Une première ! Le prêche de la prière du vendredi dernier a été consacré à la liberté de conscience. Le choix de cette question délicate n'est pas fortuit. La polémique qui ne cesse d'enfler autour de la fatwa du Conseil supérieur des oulémas autour de l'apostasie, requérant la peine de mort contre tout musulman qui renonce à sa religion, en est pour quelque chose. Le message était on ne peut plus clair. Devant le roi Mohammed VI, qui a accompli sa prière à la mosquée Ohoud à Safi, l'imam entame son prêche par l'avis de l'islam sur la liberté d'une manière générale. « La liberté est une valeur intrinsèque de l'islam. Il l'a même hissée au rang de la vie », souligne l'imam de la mosquée Ohoud à Safi, avant de préciser que « l'islam garantit la liberté de religion, la liberté de conscience, la liberté d'opinion et d'expression ». « La liberté de conscience dans l'islam occupe une place majeure, poursuit l'imam qui rajoute qu'elle est même « la base de toutes les libertés dans la religion musulmane ». Mieux encore, dit-il, « l'islam ne se contente pas seulement d'admettre cette liberté mais rejette que toute contrainte soit pratiquée pour convertir à l'islam ». Il n'hésite pas à donner des preuves concrètes tout en se référant au Coran. « Nulle contrainte en religion ! Car le bon chemin s'est distingué de l'égarement » sourate al-Baqara ( La Vache), verset 256. Toutefois, l'imam a tenu à rappeler que la Commanderie des croyants, exercée par le roi, est l'unique autorité habilitée à réguler les conditions d'exercice de cette liberté. Le but étant d'éviter toute déviation ou acte susceptible de semer le trouble au sein de la Oumma. Les droits-de-l'hommistes sortent du bois Ce prêche est d'abord un rappel à l'ordre à l'adresse de toutes les parties qui ont émis des avis sur le sujet. Il intervient surtout pour rectifier le tir du Conseil supérieur des oulémas. La polémique a éclaté suite à un article publié par la presse arabophone dans lequel elle affirme que le Conseil supérieur des oulémas a émis une fatwa dans laquelle il recommande la peine de mort contre tout musulman qui change sa religion. Cet avis, écrit notre confrère arabophone Akhbar Al-Yaoum, vient en réponse à une demande de la Délégation ministérielle des droits de l'Homme (DIDH), dirigée par El Mahjoub El Haiba, dans le cadre de la préparation du rapport périodique relatif aux droits civiques et politiques, qui devrait être présenté prochainement au Comité des droits de l'homme, organe de surveillance du Haut commissariat des Nations-Unis aux droits de l'homme. L'avis a été émis en 2012 et publié récemment (avril 2013) dans un recueil de fatwas du Conseil supérieur des oulémas émises entre 2004 et 2012. L'information suscite la colère des associations des droits de l'homme, qui dénoncent cette fatwa et condamnant à mort les apostates. La controverse prend de l'ampleur. Pour ces ONG, cette fatwa est contraire à toutes les conventions internationales relatives aux droits humains ratifiées par le Maroc. Mahjoub El Hiba, le délégué interministériel aux droits de l'Homme, dément formellement l'information, sur le site internet Media24, dans une tentative vaine de calmer les esprits. « Il n'y a eu ni fatwa, ni avis, ni même contact avec le Conseil des oulémas du Maroc. Le rapport sur les droits civils au Maroc est en cours de préparation et ne contient aucun point de vue, ni avis, ni fatwa. La délégation interministérielle des droits de l'Homme n'est pas habilitée à solliciter un quelconque avis au Conseil des oulémas », affirmait-il. La réaction du site Lakome ne se fait pas attendre. Il diffuse sur la toile une copie de la fatwa publiée dans le recueil et dans laquelle on peut lire qu'il s'agit d'un avis religieux émis dans le cadre de la préparation du rapport périodique relatif aux droits civiques et politiques. Le prêche du vendredi dernier vise à mettre un terme à cette controverse et remettre les points sur les «i».