« La lutte pour une constitution démocratique» était le thème du 10e congrès de l'AMDH. Quelle stratégie sera mise en place sous votre mandat afin de mener cette lutte ? L'AMDH n'a jamais cessé, depuis son 3e congrès en 1991, de réclamer la nécessité d'élaborer une nouvelle Constitution qui respecte et intègre les valeurs universelles des droits humains, garantit la séparation effective des pouvoirs et celle de la religion et de l'Etat. Mais la lutte pour l'adoption d'une telle Constitution exige des efforts concertés de toutes les forces vives au Maroc, et ce n'est pas à l'AMDH seule que revient la responsabilité d'accomplir cette tâche. Néanmoins, nous persisterons dans notre voie pour concrétiser cet objectif en dévoilant les lacunes et les incohérences de l'actuelle Constitution et son incapacité à protéger tous les droits et libertés dans leur universalité et leur globalité. L'AMDH vient de lancer le projet Freekoulchi. Quel est l'objectif de ce projet ? Comme on le sait, la création et le lancement du projet FreeKoulchi était le fruit d'une initiative de la section de l'AMDH à Paris et le résultat de son partenariat avec le site mamfakinch.com. L'objectif de ce projet consiste à fournir des données sur la situation des prisonniers politiques au Maroc, les procès inéquitables et les conditions catastrophiques de détentions, surtout après la campagne répressive qui s'est engagée contre les activistes du Mouvement du 20 février et des droits humains, et les étudiants de l'UNEM... Les données publiées sur le site proviennent des fiches de l'AMDH. Quel apport permettra, selon vous, leur publication en ligne ? Je crois que la publication de ses fiches représente une nouvelle forme de dénonciation des violations, dont sont victimes des activistes, toutes tendances confondues, qui s'opposent à la politique de l'Etat, et demandent la reconnaissance au peuple marocain du droit à la dignité, à la liberté et à la justice sociale. S'agit-il uniquement d'une création de base de données ? Comment cette base sera-t-elle utilisée ? à mon sens, il ne s'agit pas seulement d'une création de base de données, même que cela est l'un des objectifs du projet, puisqu'il va nous permettre, comme l'a indiqué le communiqué de la section de Paris, de faire connaître la situation des prisonniers politiques et à participer à leur libération ; en même temps qu'elle nous offre un outil pour le renforcement et la consolidation du respect des droits humains. D'après mes connaissances, les données que contient cette base seront disponibles pour tous ceux qui s'intéressent aux droits humains et œuvrent pour mettre fin à la détention politique au Maroc. L'AMDH poursuit son action aux côtés du Mouvement du 20 février, et a participé notamment au sit-in dimanche dernier. Où en est le mouvement aujourd'hui ? Quel avenir pour le 20 février, selon vous ? Le choix de l'AMDH de contribuer aux marches du Mouvement du 20 février s'inscrit dans le cadre de l'intersection qui existe entre les slogans et les exigences de ce mouvement et les nôtres. Pour moi, le Mouvement du 20 février est toujours présent, en tant que donnée principale et incontournable, dans le paysage politique marocain, grâce à son combat et à la résistance de ses détenus et militants et au mouvement qui le soutient.