Ahmed CHARAI Un plan d'urgence a d'ailleurs été mis en place pour parer à la baisse des réservations constatées et contrecarrer l'assèchement de certains marchés émetteurs. De manière globale, l'économie marocaine a des atouts pouvant lui permettre d'atténuer les effets de la crise. Le secteur bancaire est très sain, la demande interne reste soutenue, en particulier pour l'immobilier, et l'année agricole s'annonce exceptionnelle. Cependant, les risques de contraction sont tout aussi réels pour le tourisme, pour les exportations de produits manufacturés ainsi que pour les transferts des MRE. Il faudra une vigilance accrue pour éviter une contagion de sinistrose et garder le chemin de la croissance. Mais une fois n'est pas coutume, c'est le champ politique qui va retenir l'attention. Les élections communales auront lieu en juin 2009, alors que le Maroc s'engage sur la voie de la régionalisation avancée. Les collectivités locales concentrent déjà des pouvoirs et des compétences importants. Le moins que l'on puisse dire est que l'usage qui en est fait n'est pas performant. La moralisation des élections, le refus de l'achat des voix est une exigence de tous les partis. Pourtant ces mêmes partis font la cour aux notables qui ont recours à ces pratiques. Le mode électoral, la proportionnelle absolue, favorise l'émiettement et donc les marchandages. La bonne nouvelle c'est que des alliances s'esquissent autour du PAM, avec le RNI et le Mouvement populaire, et entre l'USFP et l'Istiqlal. Ces alliances pourraient à la fois mobiliser l'électorat et permettre la sortie de majorités cohérentes des urnes, loin des marchandages du passé. C'est d'une importance vitale, non seulement pour la démocratie et son ancrage, mais pour le développement économique et social. Solidarité : le talon d'Achille Les dix dernières années ont été celles d'une croissance soutenue, grâce à l'investissement public et à l'essor de l'immobilier. Force est de constater que cette croissance n'a pas atténué la précarité. Des régions en sont totalement exclues et des couches sociales n'en voient que les miettes. En 2009, c'est sur le terrain de la solidarité que l'action publique sera jugée. L'accalmie sur le front des produits alimentaires et la baisse extraordinaire du prix du pétrole donnent une marge au gouvernement pour une action sociale plus enhardie. C'est une nécessité absolue pour mettre à niveau l'ensemble des régions. Il est clair que sur le dossier du Sahara, malheureusement, il n'y a pas d'espoir de règlement rapide. Alger refuse la main tendue, malgré la pression de la communauté internationale. Pire, elle multiplie les provocations outrancières, au mépris des intérêts des peuples de toute la région. L'année qui s'ouvre sera celle d'un ballet diplomatique, pour imposer l'autonomie comme solution finale. Il n'est pas sûr du tout que cela se réalise aussi rapidement. Vigilance face à la crise économique mondiale, vigilance face aux incohérences de la classe politique, vigilance face aux insuffisances sociales et en fin vigilance face aux manuvres algériennes, voilà ce qui nous attend pour 2009. Maroc UE Le tournant historique Grande évolution dans les relations entre le Maroc et l'UE en 2008 avec le statut avancé obtenu par le Maroc. Les relations n'ont jamais été aussi soutenues comme le dira Benita Ferrero Waldner, Commissaire européenne aux relations extérieures et à la politique de voisinage. Selon elle, "les relations entre le Maroc et l'Union européenne connaissent actuellement un développement soutenu. Il suffit d'examiner le développement des échanges commerciaux, financiers et touristiques pour se rendre compte du dynamisme actuel". Au delà des échanges , l'UE et le Maroc «partagent une vision commune sur de très nombreux sujets et sont engagés dans de nombreux chantiers pour approfondir encore plus leurs relations». Surtout dans le domaine politique où le statut avancé se traduira par un "renforcement des mécanismes de concertation avec le Maroc, par exemple avec la possibilité d'organiser un Sommet UE-Maroc, d'inviter les représentants du Maroc à des réunions du Conseil des ministres de l'UE, ou à des groupes de travail du Conseil, ou pour associer plus étroitement le Maroc aux opérations de gestion des crises de l'UE ", souligne Benita Ferrero Waldner. Ceci implique tout un train de changements dans la politique extérieure marocaine et dans sa diplomatie. 2009 sera donc la première année d'expérimentation d'un certain nombre de mécanismes, tous très largement connus par les Marocains qui suivent de manière très minutieuse les avancées de l'UE et de ses institutions. Le Maroc exploitera la nouvelle «zone de libre échange approfondie et complète» et s'attaquera aux obstacles non tarifaires du commerce. Y trouvera-t-il le moyen de réduire son déficit commercial ou s'y enlisera-t-il davantage ? Tout dépendra des stratèges de l'export. Une feuille de route ambitieuse pour les années à venir est entre les mains des deux partenaires souligne la commissaire européenne. UPM, UMA Deux chantiers à suivre Deux constructions importantes sont en chantier. L'une dure depuis plus de 20 ans avec des travaux à l'arrêt, et l'autre vient d'être lancée avec une volonté assez manifeste. La première concerne l'Union du Maghreb Arabe (UMA), ou ce que certains appellent Union du Grand Maghreb. On en est toujours au point mort. Rien ne bouge. L'autre construction est l'Union pour la Méditerranée dans laquelle le Maroc s'est bien investi malgré des obstacles évidents. Qu'en sera-t-il en 2009 ? En tout cas on sait que "le non-Maghreb est un gâchis socio-économique", comme l'a dit le ministre des Affaires étrangères Taïeb Fassi Fihri lors du colloque "Maghreb 2030, partenariat euro-méditerranéen", organisé par le Haut Commissariat au plan. Si les pays de l'UMA veulent dynamiser cette structure, ils savent que la seule solution est que le Sahara retrouve sa place dans cette construction, c'est-à-dire une région marocaine. Pour l'UPM, c'est encore le problème algérien auquel s'ajoute un autre plus grave encore, le conflit israélo palestinien. Là encore, les derniers raids sur les Palestiniens de Gaza qui ont fait jusqu'à maintenant plus de 370 morts, empêchent des pays arabes engagés dans l'UPM de s'assoir à la même table que les Israéliens, eux aussi dans l'UPM autant que les Palestiniens. En attendant, l'UMA devra comptabiliser encore ses pertes en 2009. Le non-Maghreb coûte 2 points de croissance annuelle aux cinq pays. A cause justement de la faiblesse des échanges. Le commerce intermaghrébin ne représente que 2% du total, alors que l'investissement intermaghrébin est négligeable. Plus encore, souligne Abdellatif Jouahri , le wali de Bank Al Maghrib, lors du même colloque, le non-Maghreb coûte aussi en emploi. Le taux de chômage moyen étant de 16%. SAHARA Encore une année de négociations La question du Sahara a continué à retenir l'attention en 2008. L'initiative d'autonomie présentée en avril 2007 au secrétaire général de l'ONU Ban Ki Moon est toujours d'actualité. Elle a permis de consolider la position marocaine et du coup retirer aux adversaires de la marocanité du Sahara de précieux supports. Plusieurs pays ont retiré leur reconnaissance à la république créée par les membres du polisario quelques années après la libération du Sahara par le Maroc. Nul besoin de préciser que la partie adverse est sur les dents. D'où la campagne sur les droits de l'homme au Sahara menée par les membres du polisario là où on leur permet bien de le faire. En 2009, le Maroc se prépare à plus de campagnes souligne un spécialiste de la question. Pour lui, le polisario va utiliser tous les moyens possibles, autrement dit tous les moyens de l'Algérie, pour dénigrer le Maroc à l'échelle internationale. Le Maroc sait donc à quoi il doit s'attendre. Il s'y est préparé. Il ne semble pas déstabilisé outre mesure. Il a retiré une grande satisfaction de ses actions en 2008, au point que Peter Van Walsum, l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU au Sahara a fini par reconnaître que "l'indépendance du Sahara occidental n'est pas un objectif réalisable". Parole de connaisseur puisque P. Van Walsum a passé trois ans comme représentant de Ban Ki-Moon sur ce dossier. Est-ce un hasard s'il arrive à la même conclusion que son prédécesseur, Erik Jensen, qui a lui aussi affirmé que l'autonomie est la seule solution au problème du Sahara. C'est certainement fort de son bon droit que le Maroc a réaffirmé encore une fois qu'il ne retournerait pas à la case départ. Il y a eu beaucoup d'acquis, mais 2009 exige encore des sacrifices et beaucoup d'intelligence. Deux options s'offrent ainsi au dossier du Sahara : soit des négociations sur la base du réalisme politique prôné par le Maroc avec l'appui de la communauté internationale, soit le maintien du statu quo et des entraves à la construction maghrébine auquel s'accrochent l'Algérie et le polisario. La première option ouvre de larges perspectives aux pays de la région, la deuxième retarde leur développement. Agriculture 150 milliards de dirhams pour sa valorisation Le Plan de vert émane de l'étude commandée au cabinet international Mc Kinsey. Cette feuille de route vise à faire de l'agriculture la locomotive de l'économie nationale. Concrètement, l'agriculture traditionnelle devra faire place à une modernisation mûrement développée. Deadline : 15 ans. Les axes de la stratégie ont déjà été lancés. Plusieurs protocoles ont été ratifiés. L'initiation de 900 projets grâce à une injection de fonds de 150 milliards de dirhams concernera 400.000 exploitants. Le suivi devra être effectué également pour baliser les actions, minimiser les écarts et accélérer les processus. Concernant l'accès aux crédits pour les petits agriculteurs, la Société de financement et de développement agricole (SFDA) a été créée justement à cette fin. Une seconde convention porte cette fois-ci sur la mise en route du contrat programme avicole. Ce dérnier vise également la modernisation de la filière sucrière. La problématique de l'amont (approvisionnement en betterave sucrière ) n'est pas encore résolue. La transparence des prix a été clairement demandée par la Cosumar. La valorisation du secteur des agrumes passera également par l'amélioration de la production et l'extension des surfaces cultivées. Les enjeux sont énormes. La croissance économique demeurant liée aux performances- ou aux contre-performances - de ce secteur. Le gouvernement l'a compris. Les objectifs ont été fixés. Reste à les atteindre. Tourisme La carte de proximité à jouer Cap 2009, c'est la nouvelle série de mesures initiée par une Task Force mise en place par le ministère du Tourisme pour anticiper sur la conjoncture internationale. La restitution du plan d'actions est attendue pour le 15 janvier prochain. Pour l'heure, malgré le recul du trafic des passagers de 3% annoncé par l'Association du transport aérien international (IATA) dans ce domaine, le secteur touristique au Maroc affiche une progression des arrivées entre 2007 et 2008. La proximité devient de mise pour réduire les coûts et le Maroc devra jouer cette carte compte tenu du voisinage avec les pays d'Europe. Cap 2009 retient cet atout fondamental. Quatre régions prioritaires ont été identifiées pour dynamiser l'activité touristique à savoir Marrakech, Fès, Casablanca et Agadir. Bien entendu cette tactique vient se greffer aux objectifs retenus dans la stratégie globale, plus connue sous le label Vision 2010. Concrètement, il s'agit d'atteindre d'ici les deux prochaines années les 10 millions de touristes, un chiffre qui paraît réalisable par les différents acteurs du secteur et ce malgré la crise mondiale. 480 milliards de dirhams de recettes en devises devront être générées par le secteur entre 2000 et 2010. La capacité litière nationale devra être portée à 230.000. Celle-ci sera portée par un niveau d'investissement de 30 milliards de dirhams. La création de 600000 emplois est attendue. Bref, la contribution du secteur du tourisme a été estimée à 20% dans le PIB à l'horizon 2010. Artisanat Le parent pauvre ? Ce n'est qu'en 2006, qu'un contrat programme a été prévu pour valoriser ce secteur. Les objectifs ont été fixés à l'horizon 2015. Il s'agira de créer 117.500 emplois pour générer 4 milliards de DH de PIB supplémentaire. Les exportations du secteur formel devront être multipliées par 10. L'artisanat culturel devra doubler en chiffre d'affaires. Le projet est ambitieux quand on sait que l'artisanat marocain n'est pas industrialisé. Répondre à des demandes importantes demeure la problématique première. Le respect des normes internationales, la seconde. La professionnalisation s'impose. Et la Fédération des entreprises de l'artisanat a été créée dans cette optique. Les avancées demeurent pour l'heure timides Un nouvel Envol ambitieux La nouvelle stratégie, baptisée Envol, met en exergue d'autres pôles d'activités, jugés à forte valeur ajoutée. 7 secteurs retenus dans le cadre du programme Emergence (off shoring, automobile, aéronautique, électronique, agroalimentaire, produits de la mer et textile) la nanotechnologie, la biotechnologie, la microélectronique et l'artisanat devront faire partie des domaines à valoriser. Dans la nanotechnologie (ensemble des techniques permettant la manipulation des éléments à l'échelle du milliardième de mètre), le marché mondial a été estimé à pas moins de 1,1 milliard de dirhams. Le ministère compte attirer ces cerveaux pour la mise en place d'un pôle nanotechnologies au Technopolis de Rabat. Second domaine à valoriser; celui de la biotechnologie. Même scénario pour la microélectronique, le plan Envol compte attirer des opérateurs étrangers. La société Nemotek vient d'acheter la licence de l'américain Tessera. Une unité de production de modules de caméras adaptables aux téléphones portables est en voie de qualification. D'autres projets ont déjà été amorcés dans le cadre du programme Emergence. Energie Contre la pénurie, recours aux énergies renouvelables Un plan d'urgence a été mis en place pour éviter des risques de pénurie . Le mot d'ordre étant l'optimisation de la gestion d'électricité. Il s'agit de satisfaire une demande croissante de l'ordre de 8% en moyenne. Première action déjà adoptée par l'ONE, celle de la mise en place d'une salle des marchés destinée à la négociation des ressources. Pour l'année 2009, la production a été arrêtée à 900 MW. La seconde anticipation a trait à la diversification des ressources énergétiques afin d'atténuer la dépendance de fournisseurs étrangers. Le charbon et le bois représentant les deux principales sources énergétiques à exploiter. Parallèlement, les recommandations convergent vers l'utilisation du gaz naturel. Quant au nucléaire, les travaux sont en cours, précisément dans l'exploitation d'uranium..Dans l'éolien, cette forme d'énergie a été identifiée comme premier vecteur d'appel à la diversification. Les villes d'Essaouira, de Tarfaya et de Tanger abritent des parcs éoliens d'une capacité respective de 60 MW, 200 MW et 140 MW. Sur le plan législatif, la loi relative à la libéralisation du secteur devrait permettre d'accélérer le processus de modernisation et de diversification des énergies. Pour rappel, le doublement de la capacité de l'interconnexion électrique Maroc Espagne a fait face à l'accroissement significatif de la demande énergétique, dès le mois de juin 2006. L'année 2009 devra être celle de toutes les réalisations dans le domaine. Immobilier Un déficit d'un million de logements à combler La promotion immobilière privée est un secteur jeune. Et elle est amenée à se professionnaliser. Les opérateurs privés ont contribué à hauteur de 78% dans la réalisation des logements sociaux (soit 189.000 logements). Le secteur immobilier demeure caractérisé par un déficit estimé à près d'un million de logements et un sous-équipement qui concerne près de 540.000 ménages habitant les quartiers non réglementaires. Et c'est dans ce sens que la politique adoptée par le gouvernement a tracé un objectif de production de logements à l'horizon 2012. Elle retient en son sein une production de logements à faible coût pour les ménages à revenu limité, une réalisation de 150.000 unités sociales à l'horizon 2012, la réalisation d'un programme de 50.000 villas économiques, la production de 70.000 logements situés dans les provinces du sud et enfin la création de villes nouvelles. Le marché immobilier demeure toutefois marqué par un engouement de la part des opérateurs privés vers le haut standing qui génère des marges importantes. La conjoncture marquée par une érosion du pouvoir d'achat dicte pourtant un retour vers des normes de standing plus réalistes. La baisse des prix de cette catégorie de logements est pressentie en 2009. Pour l'heure, le volume des investissements se situe à 75 MMDH. Le secteur génère 21 MMDH de recettes fiscales, soit 14% des recettes globales. Il est pourvoyeur de 600.000 emplois. Les encours de crédits se situent par ailleurs à 135 MMDH, soit 24% du PIB. Elections communales Jeu de chaises musicales Ceux qui voyaient dans ce rendez-vous électoral prévu en juin, le véritable baptême de feu du tout nouveau Parti authenticité et modernité devrait remiser leur jugement. Rien en effet n'augure d'un avenir radieux pour le PAM qui peine à constituer ses organes et à annoncer la date définitive de son congrès constitutif. Sinon, la votation de juin 2009 ne devrait pas connaître de grands changements. Les grosses machines électorales qui comptent parmi leurs rangs les notabilités et autres pourvoyeurs de fonds s'en sortiront comme d'habitude. Ainsi, l'Istiqlal, l'USFP, le MP, le RNI et l'UC se partageraient sans doute la gestion des régions et des grandes villes. Selon les observateurs de la chose politique, on devrait assister à un jeu de chaises musicales, puisque les grands partis inter changeraient les villes entre eux. A suivre particulièrement Rabat, Casablanca, Marrakech, Meknès et Agadir dont les maires sortant n'excipent pas d'un bilan particulièrement brillant et qui devraient changer de titulaire. Si l'on n'attend pas de raz de marée du côté des islamistes, il n'est pas exclu que le PJD enregistre quelques gains au niveau des villes de tailles moyennes. Gouvernement L'inévitable remaniement ministériel Au lendemain de l'audience accordée par le Roi à Abdelouahed Radi, Premier secrétaire de l'USFP et ministre de la Justice, le bureau politique du parti socialiste a appelé, dans un communiqué, à revoir la représentation du parti au sein du gouvernement d'Abbas El Fassi. Ce devrait être là le principal cheval de bataille de l'USFP en 2009. En outre, les résultats du scrutin de juin 2009 même s'ils ne sont pas censés apporter de grandes surprises devraient exiger une correction de l'équipe gouvernementale pour y amener du sang neuf et la purger de certaines «erreurs de castings». Il faut dire que l'actuel gouvernement est parti à l'avance avec un grand handicap dû essentiellement à la nature du Premier ministre désigné et à la représentation de la plupart des partis associés à cette coalition caractérisée par une faiblesse. Des indicateurs qui présagent un remaniement ministériel dont le meilleur moment sera après le scrutin de juin 2009. Al Adl Wal Ihssane Sur le chemin de la reconversion politique Décidément, l'organisation de Cheikh Yassine passe par une mauvaise passe. La stratégie de l'Etat pour contrer les adlistes a eu un énorme succès. En effet, alors qu'il y a quelques années, Al Adl Wal Ihssane ne ratait aucune occasion pour faire étalage de sa force, elle se contente aujourd'hui de vivre sur certains «acquis» organisationnels. Ainsi, elle connaît un reflux certain sur les campus, elle n'a pas pu percer dans les organisations syndicales et a toutes les peines du monde à trouver des «issues» médiatiques. Il faut dire que la politique «d'assèchement» légaliste poursuivie par le ministère de l'intérieur a fini par pousser les adeptes de Cheikh Yassine aux limites de leur logique politique. Fortement concurrencés par la Tariqa boutchichya sur le champ purement spirituel, mis à mal sur le champ politique par l'activisme du PJD, les cadors d'Al Adl pensent sérieusement à investir «légalement» la scène politique. Une reconversion qui marquera la fin du mythe du Cheikh Yassine. Maroc/Algérie Le Maroc poussera son avantage Les négociations concernant le Sahara reprendront certainement dès le mois de janvier 2009. Si en 2008, la situation a été très favorable au royaume, cela ne devrait pas trop changer dans les mois qui viennent. Le Polisario et son tuteur attitré l'Algérie n'ont pas pu jusque-là présenter une contre-proposition sérieuse pour faire face au plan d'autonomie marocain. En plus, l'agenda politique interne qui verra les élections communales se dérouler le plus normalement dans les provinces du sud mettra les Polisariens dans l'embarras et réconfortera le Maroc dans sa stratégie. D'ailleurs, au lieu de contrecarrer la proposition marocaine, le Polisario a choisi de faire bouger «le front interne» et attaquer dans le domaine des droits de l'homme. Une stratégie certes offensive, mais qui ne peut remplacer les négociations. Du coup, nous devrons assister pendant de longs mois à d'infinis rounds à Manhasset. Chakib Benmoussa «Le juge de paix» des élections Si tout se passe comme prévu, il sera le maître à organiser du prochain scrutin communal. Le «technocrate» fassi aux formules très plissées dont on ne donnait pas cher de sa peau à la tête du ministère de l'Intérieur, s'est affirmé comme «un fin organisateur» ayant à son actif plusieurs élections partielles et une législative, toutes rondement menées. Cette fois-ci, il devrait veiller au bon déroulement d'un des scrutins les plus compliqués de la vie politique marocaine. Les communales étant connues pour être le terrain de prédilection de tous les «barons» des élections. En outre, le ministre va être particulièrement attendu quant au comportement de son administration face aux candidats du Parti authenticité et modernité. Les élections dans les provinces du sud vont également constituer un autre défi duquel dépendra la suite de la carrière de Chakib Benmoussa à la tête du ministère. Hamid Chabat Un maire aux dents très longues Le maire istiqlalien de Fès n'en finit pas de défrayer la chronique. 2009 sera pour lui l'année de tous les dangers. A six mois des élections municipales où il remettra en jeu son mandat de maire face à une concurrence de la part du PJD, dont il est l'irréductible ennemi, et d'un USFP revanchard et désireux de reprendre son dû, Hamid Chabat lance un raid sur l'UGTM, syndicat-maison de l'Istiqlal dont il veut devenir l'unique patron. D'ailleurs, Chabat ne cache pas son ambition syndicale, d'autant plus qu'il sera un acteur principal du prochain congrès de l'Istiqlal. S'il arrive à réussir dans ces deux rendez-vous, Chabat sera certainement l'homme de l'année 2009 du côté de l'Istiqlal. Ahmed Ghazali L'horloger du paysage médiatique La HACA, présidée par Ahmed Ghazali dont tout le monde loue l'honnêteté et surtout l'impartialité, devrait octroyer dès le mois de janvier 2009 la deuxième fournée des licences radios et télés privées. Dire que la décision de la HACA sera attendue avec impatience est un doux euphémisme vu que les salons de Casablanca et de Rabat bruissent depuis des mois déjà de rumeurs sur les chances des uns et les «montages» des autres. Il faut dire que jusque-là, la haute autorité, sous la conduite de son président, a pu affirmer son indépendance et son savoir-faire. Cette fois-ci, et en raison de la nature des postulants, la tâche sera particulièrement ardue. Plusieurs candidats ont mené des campagnes de lobbying dans la presse visant à influencer l'opinion publique et à exercer une «indicible» pression sur les sages. Pour le moment, la HACA et son président se sont montré impassibles planchant sereinement sur leurs «dossiers». Le prix de la galère politique 2008 S'il fallait décerner le prix de la galère politique en 2008, l'évidence veut qu'on l'accorde, sans contestation possible, au patron du Pari national démocrate (PND) Abdellah Kadiri. Le parti avait décidé de fusionner avec autres dans ce qui allait être le Parti Authenticité et modernité. La décision était souveraine et en plus, elle était légalement enregistrée. Abdellah Kadiri a voulu par la suite se rétracter. Mal lui en prit. Il n'avait plus de parti vers lequel se retourner. Par le fait de la loi sur les partis, le PND n'existait plus, dissout automatiquement suite à la fusion. A. Kadiri a alors porté plainte devant le tribunal administratif contre le ministère de l'Intérieur. Celui-ci affirme avoir reçu dans le délai légal la déclaration de fusion portant la signature des représentants des partis ayant fait fusion, y compris celle de A. Kadiri en tant que représentant légal du PND, accompagnée de trois exemplaires des statuts, du programme et de la liste des dirigeants et leur qualité. Ce qu'a constaté effectivement le tribunal administratif. Pour le tribunal, «la dissolution est le premier effet résultant de la fusion, conformément au 3e alinéa de l'article 41 de la loi sur les partis». Plus encore, les effets juridiques d'une telle décision sont prévus par le législateur, sans l'intervention d'autres parties. Par conséquent, le PND n'aura d'autre choix que de rester dans le PAM, autrement, il n'a plus de personnalité juridique, c'est-à-dire en fait, il n'existe plus. Malgré cela, le PND a plaidé le fait que la fusion ne s'est pas réalisée parce que justement le PAM n'était pas constitué. Un coup pour rien, puisque le tribunal rappelle que le législateur a écarté ces conditions en cas de fusion, en prévoyant des dispositions spéciales à l'article V de la loi sur les partis. La Santé malade L'année 2009 sera celle de la santé. La loi de finances 2009 donne déjà le ton ; une augmentation de 10% est prévue pour le secteur. La stratégie 2008-2012 pour le secteur vise à rendre au citoyen la confiance dans le système de santé par l'amélioration de l'accueil, de la communication, des urgences, de la propreté et de la disponibilité des médicaments ainsi que par la réduction du coût des soins de santé et des médicaments. A cet effet, une exonération de la TVA est prévue pour 2009 pour les médicaments traitant des maladies chroniques et l'hépatite virale. La stratégie vise aussi à réduire la part supportée par les ménages dans le financement de la santé à moins de 25% à l'horizon 2015. La question de la répartition des RH sur le territoire national est encore sur la table, surtout que 111 femmes médecins spécialistes refusent toujours leurs affectations. Affaire à suivre. Marocaines sans réserves LA décision de l'année a été laissée à la fin. 10 décembre 2008, le roi Mohammed VI annonce «la levée par le Royaume du Maroc des réserves enregistrées au sujet de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard de la femme». Ainsi, le souverain offre un précieux cadeau de fin d'année aux Marocaines. Dans la lettre royale, on peut lire aussi que ces «réserves sont devenues caduques du fait des législations avancées qui ont été adoptées par notre pays». Cette décision a ouvert la porte à un débat entre modernistes et conservateurs pour expliquer la teneur de cette décision. Le conseil des Ouléma considère que «Amir Al Mouminine ne peut recommander l'illicite ou interdire le licite, et veille à la conformité des desseins de la Charia avec tout ce qui est de nature à préserver la dignité de l'Homme». Autre dossier concernant la condition féminine, celui du contrôle et de l'application de la Moudawana et qui passe par une réforme du système judicaire. La loi à attendre avec impatience en 2009, c'est celle qui vise à criminaliser le harcèlement sexuel et verbal. Urgente éducation Il n'y a nul besoin de le rappeler, le système éducatif marocain va mal. Un programme d'urgence de l'éducation nationale pour la période 2009-2012 veut changer la donne. Ce nouveau plan garde comme cadre de référence la charte nationale d'éducation et de formation. Le programme comporte 23 projets se déclinant en quatre volets prioritaires. parmi eux, la réalisation du principe de l'enseignement obligatoire jusqu'à l'âge de 15 ans, la mise en place de l'enseignement préscolaire et la mise à niveau des établissements scolaires et des internats. Avec une attention particulière aux conditions de l'enseignement dans le monde rural et le développement du concept de l'école communautaire. La rentrée scolaire 2008-09 a marqué le début de ce chantier titanesque. Et les résistances à ce projet ne se sont pas fait attendre, les syndicats du secteur critiquent ce plan. Un bras de fer en perspective pour 2009. Protéger le «Maroc vulnérable» Mendiants, handicapés, personnes âgées, petites bonnes ou pauvres tout court font partie de la population vulnérable. Le ministère du Développement social, de la ffamille et de la solidarité consacre des programmes et des plans à chacune des ces franges de la population. Le département de Nouzha Skalli pilote une stratégie de lutte contre la mendicité. En 2008, le Maroc a ratifié la convention sur les droits des personnes handicapées. Pour la prochaine année, deux stratégies seront dévoilées, celle concernant l'intégration des personnes handicapées ainsi que celle ciblant les personnes âgées. Le mal des petites bonnes, lui, continue à ronger notre société et ce malgré le lancement d'une stratégie dans ce sens intitulée «INQAD». Une deuxième campagne de lutte contre le travail domestique est en cours. L'objectif de ces efforts : un Maroc sans petites bonnes d'ici 2010. (Re)construire le «Maroc fragile» Les pluies de l'automne dernier n'ont pas fait que des heureux, les intempéries ont aussi causé beaucoup de dégâts. Au moins 41 morts déclarés et des dégâts matériels importants constatés au Nord et à l'Est du pays. Le gouvernement estime les pertes des éleveurs à 15.000 têtes. Les paysans qui ont perdu leur bétail seront dédommagés. Mais la reconstruction peine à démarrer. Aux dernières nouvelles, les régions d'Errachidia en passant par Nador, Figuig, Taourirt, Boulemane et Khénifra subissent les effets de la pluie et du froid. Peine de mort. L'expectative Si le Maroc abolit la peine de mort, il gagnera de nombreux points dans le concert des nations. Pour ce faire, le Royaume doit ratifier le 2e protocole facultatif du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Ainsi le Maroc sera le second pays arabe (après Djibouti) à faire partie du camp des abolitionnistes. Pourtant, les indicateurs laissaient croire à une décision dans ce sens. Surtout qu'en 2004, le ministère de la Justice a organisé un colloque sur la politique pénale. On disait d'ailleurs que feu Mohammed Bouzoubaâ était pour l'abolition. En 2009, le Maroc franchira-t-il le pas? En cas de réponse positive, ce sera un soulagement pour les 133 résidents du couloir de la mort. Le «Maroc profond» revendique Les habitants du Maroc profond ont fait entendre leur voix cette année et à chacun sa revendication sociale. ? Tata, ce sont les soins de santé. ? Sidi Ifni, c'est le travail. ? Zagora et Ben Smin, c'est l'accès à l'eau. ? Boulmane, c'est le bois pour se réchauffer contre le froid. à Tounfit, c'est la route... Et la liste de villes inconnues, où la population est sortie dans la rue pour demander l'amélioration de ses conditions de vie, est longue. Avortement. place au débat Quelque 600 interruptions de grossesses clandestines se pratiquent chaque jour au Maroc selon une étude menée par l'Association marocaine de planification familiale (AMPF), la même étude démontre qu'une femme marocaine sur trois aurait avorté au moins une fois. Selon l'Organisation mondiale de la santé, 13% des cas de mortalité maternelle sont liés à l'avortement. L'avortement est un tabou social, un péché capital et un crime au regard du Code pénal. Et puis vint la sortie médiatique du Pr Chafik Chraïbi, du CHU de Rabat qui crée l'Association marocaine de lutte contre l'avortement clandestin. Son président explique : «Je ne veux pas libéraliser l'avortement, mais le légaliser sous certaines indications, comme les malformations ftales, les victimes de viol et d'inceste, les mineures, les personnes souffrant de pathologies psychiatriques, les femmes âgées de plus de 45 ans mais aussi certaines situations sociales, notamment un couple en instance de divorce, une famille avec des moyens financiers limités, un couple avec un nombre d'enfants désirés».