Pour la première fois dans l'histoire du pays, le gouvernement civil pakistanais arrive au terme de son mandat de cinq ans avec succès. Nawaz Sharif, candidat de la Ligue Musulmane (PML-N), est le favori des élections législatives du 11 mai et sera probablement élu premier ministre du Pakistan. Un mandat gouvernemental de cinq ans qui touche à sa fin avec succès et le bon déroulement des élections constituent des événements majeurs pour le Pakistan, qui a été soumis à la loi martiale durant 40 de ses 66 années d'indépendance. Etant donnée l'inconstance de la démocratie pakistanaise, nul ne pouvait assurer, la veille des élections, qu'elles allaient bel et bien avoir lieu : cette période a été marquée par une détérioration de l'ordre et un non-respect de la loi, avec, notamment, l'assassinat de deux candidats. Toutefois, le Président, la Commission électorale et la Cour suprême, ont annoncé de manière catégorique que les élections allaient avoir lieu comme prévu. Le chef de la Cour suprême, Iftkhar Muhammad Chaudry, a déclaré le 14 janvier de cette année que « les élections allaient se dérouler comme prévu, indépendamment des événements ». Les élections ont eu lieu comme annoncé Malgré les menaces du Mouvement Taliban du Pakistan (Therik-e Taliban Pakistan – TTP) et d'autres groupes qui ont tenté d'intimider les citoyens afin qu'ils restent aussi éloignés que possible des scrutins de vote, le peuple pakistanais a montré qu'il ne se laissait facilement apeurer. En effet, en dépit des menaces et de la chaleur incommode du 11 mai, le grand nombre d'électeurs a prouvé la volonté des Pakistanais d'exercer leur pouvoir politique à travers le droit de vote, dans l'espoir de transformer l'avenir de leur pays. Le 6 mai, lors d'un télé journal sur la chaîne pakistanaise Dawn News, Asma Shirazi, la présentatrice principale du pays, a annoncé que les citoyens se rendaient à des rassemblements à travers le pays en dépit du nombre d'attaques en lien avec les élections. Hamid Mir, un journaliste politique affirmé dont l'émission politique Capital Talk connaît un grand succès, partage le sentiment de Mme Shirazi. Il s'est rendu à Larkana, dans la province de Sindh, qui est le cœur du Parti du Peuple Pakistanais (PPP) et a demandé aux habitants s'ils avaient peur de se rendre au local de vote. Tous ceux à qui il a posé la question ont répondu par la négative. Tenant compte de l'importance de la ville, maison du fondateur du PPP et ancien premier ministre Zulfiqar Bhutto et de sa fille Benazir Bhutto, le gouvernement a déployé des soldats à quasiment tous les points d'entrée de la ville. M. Mir s'est entretenu avec certaines personnes dans son émission: « Nous le savons, mais nous n'avons pas peur », a annoncé un des chefs de campagne du PPP. Le sentiment de ce dernier a rapidement été soutenu par ceux qui se trouvaient près de lui. « Si ces terroristes ont l'intention de nous détruire, alors nous avons le droit de leur prouver qu'ils ont tort », a affirmé un autre membre de la campagne pour la Ligue musulmane fonctionnelle, un parti du centre établi dans la province de Sindh. Les Pakistanais, vacillant face aux interruptions de pouvoir, à la détérioration de la loi et aux troubles de l'ordre, au terrorisme et à la pauvreté économique, ont patiemment attendu ces élections. Ils veulent voir avancer le projet national de démocratie et développement. Le programme prévoit, en plus de traiter les questions économiques, de se consacrer au rétablissement de la paix et de la stabilité dans les provinces du nord du Pakistan, ainsi qu'au respect de la loi et de l'ordre dans des lieux tels que Karachi. Nombreux sont ceux qui estiment qu'à la fin de son mandat, le PPP n'a pas été en mesure de créer un consensus suffisamment fort ni une stratégie nationale unifiée, capables de contrer le terrorisme au Pakistan. Cette insatisfaction apparaît dans l'accord passé cette année entre les partis politiques, afin de créer une « stratégie nationale unifiée ». Son objectif, traiter de la violence terroriste qui a coûté la vie à près de 40 000 personnes depuis 2001. Les autres points importants de ces élections ont été l'énergie et la situation générale de la loi et de l'ordre, mais la véritable épreuve de la nouvelle Assemblée consistera à savoir si elle réussit à unir la nation et son gouvernement politique autour d'une stratégie pour contrer la violence et le terrorisme après les élections. Dans l'attente, les longues files d'électeurs du 11 mai ont transmis un message fort – malgré la violence, le peuple pakistanais soutient la démocratie, encore et encore. Mubashir Akram est spécialiste en communication. Il est le directeur de PINFO Communication & Research à Islamabad.