Sur les quelque 1500 communes, Casablanca et Rabat concentrent, et de loin, tout l'intérêt de la classe politique. En perspective, des batailles rangées, avec armes de mobilisation massive à l'appui. Rabat, Casablanca, Tanger, Fès, ces villes n'ont jamais aussi compté que pour les prochaines communales du 12 juin. Dans ces villes s'annonce une rude bataille entre les grands partis politiques. Chacun veut placer ses meilleurs éléments à la tête des listes électorales en lice dans les six villes. C'est à Rabat, la capitale, que la course vers la mairie s'annonce la plus acharnée. Ainsi, et contre l'éternel Omar Bahraoui, député maire de la capitale (MP), s'alignent les grosses pointures des autres formations. Fathallah Oualalou, de l'USFP, compte sérieusement mettre fin à l'hégémonie du maire sortant. Pour cela il commence par assurer ses arrières. Il s'offre les services de “professionnels” Itthadis des élections. L'ancien ministre des Finances sous les gouvernements Youssoufi et Jettou, qui se présente à Rabat-Hassan, s'assure déjà, en outre, l'appui d'un certain Mohamed Sassi, qui se présente, à Yaakoub El Mansour, au nom du pôle de la gauche mort-né, mais également celui de l'ancien SG de la jeunesse USFP, Hassan Tarik qui se présente à Agdal et Driss Lachgar, membre du bureau politique, qui se porte candidat à Souissi. Théoriquement Oualaou part favori. Mais c'est sans compter sur la puissance de la machine de mobilisation d'Omar Bahraoui, à peine lavé par le tribunal de Rabat de l'accusation de campagne électorale prématurée et utilisation des bien publics à des fins électorales lors des dernières législatives du 7 septembre. Bahraoui préfère se lancer en “autonome”. “Il ne demande rien au parti, sauf l'accréditation, évidement. Pour le reste, il compte sur ses propres moyens matériels et son réseau de relations”, confie un membre du Bureau politique du MP. Il doit faire face, néanmoins, à un autre adversaire pour le moins redoutable, Faouzi Chaabi, président sortant de l'arrondissement de Souissi et fils du fondateur du groupe Ynna Holding. L'inimitié entre les deux hommes ne date pas d'hier, le maire sortant de Rabat est même allé jusqu'à couper les vivres au président de l'arrondissement de Souissi. L'imbroglio… À Casablanca, au moins quatre ministres sont en lice. Yasmina Badou remplie dans sa circonscription de Casa-Anfa, Karim Ghellab part de nouveau à l'assaut de la mairie de la métropole depuis sa circonscription Sbata où il vient juste d'organiser, en grande pompe, son premier festival. Les socialistes qui ont misé lors des dernières communales 2003 Khalid Alioua, semblent avoir perdu toute illusion. Le ministre Ahmed Reda Chami avait manifesté son intention de se présenter, en tant que dauphin de la liste à Anfa, mais il s'est désisté au dernier moment. Lahcen Senhaji, le secrétaire régional, reste loin de faire le poids devant les grands ténors de la capitale économique de l'acabit de Mohamed Sajid, donné partant pour un nouveau mandat. Abdelwahed Souhail du PPS est pressenti également de la course. Toutefois, le grand challenger de cette année reste l'actuel ministre de l'Economie et des Fiances, Salaheddine Mezouar, le 3ème membre du gouvernement qui tente de charmer l'électorat casablancais. Contrairement aux rumeurs qui le cataloguaient PAM, l'argentier du royaume entre dans l'arène sous les couleurs du RNI. Tout comme sa collègue au gouvernement et au parti, Nawal El Moutawakkil qui affronte les urnes dans la commune d'Anfa. Loin de l'axe Casablanca-Rabat, Fès attire l'attention. L'islamiste Lahcen Daoudi tient à sa revanche et Hamid Chabat, récemment auréolé patron de l'UGTM, bras syndical de l'Istiqlal, tient, lui, à son poste de maire de la capitale spirituelle du pays. Dans ce duel PJD-PI s'invitent deux outsiders : le ministre de l'artisanat Mohamed Bousaid sous les couleurs du RNI et Aziz Lebbar, naguère notable haraki, étiqueté depuis seulement quelques jours PAM. Plus loin, à Tanger, la bataille communale se jouera entre le PJD très implanté dans la capitale du Détroit dont il brigue la mairie pour la première fois, l'USFP actuellement aux postes, en la personne de Dahman Derham, l'Istiqlal et dans une moindre mesure, le RNI et l'UC, voire le PAM. Pronostic impossible Face à l'industriel et homme d'affaire Dahman Derham, le PJD pèse de toutes ses forces. Il présente en tant que têtes de listes deux députés : l'économiste et député PJD, Najib Boulif et la machine à voix qu'est Fatema Belahcen. L'istiqlalien Abdessalam Arbain, actuel président de la Chambre de commerce est également donné partant tout comme le conseiller et ancien président de la région Tanger-Tétouan Mohamed Bouhriz, coordinateur régional du RNI à Tanger. Samir Abdelmoula, DG de cap radio et jeune membre du Bureau national du PAM, est présenté comme sérieux prétendant. Il tentera de prendre la revanche à la place de son père qui, depuis qu'il a perdu en 2003 devant le socialiste, alors sans appartenance politique, Dahman Derhem, n'a plus mis les pieds dans aucune réunion du Conseil de la ville. À Agadir, deux noms circulent déjà, celui du socialiste Tarik Kabbaj, actuel maire de la ville et du éréniste Lahecn Bijeddiguen. L'autre candidat éventuel, Aziz Akhannouch, président de la région Souss-Massa-Drâa retourne à ses origines pour briguer de nouveau son siège dans la petite ville de Tafraout, siège qui l'a porté à la présidence de la région. Tout comme envisagent de le faire ses autres collègues au gouvernement et au parti. Mohamed Abbou, se présente dans sa commune natale à Taounat, Anis Birou à Berkane et Mustapha Mansouri dans la petite localité de Laaroui, près de Nador, dont il est déjà président de conseil. Ce ne sont, par ailleurs, pas les seuls ministres à revenir aux origines en quête d'une “légitimité des urnes”. Font partie de ces cas, les istiqlaliens Saad Alami qui rempile dans sa ville Chaouen et Abdellatif Maazouz, ministre du commerce extérieur, s'en va tenter sa chance, pour la première fois, dans la petite ville de Sefrou. Tahar Abou El Farah