Votre entreprise est jeune et à fort potentiel de croissance, mais l'argent ou les compétences vous manquent. Que faire ? Vous avez créé votre entreprise et vous manquez de fonds. Les banques ne veulent plus vous suivre et vous ne trouvez pas d'argent. La solution ? Recourir au capital risque en frappant à la porte des Business Angels, des financiers d'un autre genre. En clair, les Business Angels représente un maillon incontournable de la chaîne de financement d'entreprise innovante et à potentiel de croissance. Zakaria Fahim, past-président du Centre des jeunes dirigeants et Vice-président de l'association «Atlas Business Angels», nous livre les secrets d'un métier passionnant et hors norme. Selon lui, les Business Angels est une association d'hommes et de femmes qui sont pour l'essentiel à prés de 80 à 90 % des entrepreneurs ou encore d'anciens entrepreneurs souhaitant investir leurs épargnes dans des entreprises innovantes ou à fort potentiel. Il s'agit là d'un investissement direct de personnes physiques à la différence des fonds d'investissement qui sont dotés de la personnalité morale en tant qu'institutions. Le Business Angel investit une partie de son patrimoine dans une entreprise innovante et à fort potentiel de croissance. Le caractère innovant du projet à financer ne désigne pas uniquement les innovations technologiques, qui ne représentent en réalité qu'un faible pourcentage du total des entreprises à financer. Les Business Angels investissent également dans d'autres domaines que le domaine technologique. Le Business Angel, dit ange d'affaires, met à la disposition de l'entrepreneur ses compétences et son expérience, ainsi que ses réseaux relationnels afin de l'épauler lors de la concrétisation de son projet d'investissement. «Les Business Angels sont plus avantageux par rapport aux sociétés de capital investissement avec leurs apports en matière de compétences, d'expérience et de mise en réseaux, qui vient à l'appui des promoteurs», affirme Zakaria Fahim. Ils apportent ainsi de l'expertise et assurent l'accompagnement en termes de management du projet, ce qui leur permet d'émettre des avis professionnels de premier plan. En effet, les Business Angles investissent dans des filières qu'ils connaissent parfaitement, capitalisant ainsi sur leur savoir-faire. Par ailleurs, le choix d'investissement dans une entreprise innovante comporte généralement un très fort risque. Ce risque élevé est souvent associé à un gain en capital potentiellement important. Généralement, les Business Angels ont le goût de la créativité et du progrès au-delà de la recherche simple d'un retour sur investissement. Ceci est clair vu le temps précieux que peut consacrer le Business Angel à l'entrepreneur pour l'assister en cas de besoin. La participation des Business Angles se veut «minoritaire» afin de préserver le leadership et la motivation chez l'entrepreneur, précise Zakaria Fahim. Ces participations durent en moyenne de 4 à 5 ans. Association prometteuse A travers son implantation au Maroc, l'association Atlas Business Angels, premier réseau marocain de Business Angels, vise principalement à favoriser la création, le développement et la transmission d'entreprises à fort potentiel de croissance dans les régions de Casablanca et de Rabat. Ce groupement d'investisseurs est ainsi ouvert à tous les individus intéressés par les entreprises innovantes ou ayant un potentiel de croissance. Zakaria Fahim, nous informe que le premier tour de table du comité d'investissement de l'association aura ainsi lieu le 11 Février 2010 pour l'analyse d'une vingtaine de projets. Pour l'instant, l'association est en phase de recrutement de nouveaux Bussiness Angels, procédant ainsi à l'élargissement de son cadre de partenariats. L'association Atlas Business Angels, vise également à attirer de nouveaux porteurs de projets. Ces Business Angels sont susceptibles d'intervenir principalement lors de la phase d'amorçage, contrairement aux sociétés d'investissement classiques, qui interviennent rarement durant cette phase critique. Les sociétés d'investissement s'intéressent ainsi essentiellement aux entreprises technologiques très innovantes qui ont déjà atteint leurs niveaux de maturité. Appelée communément la vallée de la mort, la phase d'amorçage s'inscrit donc après l'intervention du «love money» et avant l'intervention des professionnels en capital investissement. Toutefois, il ne suffit pas pour autant de disposer d'un bon projet pour bénéficier des fonds nécessaires auprès des Business Angels. «Le Business Angel investit dans des hommes et des femmes qui disposent de projets intéressants», explique Zakaria Fahim. La facette Homme-Projet est donc assez importante lors de la prise de décision. En effet, c'est principalement le potentiel de l'entreprise et la personnalité des entrepreneurs qui intéressent les Business Angels lors du traitement des dossiers d'investissement, vu qu'ils engagent leurs propres patrimoines et qu'ils seront amenés à assurer une certaine réactivité et flexibilité dans leurs rapports avec l'entrepreneur porteur du projet. Le traitement d'un dossier d'investissement dure ainsi en moyenne de deux à huit semaines. À noter que les Business Angels, seuls ou à plusieurs, interviennent en moyenne dans la tranche d'investissement allant d'un Million jusqu'à 5 millions de dirhams. Réseaux Les Business Angels permettent aux entrepreneurs d'assurer la réussite de leurs projets, notamment à travers la consolidation du Knowledge Management au sein de leurs organisations. Les entrepreneurs profitent également des réseaux relationnels hors pairs des Business Angels pour booster leurs activités sur le plan financier, relationnel ou encore politique. Le large faisceau de relations permet ainsi d'apporter de la notoriété et de la crédibilité aux projets des entrepreneurs et de leur faciliter par la suite la négociation avec des capitaux-risqueurs. En outre, les Business Angels permettent à l'entrepreneur de relativiser et d'appréhender le court terme. Parfois, le succès n'est pas au rendez-vous même avec les efforts de coaching et d'accompagnement permanents des Business Angels. Zakaria Fahim nous cite des cas d'entreprises qui n'ont pas su relever certains défis et se sont ainsi arrêtées en début de parcours et déclare que sur les cinq projets investis, deux uniquement aboutiront par la suite à des affaires florissantes. Pour Zakaria Fahim, il faut se donner les moyens des ses rêves pour réussir un projet quel qu'il soit. La volonté d'aujourd'hui de Zakaria Fahim est de drainer l'argent qui dort dans les coffres forts vers des projets innovants et à fort potentiel de croissance dans une logique «gagnant-gagnant». Imane El Bechari Le lobbying des Business Angels L'absence de cadre juridique et fiscal au Maroc visant le développement de l'activité des Business Angels freine l'essor de l'activité. Le développement des Business Angels dans le royaume est ainsi conditionné par l'instauration d'une fiscalité encourageant leurs investissements. D'après Zakaria Fahim, l'administration fiscale doit accorder un crédit d'impôt et permettre à l'instar du schéma américain de limiter la portée du risque aux montants des apports, visant ainsi à imputer les pertes accusées aux bénéfices des autres revenus. La fiscalité peut être ainsi un vecteur de développement économique de première envergure au service de la création de la valeur et de l'investissement au Maroc. L'adoption d'un texte de loi visant à développer l'activité des Business Angels permettra donc de promouvoir l'essor économique, s'inscrivant ainsi dans une meilleure dynamique.