La conférence de presse, animée hier par l'AMDH, a été l'occasion pour l'association de dresser son rapport annuel à plusieurs volets. Sur la question des droits de l'Homme, l'AMDH brosse un tableau plutôt accablant. L'Association marocaine des droits humains (AMDH) vient de publier une série de rapports. Le premier concerne la situation des droits humains au Maroc au cours de l'année 2010, tandis que les autres examinent la campagne référendaire et «les violations des droits humains» contre les activistes du 20 février. Concernant la situation des droits humains en 2010, l'association tire sans surprise un bilan négatif. De nombreux cas de violations de droits humains ont été recensés, englobant tous les domaines : droits civils et politiques, droits économiques, sociaux et culturels, droits de la femme et de l'enfant, droits des immigrés, ainsi que le droit à un environnement sain. Les nombreuses manifestations organisées par les jeunes du 20 février ont, pour quelques unes au moins, été émaillées de «violations des droits à manifester pacifiquement». Outre les nombreux cas de torture, dont les auteurs, déplore l'AMDH, ne sont pas poursuivis et ne répondent généralement pas à leurs actes, l'association dresse pas moins de 9 cas de détention politique, dont les plus notoires demeurent les détenus du dossier «Bellirej» et le groupe de détenus du démantèlement du camp de Gdim Izik. A l'instar du rapport du CMDH, dont un article a été publié la semaine dernière dans les colonnes du Soir échos, l'association présidée par Khadija Riyadi met à son tour en lumière l'état catastrophique de nos prisons, dont les premières victimes restent les prisonniers eux-mêmes. L'association rappelle que la quasi-totalité des médias et des organisations des droits de l'Homme sont interdites d'accès aux institutions pénitentiaires. Des médias qui, selon le rapport, continuent toujours de souffrir de restrictions majeures, alors que l'Etat continue de contrôler l'audiovisuel public, contrairement au devoir d'impartialité auquel il devrait s'en tenir. Une impartialité qui manquerait cruellement à la justice. « Des violations flagrantes du droit à un procès équitable » ont été recensées par l'organisation ; «sont particulièrement visés : les syndicalistes, les journalistes, et les militants droits-de-l'hommistes», peut-on lire dans le rapport. Compte tenu de l'ébullition sociale qu'a vécue le Maroc lors des six premiers mois de l'année en cours, l'AMDH a ajouté un rapport traita nt des violations des droits humains lors du premier semestre de 2011. Une série de violations a été enregistrée par l'association depuis le début de l'année en cours. « Printemps Marocain » oblige, les nombreuses manifestations organisées par les jeunes du 20 février ont, pour quelques-unes au moins, été émaillées de « violations des droits à manifester pacifiquement » ; on se souvient de la sanglante répression du 13 mars, et des autres qui se sont déroulées plus récemment. Pire, l'AMDH relève de nombreux cas d'enlèvement et de détention politique, dont l'arrestation de leur militant Seddik Kabbouri, président de la section de l'AMDH à Bouarfa, mais aussi de dizaines d'autres personnes dont de nombreux jeunes du Mouvement du 20 février. Ceux-ci n'ont pas été les seuls à être inquiétés par l'appareil de répression, les journalistes ont à leur tour été visés. Plus proche de nous, la campagne référendaire, qui a souffert de nombreuses violations, regrette l'association. La première des violations, déplore l'AMDH, a été enregistrée « à l'annonce officielle du référendum », lorsque le roi avait annoncé sa propre intention de vote, 2 jours avant le début officiel de la campagne. Plusieurs autres violations ont émaillé la campagne référendaire, la plus grave d'entre elles étant « la violation flagrante de l'obligation d'impartialité des autorités », précise le rapport. L'association regrette l'implication des agents de l'administration : moqaddems et autres, dans la campagne menée en faveur du « oui», de même que l'utilisation de biens publics affin d'appuyer le projet constitutionnel. Présente dans un certain nombre de bureaux de vote lors du scrutin, l'AMDH n'a pas manqué de relever plusieurs irrégularités, dont la plus grave était l'absence de bulletins négatifs dans quelques bureaux de vote.