Qu'est-ce qui explique le recours à cette méthode sans se référer à d'autres plus courantes comme l'actualisation des cash flows ? «La méthode d'évaluation mentionnée est adaptée à l'évaluation de sociétés mono-activité. Les méthodes universellement admises pour évaluer les holdings diversifiées cotées en bourse sont le cours de la bourse et la méthode de l'Actif net réévalué qui consiste à prendre en compte la valeur de marché des différents actifs composant le portefeuille»,explique d'emblée Aymane Taud, DGA de la SNI. Toujours par rapport aux prix proposés, les valeurs annoncées pour le rachat de titre ne correspondent pas exactement aux différentes évaluations réalisées, qui donnent un prix unitaire du titre SNI de l'ordre de 1.700 à 1.800 DH. Le prix de 1.900 DH fixé pour cette valeur est-il un simple arrondi ou ressort-il d'une évaluation particulière ? «Les prix d'offre de 1.900 DH pour SNI et 1.650 DH pour ONA ont été déterminés sur la base de l'évaluation faite par la banque Lazard puis confrontés à l'opinion de l'expert indépendant Leonardo & Co». Comme cela est détaillé dans les notes d'information publiées, l'évaluation de la banque Lazard aboutit à une valeur de 1.788 DH/action pour SNI et 1.603 DH/action pour ONA. «Les offres ont été positionnées à un niveau supérieur pour offrir aux actionnaires une prime confortable», explique notre source. «Banca Leonardo est intervenue comme évaluateur indépendant choisi avec l'approbation du CDVM et a été chargée de se prononcer sur le caractère équitable des offres. Le conseiller comme l'expert indépendant ont basé leur évaluation de SNI et de ONA sur les méthodes universellement admises pour l'évaluation des holdings cotées, à savoir le cours de la bourse et l'actif net réévalué», précise Taud. Les vendeurs ont le droit d'apporter leurs titres dans le cadre de cette offre à n'importe quelle banque ou société de bourse. Le top management des holdings royales a ratissé large, compte tenu du nombre important de titres potentiels à apporter (4 millions d'actions pour la SNI). Les acheteurs pour leur part, ont mandaté trois opérateurs du marché pour reprendre les titres pour leur compte. Il s'agit d'Attijari Intermédiation, CDG Capital Bourse et Crédit du Maroc Capital. La grande question qui se pose actuellement est d'estimer la fourchette des actions qui seront apportées dans le cadre de l'offre. Le top management des deux holdings est certainement en contact avec les opérateurs du marché pour avoir un chiffre estimatif à la veille de l'opération. «D'après nos estimations, 60% à 80% des actions devraient être apportées aux offres», avance Taud. Sur la base de ces estimations, si l'on fait un simple calcul en se référant au nombre global de titres et au prix proposé pour l'acquisition, on se retrouve avec un total estimatif des fonds à apporter pour l'opération qui varie entre 13,2 milliards de DH (60% des titres apportés) et 17,6 milliards de DH (80% des titres apportés). Ces prévisions sont logiques compte tenu du montant maximum de 22 milliards de DH de l'opération que Taud a annoncé auparavant. Mais il faudra attendre la fin de la période de l'offre pour informer sur l'apport exact de titres et le montant à débourser pour le rachat auprès des actionnaires minoritaires. Avec un endettement de 8,8 milliards de DH rien que pour la SNI, il y a lieu de se poser la question encore une fois sur la capacité financière des deux holdings à gérer des dépenses potentiellement colossales. «Les fonds propres de la nouvelle entité vont dépasser les 30 milliards de dirhams et la valeur brute de son portefeuille dépassera les 60 milliards de dirhams. Le cash-flow annuel généré approchera les 3 milliards de dirhams. Aussi, la dette nécessaire pour financer l'opération sera-t-elle largement supportable», explique Taud. Pour lui les challenges liés à l'opération de la fusion ne se trouvent pas au niveau de l'OPR. «Les challenges ne résident pas dans les offres publiques elles-mêmes ni dans l'opération de fusion, mais dans le repositionnement stratégique de l'ensemble SNI/ONA et la mutation de sa vocation vers un holding d'investissement n'assumant pas la gestion opérationnelle», note-t-il. «Réussir cette mutation d'un groupe multi-métier gérant ses filiales vers un holding exerçant un seul métier, celui d'actionnaire professionnel, actif indirectement à travers les organes de gouvernance de ses participations, qui constitue le véritable challenge pour le nouvel ensemble», poursuit le DGA de la SNI. Des déclarations qui confirment l'extrême délicatesse de l'opération. Le calendrier définitif de l'opération est désormais connu. L'annonce des résultats de l'OPR est prévue pour le 12 juillet prochain. La radiation définitive des actions ONA et SNI est prévue pour le 19 août prochain.