Le président du groupe socialiste, Ahmed Zaidi, désigné à l'occasion porte-parole des groupes de l'opposition a adressé au Chef du gouvernement, lors d'un point d'ordre en début de séance, les raisons de la « non-participation » de l'opposition à cette séance. « Notre réserve quant aux travaux de cette séance n'est pas nouvelle. La nouveauté est notre décision de ne pas y participer », a-t-il déclaré. Selon Ahmed Zaidi, l'opposition avait émis des réserves depuis la première séance du genre, il y a plus d'un an, mais a tout de même participé à ces séances bien qu'elle ne soit pas à son « avantage ». Un préjudice principalement lié, selon Zaidi, à la répartition du temps de parole lors de la séance mensuelle. Un tiers du temps de parole est accordé aux groupes de la majorité, un autre tiers aux groupes de l'opposition, et enfin un tiers du temps de parole au chef du gouvernement en plus de 10 minutes additionnelles. Seuls les présidents des groupes de l'opposition étaient présents en début de séances. Ahmed Zaidi, Rachid Talbi El Alami (RNI), Abdellatif Ouahbi (PAM) et Chaoui Belassal (UC) ont quitté l'hémicycle par la suite. Un nouveau règlement intérieur de la Chambre des représentants est en cours d'élaboration et devrait être finalisé dans les semaines à venir. Les modalités d'organisation de la séance mensuelle d'interpellation du Chef du gouvernement est l'un des principaux points de discorde entre la majorité et l'opposition parlementaire. Pour le chef du groupe parlementaire socialiste, la répartition de temps de parole n'est pas anodine puisqu'il s'agit également d'une question de visibilité médiatique. S'adressant vendredi au chef de l'exécutif, Ahmed Zaidi a déclaré que « l'opposition paraît faible et faillant à son devoir parce qu'elle a un temps de parole limité ». Autre point de discorde, la tenue d'une séance annuelle telle que stipulé par l'article 101 de la Constitution : « Le Chef du gouvernement présente devant le Parlement un bilan d'étape de l'action gouvernementale, à son initiative ou à la demande du tiers des membres de la Chambre des représentants ou de la majorité des membres de la Chambre des Conseillers. Une séance annuelle est réservée par le Parlement à la discussion et à l'évaluation des politiques publiques ». À ce jour, aucune séance d'évaluation des politiques publiques n'a été tenue. En l'absence des groupes de l'opposition, le chef du gouvernement a répondu vendredi uniquement aux questions de la majorité. La question posée par les groupes de la majorité concernait les retombées des coupes budgétaires de 15 milliards DH d'investissement sur le monde rural. La question des coupes budgétaires avait déjà été traitée lors de la séance hebdomadaire de questions orales du 15 avril et à laquelle avait répondu le ministre de l'Economie et des finances, Nizar Baraka. Ce dernier s'était également réuni avec les commissions des Finances dans les deux Chambres il y a quelques semaines. Mais pour Abdelilah Benkirane, l'annonce de cette coupe budgétaire relèverait avant tout d'un désir de transparence. Le Chef du gouvernement a déclaré qu'il « aurait été facile de réduire cette somme des investissements sans en informer le public, en se mettant d'accord avec les ministres pour ne pas dépenser cette part du budget et de la reporter à l'année suivante », ajoutant qu' « un ancien ministre m'a demandé pourquoi nous n'avions pas adopté cette démarche en me disant que c'était tout à fait normal avant ».