L'ex-ministre de la justice Aminata Touré, 50 ans, est nommée premier Ministre du Sénégal ce dimanche. Le Président Macky Sall, a remercié sans explication le gouvernement conduit par le technocrate Abdoul Mbaye depuis 17 mois. Mimi, comme la surnomme les sénégalais, est la deuxième femme chef de gouvernement de l'histoire du Sénégal, après Madior Boye, Premier Ministre de mars 2001 à novembre 2002. Après avoir annoncé elle-même sa nomination, Aminata Touré s'est engagée à accélérer la course « pour le développement et l'amélioration des conditions d'existence » des sénégalais. Une mission bien difficile dans « un contexte international marqué par la crise ». Mais « le Sénégal a les atouts, les hommes et les femmes pour les relever dans la dignité, dans le travail surtout, et dans l'abnégation », a-t-elle affirmé. Une justicière à la tête de l'exécutif Membre du parti présidentiel, l'Alliance pour la République (APR), et proche du Président Macky Sall, Aminata Touré est diplômé au Sénégal, en France et aux Etats Unis, en économie et en gestion. Elle était ministre de la justice dans le gouvernement sortant, et a notamment menée la campagne « traque des biens mal acquis ». C'est ainsi que Karim Wade, fils, ex-conseiller et ex-ministre de l'ex-Président Abdoulaye Wade, a été inculpé par une juridiction spéciale et est incarcéré depuis le 15 avril à Dakar pour enrichissement illicite présumé. Dans le même cadre, plusieurs responsables du parti de Abdoulaye Wade ou de son régime – dont l'ex-mari de Aminata Touré, l'ancien ministre Oumar Sarr – ont aussi été entendus par la gendarmerie ou la justice, tandis que plusieurs « opérateurs économiques » soupçonnés de malversations ont préféré « faire des transactions avec l'Etat », en remboursant des fonds publics, pour éviter des poursuites. Dans un registre africain, Aminata a milité pour que les chefs d'Etat africains, qui doivent l'être, soient jugés en Afrique. L'affaire Hissène Habré, ex-président tchadien (1982-1990) accusé de crimes contre l'humanité, et réfugié au Sénégal depuis 1990, a été arrêté et incarcéré. Dakar et l'Union africaine (UA) ont en effet signé en décembre 2012, un accord pour la création au Sénégal d'un tribunal spécial en vue de le juger.