Il y a toujours un intérêt particulier dans la programmation des films documentaires, comme si porté par la matière de la vie en temps réel, ce genre parvenait tout de même à se dépasser pour nous surprendre. Une production qui n'est plus aujourd'hui, réduite comme peau de chagrin, et qui affiche de plus, un élan et une vitalité accrus. Les jeunes auteurs de la rive sud, triturent, transforment, bousculent les nouvelles lignes narratives. Certains d'entre eux se perdent parfois en chemin, d'autres révélant une vraie maîtrise pour leur sujet : exploration, expérimentation, bref, une émulation saine s'en fait finalement sentir. Témoin, le Panorama sud méditerranéen au festival du film documentaire Millénium, qui se tient depuis le 31 mai jusqu'au 9 juin prochain. Au programme de cette sélection, une production égyptienne, « World of Witness », réalisée par Mai Iskander. Son documentaire met en scène le destin de Heba, 22 ans, journaliste qui défie les normes culturelles et les attentes familiales en parcourant les rues afin de nous informer des contours d'une Egypte bouleversée. Côté dérision et gravité, le réalisateur Mahdi Fleifel, y présente « A World not Ours », récompensé par le grand prix Nouzha Drissi au 5e Festival International du Film Documentaire d'Agadir. Le cinéaste a en effet, grandi à Ain Al-Hilweh, un camp de réfugiés palestiniens au Sud-Liban. Il y retourne sur les traces de son enfance pour tourner un film. Il y est surtout accueilli avec une profonde sincérité et une simplicité de chaque instant. Sa famille, ses amis, les conflits quotidiens ainsi que l'histoire d'Abu Eyad, un ami d'enfance, sont évoqués avec délicatesse et humour. Ce film documentaire, au cours duquel, on rit franchement aux éclats, grâce à la force et à la particularité des personnages, est une coproduction entre le Liban, le Danemark et le Royaume-Uni. Il a été de plus, développé au sein du projet de formation DocMed financé par Euromed Audiovisuel. Il laisse un goût d'espoir pour les enfants des réfugiés palestiniens de 1948. Quant au Tunisien Sami Tlili, il remonte aux sources de la révolution tunisienne, avec « audit sois le phosphate », au plus fort d'un sit-in organisé par un groupe de jeunes chômeurs à Redeyef, et qui donna lieu à six mois de dissidence civile. Les premiers parfums d'un printemps, diront peut-être certains. Hinde Boujemaa, tunisienne également, sera présente dans la même lignée, avec « C'était mieux demain », son film ou l'histoire de la vie d'Aida, qui bascule en même temps que la Tunisie du 14 janvier, événement porteur d'espoir. Le film poursuit un parcours atypique de femme effrontée et rejetée, dans cet intense moment qu'est la révolution d'un pays. Avec ses bouleversements, ses questionnements, ses vives émotions. Le Maroc sous les couleurs de « Camera woman » La présence marocaine est représentée par « La femme à la caméra » de la Marocaine Karima Zoubir, un film couronné par le prix des Droits de l'Homme lors du 5e Festival International du film documentaire d'Agadir. Réalisé dans le cadre du programme Access 2012 d'Euromed Audiovisuel, il suit Khadija, une jeune marocaine divorcée qui est fermement décidée à travailler comme camerawoman lors de mariages, malgré les réticences de sa famille. Autre jalon, le film «On the Way to School», signé par le réalisateur Orhan Eskikoy raconte l'histoire d'un professeur turc qui est chargé d'enseigner le turc à des enfants kurdes. Ne parlant pas la même langue, ils vont affronter d'importants problèmes de communication. Le film a été notamment développé au sein du projet de formation Greenhouse financé par Euromed Audiovisuel II en 2009. Un film qui ravive l'Histoire et les mémoires. Enfin, le festival Millenium n'a pas dit son dernier mot, puisqu'il chapeautera, également la deuxième édition des « Web-doc Meetings », un atelier consacrés aux nouvelles formes d'écriture destinées au web. A la suite d'un appel à candidatures, cinq auteurs présenteront leur projet de web documentaire lors d'une séance publique de pitching, le 2 juin 2013. Ils y recevront les avis et les conseils de créateurs, de producteurs et de distributeurs. Pour le moment, deux projets, issus du programme Dia Sud Med financé par Euromed Audiovisuel, ont été retenus dans ce panorama. Avis aux habités, aux amateurs, aux passionnés…