Hier après-midi, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a été accueilli par le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane. Le ministre des Affaires étrangères, Saad Dine El Otmani, s'est entretenu avec son homologue turc, Ahmet Davutoglu. Il s'agit de la seconde visite officielle d'Erdogan au royaume. Le Premier ministre turc avait effectué une première visite au Maroc en 2005. Parallèlement aux rencontres diplomatiques, un forum économique a réuni des hommes d'affaires marocains avec une délégation de quelque 300 hommes d'affaires turcs hier à Rabat. Depuis l'entrée en vigueur en 2006 de l'accord de libre-échange ente Ankara et Rabat, le commerce entre les deux pays aurait doublé, atteignant 1,3 milliard de dollars (quelque 9 milliards de DH) en 2011. La visite du Premier ministre turc s'inscrit dans le cadre d'une tournée maghrébine. Il est attendu aujourd'hui à Alger, avant de se rendre jeudi à Tunis. Des forums d'affaires, tels que celui organisé hier à Rabat, sont prévus en Algérie comme en Tunisie. La tournée maghrébine du chef de l'Exécutif turc a pour objectif premier le renforcement de la coopération économique avec les pays du Maghreb. Plusieurs accords de partenariat seront officialisés au cours de cette tournée. Le Premier ministre turc devrait rencontrer aujourd'hui à Alger son homologue algérien, Abdelmalek Sellal. La délégation turque se rendra demain à Oran pour inaugurer le complexe sidérurgique Tosyali, le plus important investissement turc à l'étranger. Il s'agit de la troisième visite d'Erdogan en Algérie depuis son arrivée au pouvoir en 2002. La tournée du Premier ministre turc se déroule dans un contexte de contestation populaire. La Turquie est secouée depuis quelques jours par un mouvement de contestation, déclenché par le refus de la destruction du parc Gezi près de la symbolique place Taksim, à Istanbul, et la construction d'un centre commercial. Suite à la répression brutale des forces de l'ordre, la contestation s'est amplifiée, se transformant en mouvement anti-AKP. Il s'agit du plus important mouvement de contestation du gouvernement turc depuis l'arrivée de l'AKP au pouvoir en 2002. Alors que le Premier ministre turc atterrissait à Rabat, la presse turque annonçait un premier décès parmi les manifestants. Il s'agit de Mehmet Ayvalıta, un jeune de 20 ans, membre de la Plateforme de Solidarité Socialiste (SODAP), selon le quotidien Hurriyet, qui cite le syndicat des médecins turcs (TTB). Il serait décédé suite à un accident de voiture lors d'une manifestation dans la municipalité d'Umraniye, dans la partie asiatique de la ville. «Une voiture a foncé dans la foule, malgré les avertissements», selon un communiqué du syndicat appelant le gouvernement à «retirer toutes les forces de police et à libérer toutes les personnes détenues». Plus de 1 480 personnes auraient été blessées à Istanbul, selon le TTB, dont cinq personnes en soins intensifs et deux dans une situation critique. Ailleurs, des manifestations de solidarité auraient également fait des blessés : 414 à Ankara et 420 à Izmir, selon les syndicats des médecins. Avant son départ pour Rabat, le Premier ministre turc a annoncé, lors d'une conférence de presse, que les services secrets turcs étudiaient de«possibles liens entre les incidents de la place Taksim et les forces étrangères». Lors de cette conférence de presse, Recep Tayyip Erdogan a appelé «ceux qui conseillent la modération à la Turquie, d'agir en exemple», faisant référence aux réactions internationales. Dimanche, le chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, a exprimé sa «vive inquiétude au sujet de la violence qui a éclaté à Istanbul et dans d'autres villes de Turquie», et a «regretté l'usage disproportionné de la force par la police turque». Elle a appelé à un «dialogue ouvert pour trouver une solution pacifique». Les derniers événements en Turquie n'auraient pourtant aucun impact sur les négociations avec l'union européenne. «Cela n'a pas d'effet sur les discussions», a indiqué le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert.