Trois scénarios font leur chemin au sein de la Confédération patronale. Tout arrêter, pousser Tamer vers la porte ou tout simplement se “coucher” et laisser couler. A force de vouloir pousser au débat au sein de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), l'ONA a fini par faire fuir ses acteurs. En effet, valeur d'aujourd'hui, seul un binôme est positionné sur la présidence de la confédération patronale. Il s'agit de Mohamed Horani, directeur général d'Archos Conseil, comme candidat à la présidence et de son futur vice-président général Mohamed Tamer, cogérant de Stylcoma. Sauf que, cette candidature unique et le retrait du binôme de Chaïbi-Alaoui, ont chamboulé les stratégies électorales des deux clans. En effet, c'est jeudi 7 mai que l'implosion de la confédération a eu lieu. C'était lors du conseil d'administration qui devait valider les candidatures à la présidence. La validation n'est pas passée comme une lettre à la poste et il y a eu accrochage entre Mouatassim Belghazi, PDG de l'ONA, et Youssef Alaoui, le vice-président sortant. Raison invoquée : le soutien de Horani et Tamer par l'ONA, et plus particulièrement la campagne supposée d'Attijariwafa bank au profit de cette candidature. Le comble est que même le duo Horani-Tamer a exprimé son souhait de se retirer des élections pour éviter la candidature unique. Or, le lendemain du conseil, Horani et son partenaire s'empressaient d'adresser une lettre aux membres de la CGEM leur précisant le maintien de leur candidature. Pourquoi cette volte-face ? Pour les mauvaises langues, le destin du binôme en question ne leur appartient pas. “La décision du retrait ou de la poursuite de la campagne se prend ailleurs”, dixit un membre du conseil d'administration de la CGEM. Pour d'autres, plus diplomates certainement, Horani a été convaincu par ses amis de bien vouloir rester dans la course. “Lui cherche le débat et ce sont les candidats de la continuité qui le fuient”, répond un autre membre proche du clan ONA. Chaïbi démoralisé Le non-dit est que les esprits cogitent pour trouver une sortie honorable pour tout le monde. C'est à cet effet que des contacts ont eu lieu entre Horani et les groupes supports de la candidature de Chaïbi et Alaoui. L'objectif recherché est d'éviter une bataille qui achèvera une confédération déjà mise à mal. “Le souci majeur de l'équipe Horani réside dans le taux de participation”, nous explique un fin connaisseur des rouages de la confédération. Et la crainte de voir les proches de Chaïbi et Alaoui faire campagne contre Horani est réelle. “Dans ce cas, le visé ne serait pas Horani, qui est un homme que tout le monde respecte, mais l'ONA et Attijariwafa bank qui seraient dans la ligne de mire”, poursuit notre source. C'est pour éviter cette bataille rangée que Horani a pris contact avec les soutiens de l'autre clan pour le séduire par “ses bonnes intentions”. La tactique marchera-t-elle ? Personne ne le sait. Cela est d'autant plus confus que, contre toute attente, la direction déléguée de la confédération patronale a annoncé aux membres la tenue d'un nouveau conseil ce samedi 16 mai, soit à cinq jours du vote. L'ordre du jour du conseil n'a pas été communiqué aux membres et les convocations se font actuellement par SMS. Selon certains membres, il s'agit d'une dernière tentative pour trouver une solution de sortie. Notons que des pressions énormes se sont exercées sur Youssef Alaoui pour qu'il se présente en tant que candidat à la présidence. Et ce, sans Chaïbi réellement affaibli, physiquement et moralement, suite aux derniers événements. Mais Alaoui maintient son niet irréversible. Un autre clan fait le forcing pour faire adopter une nouvelle résolution par le conseil. Il s'agit de maintenir Moulay Hafid Elalamy en poste jusqu'à fin 2009. À cette date, de nouvelles échéances seraient fixées et de nouvelles candidatures déposées. Selon l'un des défenseurs de cette idée, “ce délai permettra de revoir les candidatures et surtout permettre de mieux choisir les candidats”. Référence est faite au candidat Tamer dont le dossier comprend quelques déboires juridiques, notamment des saisies conservatoires et exécutoires de la part de la CNSS et de certains fournisseurs. “La crise a mis pas mal de monde dans de sales draps, mais un président de la CGEM doit être irréprochable”, se justifie l'un des antis Tamer au sein de la confédération patronale. PME, PME... Une autre version circule également dans les couloirs de la CGEM et qui attribue à Elalamy la volonté de vouloir sonder les membres du conseil au sujet de la poursuite du processus électoral. “Il faut que les membres s'expriment sur l'impact de tous ces déboires sur la confédération et sur l'économie nationale”. Cette déclaration d'un membre de la confédération se qualifiant comme neutre cache une grande vérité : soutenir le candidat de l'ONA évitera le pire à la confédération. D'ailleurs, plusieurs proches de l'équipe actuelle se sont déjà positionné en termes d'allégeance. Une posture facilitée par l'aura de Horani qui, malgré l'étiquette de l'ONA, garde un capital de sympathie important. Toutefois, ce capital n'arrive pas à fédérer puisque une partie des membres commencent à tester le terrain au sujet de la création d'une confédération de la PME, de l'artisanat et des services. Et tout dépendra de l'accueil de Rabat : si le feedback est positif de la part du Palais, il y a une forte chance que la nouvelle confédération s'installe. Les initiateurs du projet se disent prêts et peuvent même pousser la provocation jusqu'à organiser l'assemblée constitutive le 21 mai, le jour même des élections de la confédération patronale. Il suffit d'une décision politique pour que la défunte fédération de la PME renaisse de ses cendres. Et tout l'encourage à revenir : l'échec de la CGEM sur le dossier de la PME en premier lieu. Et ce, même si Elalamy soutient le contraire. Mohamed Yazidy