Le 22 avril prochain sera célébrée la journée mondiale de la Terre. En marge de la commémoration de ce 43e anniversaire, de nombreux événements sont organisés un peu partout dans la planète pour mettre la loupe sur la santé environnementale de notre grand-mère patrie. Si d'aucuns diagnostiquent ses maux à travers l'organisation de rencontres scientifiques, d'autres jugent opportun de descendre dans la rue pour maintenir son équilibre. De nombreuses ONG marocaines émargent dans ce dernier lot. Elles prévoient d'observer un sit-in le 21 avril devant le Parlement, à Rabat, pour manifester leur opposition par rapport aux autorisations d'exploration ou d'exploitation du gaz et huile de schiste octroyées à cinq compagnies internationales par l'Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM). Une industrie dangereuse pour la santé et l'environnement A en croire le militant écologiste Mohamed Benata, président de l'Espace de solidarité et de coopération de l'oriental (ESCO) et coordinateur principal de l'Ecolo plate forme du Maroc du Nord (ECOLOMAN) et un des initiateurs de ce sit-in, « l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste peut avoir des conséquences néfastes pour la santé publique et pour l'environnement, notamment la contamination des nappes phréatiques et des sols , les fuites importantes de gaz dans l'atmosphère et la fracturation hydraulique qui utilise des quantités énormes d'eau et des additifs chimiques hautement toxiques et cancérigènes. » La fracturation hydraulique à laquelle il fait référence consiste à creuser profondément dans la roche pour atteindre les poches de gaz de schiste, souvent localisées en profondeur, et d'introduire de l'eau à très haute pression mélangée à de nombreux produits chimiques. Une pétition pour accentuer la pression L'option de la rue apparaît comme une nouvelle bataille dans le combat environnemental que mènent ces associations. Elles avaient déjà sonné l'alarme lors de la conférence maghrébine pour la lutte contre la fracturation hydraulique pour l'exploration et l'exploitation des gaz de schiste le 8 décembre 2012 à Oujda. « Après les exposés des experts et des scientifiques et le débat des participants, une déclaration de la conférence a été envoyée au chef du gouvernement, au ministre de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement et à la directrice de l'ONHYM, Amina Benkhadra, pour attirer leur attention sur les dangers que représente cette industrie qui menace la sécurité de notre peuple », indique Mohamed Benata. Les autorités ont-elles pris en compte ces interpellations ? « Un appel a été lancé pour annuler les autorisations délivrées aux compagnies pétrolières. Apparemment nos décideurs ne l'ont pas pris en considération et continuent à octroyer d'autre permis d'explorer ou exploiter le gaz et l'huile de schiste. Devant cette attitude non responsable du Gouvernement Marocain qui ne tient pas en considération la santé publique de nos citoyens et la préservation de l'environnement, il est devenu légitime de passer à une autre phase de la lutte contre cette industrie dangereuse, pour sensibiliser nos citoyens et nos décideurs sur les méfaits de l'industrie des hydrocarbures des schistes », constate-t-il. Pour maximiser ses chances d'atteindre la cible, il faut avoir plusieurs flèches dans son carquois. « Les chasseurs ne me démentiront pas ». Parallèlement, les initiateurs ont aussi lancé sur internet une pétition intitulée « Stopper l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste au Maroc ». « Nous lançons un appel au gouvernement marocain pour annuler les autorisations qui ont été octroyées sans débat public et de s'abstenir à toute concession ou autorisation nouvelle d'exploration ou d'exploitation des gaz de schiste sur le territoire marocain », indique l'argumentaire. Au moment où nous mettions sous presse, le compteur affichait 609 signataires et plus de 1600 personnes ont confirmé leur participation via la page facebook de l'événement. Le gouvernement va-t-il céder face à cette levée de boucliers orchestrée par la société civile ? Là est toute la question. Toutefois, une chose est sûre, lui faire changer d'avis ne sera nullement une sinécure.