Rabat-Les flux des Investissements étrangers directs (IED) devraient passer de quelque 1.700 milliards de dollars en 2008 à moins de 1.200 milliards de dollars en 2009, a estimé la Conférence des Nations-unies pour le commerce et le développement (CNUCED). Dans son rapport 2009 sur les investissements dans le monde, présenté jeudi à Rabat, la CNUCED prévoit une lente reprise des IED en 2010 à quelque 1.400 milliards de dollars, avant de s'accélérer en 2011 pour atteindre environ 1.800 milliards de dollars. La CNUCED précise que l'aggravation de la crise économique et financière en 2008 a assombri les perspectives mondiales en matière d´investissements étrangers directs (IED), qui ont reculé par rapport 2007. Publié cette année sous le thème "sociétés transnationales, production agricole et développement", le rapport de la CNUCED relève que les flux d´IED ont reculé au niveau mondial et vers les pays développés, où la crise a éclaté, alors que les flux vers les pays en développement et les pays en transition de l´Europe du Sud-Est et de la Communauté d´Etats indépendants (CEI) ont continué d´augmenter. Ce décalage tient, en partie, au temps qu´il a fallu pour que le ralentissement économique frappe les pays en développement et, petit à petit, leurs exportations. La crise a changé la donne, la part des pays en développement et des pays en transition dans les flux mondiaux d´IED bondissant à 43 pc en 2008, note la CNUCED qui attribue cette nouvelle répartition à la forte diminution des IED dans les pays développés, qui en 2008 ont chuté de 29 pc par rapport à l´année précédente, pour s´établir à 962 milliards de dollars. Au Maroc, les flux des IED ont atteint en 2008 quelque 2,34 milliards de dollars contre 2,8 milliards en 2007. Il figure ainsi parmi les 10 premiers pays du continent africain en matière des IED. Les Etats-Unis restent le premier pays d´accueil d´IED du monde, suivis par la France, la Chine, le Royaume-Uni et la Fédération de Russie. Dans les pays en développement, les IED ont progressé de 17 pc à 621 milliards de dollars et c'est l´Afrique qui affiche la plus forte augmentation en pourcentage (27 pc). En 2008, les sorties d'IED des pays développés ont accusé une baisse moins forte (-17 pc) que les entrées. Les Etats-Unis ont conservé leur position de premier pays d´origine, suivis par la France, tandis que le Japon, avec une progression de 74 pc, se classait parmi les cinq premiers pays investisseurs. Dans l´ensemble, les IED provenant des régions en développement ont continué d´augmenter, atteignant 293 milliards de dollars en 2008, même si, selon les régions, les résultats ont varié. Les sociétés transnationales (STN) d´Amérique latine et d´Asie de l´Est ont amorcé un vaste mouvement d´expansion à l´étranger. Un facteur tout à fait déterminant dans la baisse des flux mondiaux d´IED a été la multiplication des opérations de désinvestissement menées par les STN dans le monde entier. Depuis le milieu de 2008, ces opérations, qui peuvent prendre la forme de rapatriements d´investissements, de prêts intragroupe filiale-société mère ou de remboursements de prêts à la société mère, ont dépassé les flux bruts d´IED dans un certain nombre de pays. Malgré l´actuelle tourmente financière et les interventions massives des pouvoirs publics qui en ont résulté, aucune tendance générale ne s´est dessinée, ni en 2008 ni au début de 2009, dans le sens d´un protectionnisme accru en matière d´investissement. Selon l´enquête de la CNUCED sur les modifications apportées aux législations et aux régulations nationales en matière d´IED, 110 nouvelles mesures ont été adoptées en 2008, dont 85 plus favorables à ces investissements. Après la crise, lorsque l´économie mondiale sera en voie de rétablissement, le désengagement financier de l´Etat des secteurs en difficulté pourrait bien déclencher une nouvelle vague de fusions-acquisitions internationales, notent les auteurs du Rapport. Les STN des secteurs moins sensibles au cycle conjoncturel et dont les produits font l´objet d´une demande relativement stable (agro-industries et certains secteurs de services) et celles qui ont des perspectives de croissance à plus long terme (secteur pharmaceutique) seront sans doute le moteur de la prochaine expansion des IED.