Crée en 1993, le Festival international des cordes pincées en est aujourd'hui à sa 9ème édition. Son fondateur, Said Laghzaoui nous parle de l'expérience de ce festival et aussi de l'enseignement au conservatoire de musique de Rabat dont il est le directeur. Entretien ALM : Le Festival des cordes pincées en est aujourd'hui à sa 9èmeédition, quelle sera la spécificité de cette année ? Saïd Laghzaoui : Cette 9ème édition, qui aura lieu du 6 au 11 décembre, s'inscrit dans la continuité des précédentes. On dédie ce Festival comme son nom l'indique aux cordes pincées, c'est-à-dire à la guitare et au Luth. Mais cette année nous avons décidé de rendre un hommage particulier à la guitare. Comme les spectateurs pourront le constater à travers la programmation, les artistes prévus sont pour la plupart des guitaristes. Nous pouvons citer ici à titre d'exemple l'Allemand Friedman Wutke, l'Espagnol Quentin Dujardin, ou encore le Chilien Marcelo de la Puebla. En invitant des artistes étrangers nous avons souhaité créer une atmosphère d'échange musical. Les artistes marocains qui seront présents à cette édition, tels que Azzedine Montassir et Jalal Allouli pourront échanger leurs expériences et connaissances musicales avec d'autres artistes venus d'horizons différents. Depuis sa création en 1993, ce Festival a suscité l'intérêt du public marocain qui est connu pour être un bon amateur de la musique instrumentale. Vous êtes le fondateur du Festival des cordes pincées, mais vous êtes aussi, par la même occasion, directeur du conservatoire de musique et de danse. Comment se passe la formation au sein de cet établissement ? Le conservatoire de musique et de danse de Rabat existe depuis 1936. Cet établissement qui est sous la tutelle du ministère de la Culture, offre l'enseignement des sciences et des arts de la musique. Nous dispensons l'enseignement des sciences de la musique c'est-à-dire tout ce qui concerne les notes et les échelles musicales, et aussi l'art de la musique. Le conservatoire regroupe des élèves qui sont issus de 27 villes marocaines et de différentes régions du Maroc. Pour cette année 2004-2005, nous avons atteints un total de 1640 élèves. Ces derniers sont constitués à 90% d'élèves des écoles et des lycées publics ou des fonctionnaires. Les 10% restants sont des étudiants en plein temps. La majorité d'entre eux sont issus de milieux défavorisés et ont pour la plupart été expulsés de leur école. Mais, selon nos statistiques, ces étudiants sont ceux qui donnent assurément les meilleurs résultats. Le conservatoire de Rabat propose l'enseignement de 27 matières entre l'enseignement collectif et individuel en musiques arabes et classique universelle. Les études au conservatoire s'échelonnent sur trois cycles. Le premier dure 5 ans, le deuxième trois ans et le troisième deux ans. Au bout de ces années d'études, le diplôme «Prix d'honneur est remis aux lauréats». Nous proposons également, au sein de cet établissement, l'enseignement de la danse classique. Constatez-vous que l'enseignement musical suscite l'intérêt des citoyens marocains ou est-ce le contraire ? Je pense que les familles marocaines commencent à prendre conscience de l'éducation musicale en sachant que cet enseignement est important dans l'équilibre de l'éducation de leurs enfants. La musique permet de développer la psychomotricité et aussi le sens esthétique chez les enfants à travers l'écoute et la pratique. De plus en plus conscients de cet état de fait, les parents d'élèves encouragent davantage, leurs enfants à faire de la musique. Cependant, vu le succés de l'enseignement musical en général au Maroc, le conservatoire national de Rabat n'est malheureusement pas capable de satisfaire toutes les demandes qui affluent par milliers. Ceci est favorisé par l'opportunité qu'offre le conservatoire due notamment aux prix très accessible des frais d'inscriptions. Aussi, le diplôme du conservatoire est reconnu par l'Etat, ce qui le place parmi les institutions qui facilitent l'accès au marché du travail. Ces lauréats sont admis au CPR, ou à l'orchestre royal. Ces diplômés peuvent également travailler dans différentes formations musicales au Maroc Vous dirigez le conservatoire de musique de Rabat depuis mai 2001; quelle est votre vision aujourd'hui, pour un enseignement musical porteur de succès? Nous aimerions pouvoir organiser pour nos étudiants, une formation continue notamment par des stages encadrés par des professeurs venus de différents conservatoires de part le monde. Aussi, nous aimerions développer des échanges avec ces pays pour que les jeunes Marocains puissent se rapprocher des cultures de ce pays. Nous organisons au sein du conservatoire, des master-class en partenariat avec des ambassades et l'alliance française. Cependant, il faudrait arriver à aboutir à une implication de la ville et de la région pour profiter des conventions de jumelage. Des conventions dont la musique ne profite jamais. Aussi, nous souhaitons développer les échanges avec les conservatoires du monde arabe et à leur tête le conservatoire de Palestine.