Le marché automobile accuse une baisse de 8%. Les opérateurs s'attendent à un rebond en 2010, année de tenue du Salon Auto Expo. Après une décennie de croissance continue, et pratiquement à deux chiffres, le marché automobile s'apprête à terminer son premier exercice de baisse. En effet, au terme des dix premiers mois de l'année, les ventes de voitures de tourisme neuves accusent un recul de 7,9% (par rapport à la même période de l'année 2008), s'établissant à 78 674 unités. Du côté des professionnels, les explications de cette déprime varient selon les opinions : effets de la crise internationale, attentisme des acheteurs, recul des investissements des entreprises… Mais la majorité refusent de céder à la sinistrose et tiennent à relativiser l'importance de la baisse du marché. «Un recul de 8%, ce n'est rien en comparaison avec la véritable crise qu'ont connue les marchés européens, par exemple», nuance Abdelouahed Naciri, directeur-adjoint de Scama, importateur de la marque Ford, qui ajoute : «En plus, les professionnels ont positivement réagi en adoptant des stratégies commerciales agressives pour maintenir leurs ventes». En effet, 2009 a connu une recrudescence inhabituelle des opérations promotionnelles : remises généreuses, financements avantageux, ventes avec paiements reportés, équipements offerts… Le tout au bénéfice d'acheteurs qui n'ont jamais été autant sollicités. De l'autre côté de la barrière, nombre d'importateurs ont saisi l'opportunité que représente le contexte de récession internationale pour mieux négocier leurs achats auprès des constructeurs.. Résultat : nombre d'entre eux sont arrivés à obtenir des prix avantageux, leur permettant de suivre le rythme effréné des promotions sans trop sacrifier leurs marges. C'est notamment le cas du représentant d'une grande marque européenne, qui a obtenu une remise à deux chiffres sur un modèle de citadine. «Il y a quelques mois, cela aurait été tout simplement impossible. Mais là, c'est passé comme une lettre à la poste», s'enthousiasme le chef de ventes dudit importateur. La panne des CBU Toujours est-il que les baisses de prix, bien réelles, comme les différentes opérations promotionnelles n'ont pu annuler la petite santé du marché. C'est surtout le cas pour les véhicules importés montés (CBU) qui ont payé le plus lourd tribut au contexte de déprime. Ainsi, cette catégorie, qui était encore la locomotive de la croissance il y a un an, a vu ses volumes de ventes chuter de 14,26% à fin octobre 2009 (à 51.035 unités). Et parmi les importateurs, certains sont moins bien lotis que d'autres. À commencer par le leader de ce marché, Kia Motors Maroc (KMM). Ainsi, si le représentant de la marque coréenne arrive à conserver d'une courte tête la première place dans le classement CBU (avec 6.087 immatriculations), ses ventes cumulées ont connu une importante baisse (de l'ordre de 25%) par rapport à la même période de l'année précédente. KMM compte sur l'arrivée imminente de nouveaux modèles pour redresser la barre. Son dauphin, Peugeot, va à peine mieux. Avec un volume de ventes en recul de 13% (à 5664 unités), la marque française ne fait que «sauver les meubles», en attendant des jours meilleurs. Toyota du Maroc subit a en revanche subi de plein fouet la déprime du marché, avec des ventes en retrait de plus de 32% (avec 3.589 unités écoulées). Idem pour les autres marques japonaises, qui enregistrent une sévère baisse des ventes, comme Honda (-38%), Suzuki (-41%), Daihatsu (-41%) ou encore Mitsubishi (-61%). Dans ce concert de contre-performances, rares sont les marques qui arrivent à maintenir une évolution positive. C'est cependant le cas de Renault, qui a largement profité de l'effet nouveauté. Ainsi, grâce à un excellent démarrage commercial de sa Mégane III, (en attendant les chiffres de la nouvelle génération du Scénic), la marque française enregistre des ventes en progression de 2,85%, à 5.637 unités. L'arrivée prochaine de la Fluence (version 4 portes de la Mégane III), un best-seller annoncé, devrait encore conforter le Losange dans sa position de troisième au classement des importateurs. Autre gagnant de ce second semestre 2009 : Global Engines, le représentant du Coréen Hyundai. La marque asiatique progresse de 7,4% par rapport à octobre 2008, une jolie prouesse dans un marché en déroute. Idem pour Ford (+9%, à 3.289 unités vendues, Audi (+15,5%, à 758 unités), Volvo (+160%, à 249 immatriculations) ou encore Porsche (+24%, 51 unités vendues). Dacia en superforme Si le marché des voitures importées fait grise mine, c'est moins le cas de celui des véhicules montés localement. Les ventes cumulées de cette catégorie connaissent ainsi, au terme du mois d'octobre, une croissance de 6,63%, à 27.639 unités. Grâce en soit rendue à Dacia ! Ses chiffres (qui représentent plus de la moitié de ce total) ont en effet réalisé un bond de 22%, avec pas moins de 14.496 unités écoulées.Une performance qui trouve son origine dans le succès sans cesse confirmé de la Logan (surtout après sa mise à jour esthétique), mais aussi dans les débuts plus que prometteurs de sa petite sœur Sandero. Un nouveau modèle qui, aux dires de Renault Maroc (son ditributeur), a permis à la marque roumaine d'attirer une nouvelle clientèle, plus jeune. «Cette croissance s'explique aisément : la gamme Dacia et ses prix répondent à un besoin incompressible, du fait du faible taux de motorisation du pays, analyse un professionnel du secteur. Ces modèles ont surtout récupéré les acheteurs de véhicules d'occasion, mais ils commencent aussi à convaincre la clientèle des modèles d'attaque, notamment les petites citadines asiatiques». Quant aux autres véhicules montés dans les chaînes de la Somaca, ils montrent des évolutions disparates. Alors que le Renault Kangoo poursuit une carrière exemplaire (8.951 unités, en progression de +6,6%), les Citroën Berlingo et Peugeot Partner voient leurs ventes s'inscrire dans une courbe négative, reculant respectivement de 16,7% et 31%. L'effet Auto Expo Face à cette conjoncture défavorable, les professionnels font le dos rond, dans l'attente de jours meilleurs. Des jours qui pourraient, à les en croire, venir dès le début de l'année 2010. «Nous avons senti un léger mieux depuis ces deux derniers mois. Mais il est trop tôt pour savoir s'il s'agit d'une tendance durable», confie, prudent, le directeur commercial d'un importateur de la place. Mais c'est dans un événement précis de l'année 2010 que les opérateurs placent leurs espoirs : le Salon Auto Expo, qui devrait se tenir durant le mois de mai prochain. On les comprend : manifestation commerciale par excellence, le Salon casablancais a toujours été synonyme de croissance exceptionnelle des ventes de voitures neuves. Du coup, la plupart des importateurs sont déjà à pied-d'œuvre pour préparer cette grand-messe, planifiant le lancement d'une foule de nouveautés. De quoi aborder l'année qui vient avec le plus grand des optimismes… Hicham Smyej