La loi sur l'état d'urgence en vigueur depuis 27 ans en Egypte a été prorogée d'un an du fait que la législation antiterroriste qui doit remplacer la loi d'état d'urgence n'est pas encore été présentée au Parlement. La loi sur l'état d'urgence, ou loi martiale pour les opposants, a été imposée en 1981 par le président Hosni Moubarak après l'assassinat du président Anwar Sadat. La semaine dernière, le Conseil national des droits de l'Homme soutenu par l'Etat, a déclaré que le renouvellement de la loi sur l'état d'urgence n'était pas nécessaire. L'état d'urgence, en vigueur depuis 1981, autorise des gardes à vue sans limitation de durée et d'autres mesures utilisées pour faire taire l'opposition, dénoncent les défenseurs des droits de l'homme.Quelque 200 manifestants, dont l'ancien candidat à la présidentielle Ayman Nour, l'ensemble du groupe parlementaire des Frères musulmans et des dirigeants syndicaux, se sont rassemblés devant le Parlement pour protester contre le projet gouvernemental, encerclés par plusieurs centaines de policiers en tenue anti-émeute. Le gouvernement a obtenu l'extension de l'état d'urgence jusqu'au 31 mai 2012, ce qui couvre une période pendant laquelle auront lieu les élections présidentielle et législatives. On ignore si Moubarak, âgé de 82 ans et a subi une intervention chirurgicale, briguera un nouveau mandat de six ans. On ignore encore si le président Hosni Moubarak, qui est âgé de 82 ans et a subi en mars une intervention chirurgicale, briguera un nouveau mandat de six ans. Beaucoup d'Egyptiens sont persuadés que, dans le cas contraire, son fils Gamal, 46 ans, se présentera. La levée de l'état d'urgence est l'une des revendications récurrentes des manifestations que l'opposition organise régulièrement depuis un mois au Caire. De faible ampleur selon les critères internationaux, ces rassemblements n'en sont pas moins inhabituels en Egypte, où les forces de sécurité répriment promptement toute velléité dissidente. Début 2010, l'organisation de défense des droits de l'Homme, Human Rights Watch a appelé le Caire à abroger cette «loi d'urgence draconienne» qui contribue à «l'image d'Etat policier qu'a l'Egypte à l'étranger». Le maintien de l'état d'urgence a également été au centre des critiques durant l'examen en février de la situation en Egypte par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU. Le gouvernement explique qu'il faut prolonger l'état d'urgence en raison de la persistance de graves menaces à la sécurité nationale et assure que la loi ne s'appliquera qu'à la lutte contre le terrorisme et le trafic de drogue. «La loi ne sera pas utilisée pour réduire les libertés ou violer des droits si ces deux menaces ne sont présentes», a dit le Premier ministre Ahmed Nazif avant le vote. Le ministre d'Etat pour les Affaires juridiques, Moufid Shehab, a insisté lors d'une conférence de presse sur le fait que cette prorogation n'était pas liée au calendrier électoral, et n'avait pas d'objectif politique. «La loi d'urgence ne s'applique en aucun cas aux élections», a-t-il assuré. Il a ajouté que le texte excluait désormais l'usage des dispositions de l'état d'urgence à des fins de surveillance des moyens de communication, de censure et de fermeture des médias, ou encore pour confisquer des biens ou ordonner des évacuations. L'opposant le plus en vue, l'ancien chef de l'agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Mohamed ElBaradei, fait depuis des mois de cette loi une de ses cibles privilégiées. «Il n'y a pas de vrais changements à cette loi, qui n'a toujours servi qu'à contrôler ceux qui ont une opinion politique», a réagi un ancien magistrat, Mahmoud Khoudary. Ce n'est pas la première fois que le gouvernement évoque des amendements pour justifier la prorogation de cette loi. Hillary Clinton, secrétaire d'Etat américaine, a déclaré que «la prolongation de cette mesure exceptionnelle ignore de nombreuses voix égyptiennes qui ont demandé sa cessation».