la marocaine… Risma a été créée pour exploiter l'ensemble des hôtels sous l'enseigne Accor au Maroc : Ibis, Sofitel, Novotel et Mercure. Détenue à hauteur de 33% par Accor, cette filiale qui dépasse annuellement le million de nuitées n'a cessé d'investir ces dernières années, prioritairement en puisant dans ses fonds propres. Son meilleur coup reste incontestablement l'acquisition du Hilton de Rabat, qui a fermé au premier janvier 2009 pour rénovation. Des travaux qui s'étaleront sur neuf mois, et qui engendreront un coût de 308 millions de dirhams. Il a été rebaptisé Sofitel jardin des roses. Marc Thépot, PDG d'Accor Maroc, n'est pas peu fier du nouveau patrimoine de Risma. Le Sofitel est opérationnel depuis novembre 2009, et représentera entre 15 et 20% du chiffre d'affaires, l'équivalent de 10 ibis. La lourde charge liée à la rénovation de Sofitel risque de peser sur les résultats de l'année écoulée. Une mine d'or Avec une baisse 5% de son chiffre d'affaires au premier semestre de l'année, son résultat net part du groupe va enregistrer une perte plus importante à la fin de l'exercice. Risma suit une logique d'investissement, mais truffée d'imprévus. L'entourage de l'hôtelière ne bénéficie pas d'un retour d'information et de communication sur sa stratégie, ce qui provoque de l'impatience. Surtout que parmi les actionnaires, MAMDA/MCMA et la CIMR dépassent les 10% du capital, hormis la confiance qu'ils ont en les fruits de cette alliance à long terme, leurs gestionnaires de portefeuille ont une obligation de rendement annuel. «Cette participation minoritaire dépasse le droit de regard des gestionnaires de portefeuille, alors qu'en interne nous n'avons aucune idée sur le temps que ça prendra pour que Risma voie le bout du tunnel» a laissé entendre l'un des collaborateurs du fonds de retraite. Pour Marc Thépot, 2010 sera l'année du changement. Le Sofitel de Rabat sera préparé pour remettre à niveau les finances de la société, mais pas tout seul. Au second semestre de 2010, quatre nouveaux Ibis vont démarrer leurs activités. Autre entrant, l'enseigne ETAP débarquera au Maroc. Appartenant à Accor, ETAP est une chaîne d'hôtels low cost, implantés principalement sur le réseau routier, et près des hubs de transport. Et puis entre 2010 et 2015, une trentaine d'hôtels verront le jour pour un investissement total de 1,5 Mds de dirhams. Un investissement qui renforcera davantage la position de l'enseigne Accor comme premier opérateur hôtelier du Maroc. Dans cette optique, le PDG d'Accor assure que l'année sera celle de l'équilibre financier. Selon d'autres sources, elle sera bénéficiaire à l'horizon 2015. Ce qui est sûr, c'est qu'avec le patrimoine actuel dont disposent les actionnaires, ceux-ci sont assis sur de l'or. Encore faut-il en profiter ! O.R.