L'enseignement musical au Maroc aura sa réforme. C'est une promesse du ministère de la Culture qui a organisé une journée d'étude le 7 mai dernier à Rabat. Sur la liste des revendications figure l'exigence de mettre fin au système des vacations.
Une réforme de l'enseignement musical au Maroc est en cours de préparation. Pour en discuter, le ministère de la Culture a organisé un séminaire le vendredi 7 mai à Rabat. Une date qui coïncide avec la célébration de la Journée nationale de la musique. Plusieurs experts musicologues ont pris part à cette conférence qui a donné lieu à une série de recommandations. Selon Fouad Chaari, le chef du service de la musique au département de Benssalem Himmich, trois commissions de travail ont été constituées. La première s'est chargée des programmes scolaires, la seconde de la qualification pédagogique et une dernière commission des ressources humaines. « L'idée consiste à instaurer un dialogue avec les directeurs des conservatoires de musique, pour connaître de près les problèmes dont souffrent ces institutions » souligne Fouad Chaari. Dans des propos au Soir échos, ce responsable précise que c'est la première fois qu'on peut parler véritablement de réforme de l'enseignement musical. Cependant ce n'est pas la première fois que des rencontres de ce genre sont programmées avec le même motif, connaître la pléthore de problèmes dans l'enseignement spécialisé au sein des conservatoires. Un des intervenants à ce séminaire souhaitant garder l'anonymat fait part de son inquiétude quant à l'application de ces recommandations. « Depuis 1997, les journées d'études pour établir une réforme de l'enseignement musical se succèdent, la dernière a eu lieu sous le mandat de Mohammed Achaari, une commission a travaillé pendant un an et demi sur ces recommandations, mais malheureusement elles sont restées lettre morte ». « Ce n'est pas normal que jusqu'à présent, les élèves apprennent dans des livres faits par des Français, nous avons des Marocains compétents qui peuvent réaliser ces ouvrages », Younes Chami, président de la commission de la qualification pédagogique . Younes Chami, le président de la commission de la qualification pédagogique, l'ancien directeur du conservatoire de musique de Rabat témoigne que depuis les années 50, les enseignants se plaignent de leur situation qui est d'après lui désastreuse. «Parmi les recommandations de cette journée d'étude est de diminuer au minimum, le nombre de vacataires dans les conservatoires, il faut des postes budgétaires, les professeurs ne peuvent pas continuer à être payés à l'heure», souligne Younes Chami qui précise que tous les enseignants dans les conservatoires doivent être permanents pour qu'ils puissent bénéficier de la retraite et de la couverture maladie. « Depuis les années 50, les enseignants souffrent des mêmes problèmes, ils ne bénéficient d'aucun avantage social ». Autre recommandation ,c'est l'exigence de privilégier dans les recrutements, les enseignants qui détiennent le prix d'honneur (10 ans) à la place de ceux qui sont diplômés du 1er prix l'équivalent d'une formation de huit ans. « Il faudrait privilégier ceux qui ont plus de compétences et au cas où on ne trouve pas ceux qui n'ont pas le prix d'honneur, à ce moment-là on peut recruter les autres » précise Younes Chami. Ce dernier a proposé également l'installation d'une cellule d'inspection chargée de contrôler les enseignants. « Pour ne pas choquer, on va les appeler encadrants pédagogiques,et ils auront comme mission de voir si ces enseignants dispensent bien leurs cours et s'ils sont habilités ou pas » souligne Younes Chami. Enfin, la même commission a exigé la marocanisation des éditions d'ouvrages de l'enseignement. «Ce n'est pas normal que jusqu'à présent, les élèves apprennent dans des livres faits par des Français, nous avons des Marocains compétents qui peuvent réaliser ces livres » déclarent Younes Chami avant de confier que le livre de l'enseignement de solfège dans les conservatoires est toujours le même. « J'ai étudié le solfège dans les années 50 grâce au livre de Jules Arnaud. Actuellement en 2010 ,c'est toujours le même livre. La preuve, mes petits- fils apprennent le solfège encore une fois avec Jules Arnaud, c'est aberrant ! ». Enseignants de conservatoire : Le tarif 42 DH de l'heure est le tarif réservé aux enseignants de musique dans les conservatoires au Maroc. Le ministère de la Culture a promis selon des sources ayant requis l'anonymat de porter cette somme à 56DH. Le maximum d'heures qu'un enseignant peut enregistrer, c'est 60 heures. « Mais les enseignants revendiquent au moins, dans un premier temps 85 DH l'heure, ce qui, à la fin du mois est l'équivalent de 2400 DH » déclare Younes Chami qui a dirigé le conservatoire de musique de Rabat pendant 20 ans.