« Sans enseignants, l'école n'est qu'un simple bâtiment ». Tel est le slogan de Semaine mondiale d'action sur l'éducation pour tous (21 au 27 avril). Organisée par la « Campagne mondiale pour l'éducation », un mouvement de la société civile, la Semaine bénéficie du soutien de l'UNESCO qui mobilise ses réseaux à travers le monde, y compris le Maroc, en vue de célébrer cet événement qui vise à promouvoir le droit à une éducation de qualité pour tous. Cette année, cette manifestation s'intéresse tout particulièrement au rôle fondamental que jouent les enseignants pour que soient atteints les objectifs dans le domaine de l'éducation. « Les enseignants constituent le catalyseur le plus influent et le plus puissant de l'équité, de l'accès à l'éducation et de la qualité de l'éducation. Nous n'atteindrons pas nos objectifs de l'Education pour tous sans les enseignants », martèle Irina Bokova, directrice générale de l'UNESCO. L'organisation onusienne de l'éducation veut à travers cette initiative démontrer le rôle important de l'enseignant dans la réussite du système éducatif d'où l'intérêt d'accorder la priorité à ce corps qui souffre de plusieurs maux. Conditions de travail , statut, salaire, sécurité, formation continue…sont les grandes priorités de l'UNESCO. Au Maroc, le système éducatif national vit une véritable crise. Syndicats, professionnels du secteur, société civile…dénoncent cette situation jugée de « catastrophique ». Echec des réformes Les réformes initiées n'ont pas réussies à améliorer la situation. « Le taux d'analphabétisme est très élevé notamment parmi les jeunes filles, l'abandon scolaire sévit toujours…cette situation a des conséquences désastreuses sur la société notamment les jeunes. Consommation de drogues, prostitution…et j'en passe », souligne Fatna Afid, secrétaire générale de l'Organisation démocratique de l'enseignement affiliée à l'ODT (Organisation démocratique du travail). Cette syndicaliste chevronnée pointe du doigt la politique adoptée en matière d'éducation. « Depuis l'indépendance du pays, des programmes ont été initiés pour améliorer la situation de l'enseignement. Chaque gouvernement met en place un nouveau programme. Au lieu de poursuivre le travail entamée par son prédécesseur, le nouveau gouvernement balaye d'un revers de la main tout ce qui a été réalisé pour recommencer à zéro une soit-disant nouvelle réforme. C'est insensé ! », s'indigne-t-elle. Le débat autour de cette problématique est toujours d'actualité. Recrudescence de la violence La situation est telle qu'un bras de fer oppose les syndicats au gouvernement pour trouver une solution rapide et efficace. « Il y a eu d'abord la Charte nationale de l'éducation et de la formation, qui est, avouons-le, un grand chantier. Il y a avait un consensus de toutes les forces du pays. Cependant, après quelques années, le gouvernement innove le programme d'urgence pour l'éducation et la formation. Ce qui a engendré une régression à plusieurs niveaux notamment des droits des enseignants », poursuit Mme Afid. Selon cette syndicaliste, la situation de l'enseignant n'est plus stable. Enseignant mobile, emploi contractuel…plusieurs acquis sociaux ont été bafoués, selon elle, qui remet sur le tapis la problématique de la sécurité des enseignants notamment des enseignantes dans les zones rurales et éloignées. « Il y a eu plusieurs agressions contre les enseignantes dans des zones rurales très éloignées. Cependant, legouvernement ne bouge pas le petit doigt pour changer la situation ou assurer la sécurité de ces fonctionnaires de l'Etat », s'indigne-t-elle. Les syndicats revendiquent également l'augmentation des salaires jugés « modiques » et l'amélioration du système de la promotion professionnelle. « Certains enseignants ayant 30 voire même 35 ans de travail n'ont pas bénéficié de promotion professionnelle. C'est aberrant ! ». La question de la formation continue des enseignants est également prioritaire pour les syndicats, qui réclament la généralisation du programme de formation. Le contrôle des établissements de l'enseignement privé, par souci de qualité est une autre paire de manches.