La nouvelle équipe à la tête de la confédération patronale a organisé son assemblée générale extraordinaire, le jeudi 28 juin à Casablanca. Compte rendu. D'emblée, la CGEM joue sur l'émotionnel. Une plaquette distribuée lors de l'assemblée générale extraordinaire, tenue jeudi 28 juin à Casablanca, met en avant la nécessité d'une mobilisation financière. Les images développées présentent une CGEM moderne, haut de gamme dotée d'un siège prestigieux et de salles sophistiquées pour tout usage (visioconférence, formation, réunion de staff…). Mais pour fouler le sol de cette demeure new look, il faut passer à la caisse. Moulay Hafid Elalamy, président de la confédération le dit clairement : «il est indispensable que nous renforcions l'assise financière de la CGEM. Les cotisations de nos adhérents, seule source de revenue, sont aujourd'hui insuffisantes». En effet, l'assemblée a été l'occasion d'examiner la situation financière de la confédération, surtout si elle veut entamer la deuxième année sous le mandat Elalamy en proposant des services aux adhérents. Selon le rapport financier, les cotisations des adhérents totalisent 22,6 millions de dirhams dont 16,8 millions de dirhams ont été encaissés à fin 2006, soit un taux de recouvrement de 74%. Youssef Alaoui, vice-président de la confédération et chargé de la trésorerie du patronat a de quoi être fier, surtout que le produit d'exploitation a augmenté, comme le note le commissaire aux comptes, de 40,16%. Bref, les cotisations augmentent, mais la recette reste insuffisante par rapport à ce que compte faire le bureau actuel. Une stratégie tournée vers les services Que propose le patronat ? Les dons. La confédération n'hésite pas à jouer sur l'ego de nos valeureux capitaines d'industries. Grâce à la fondation CGEM dotée du statut d'utilité publique, la confédération invite les adhérents à mettre la main à la poche en contrepartie, le patronat offre des cadeaux symboliques, mais qui ont une valeur de prestige : chaque donateur aura sa plaque portant son nom dans des endroits au sein du siège. Mais attention, plus on donne, plus l'endroit est de valeur. Donner, oui, mais pourquoi ? La réponse est simple. La CGEM a de grandes ambitions, mais ses moyens sont faibles. Tout s'accorde à dire que le bénévolat à une limite. Pour faire de l'encadrement, des études de marché, des audits stratégiques et des services à haute valeur ajoutée, il faut des permanents de qualité, aidés par des cabinets de conseil. Donc, il faut de l'argent, beaucoup d'argent. Le taux de représentativité étant ce qu'il est (la CGEM ne représente que 2700 entreprises), les cotisations des adhérents ne font pas l'affaire. Ce qui explique l'appel au don pour mettre en place des services qui séduiront les entreprises et les inviteront à adhérer à la confédération. Donc investir maintenant, pour récolter demain. Tout le monde, ou presque croit à ce discours, mais des sceptiques regardent ailleurs. Pour ces derniers, des dossiers importants n'ont pas été ouverts. «Le président nous parle de négociations avec le fisc ou avec la primature pour un package pour la PME, alors que nous n'avons jamais ouvert le dossier des assureurs», explique un adhérent grincheux. Selon des sources proches de la CGEM, Mohamed Bensalah, PDG de Holmarcom, serait en charge du dossier des assurances. Mais rien ne vient pour l'instant à l'image de plusieurs commissions qui ne font que présenter des slid sans plus. La CGEM bouge dans le bon sens, certes, mais sa crédibilité se mesure à travers la pertinence du débat qu'elle mène, et non pas uniquement à travers la qualité des hommes qui la composent. Rappelez vous le mandat Lahjouji et l'éclat qu'il a donné à la confédération, de la crédibilité il y en avait, même si, de l'aveu de Si Abderrahim, la confédération n'a pas obtenu de concession de la part du gouvernement sur des dossiers épineux.