Driss Lachgar accuse le PJD d'instrumentaliser le Mouvement Unicité et Réforme (MUR) afin d'éviter de répondre aux questionnements de l'opposition quant aux décisions politiques. Vendredi, lors d'une conférence de presse au siège du parti à Rabat, le Premier secrétaire de l'USFP a présenté la position de son parti quant aux derniers développements de la situation politique et économique, notamment concernant les coupes budgétaires décidées il y a une dizaine de jours. Lachgar s'est aussi prononcé au sujet des attaques faites par Ahmed Raissouni, ancien président du MUR. Des attaques que l'USFP considère comme « graves et expiatoires ». Des déclarations « pratiques et effrayante » Selon Lachgar, les accusations de Raissouni sont une tactique du PJD qui lui éviterait de s'expliquer devant l'opposition. « Au lieu de donner réponses à nos questions d'ordre économique et social, ils réagissent en instrumentalisant une organisation islamiste », a déclaré Lachgar. Il y a quelques semaines, Driss Lachgar avait critiqué le recours de certains responsables gouvernementaux au référentiel religieux, notamment les discours sur le licite et l'illicite, qu'il avait qualifiés de « pratiques et déclarations effrayantes ». Répondant à ces critiques, l'ancien président du Mouvement Unicité et Réforme, Ahmed Raissouni, de retour depuis quelques semaines au Maroc, a déclaré dans un communiqué rendu public la semaine dernière : « Le Halal et le Haram sont une partie intégrante de la chariâa », tout en se demandant si Lachgar était « présent, absent ou endormi lorsque le roi Mohammed VI avait déclaré au Parlement qu'il ne peut pas permettre une chose ‘haram' ou interdire une autre ‘halal' ». « J'ai souvent entendu les athées et les agnostiques prononcer des discours pareils sans que je fasse de commentaire. Mais quand ces paroles proviennent de personnes qui ont leur poids dans la société, il faut intervenir », déclarait Raissouni à travers son communiqué. Selon Lachgar, il s'agirait uniquement d'un « moyen de contourner le dialogue et de distraire l'attention de l'opinion publique du vrai débat qui est d'ordre économique et social ». Contacté par Le Soir échos suite aux déclarations du Premier secrétaire de l'USFP, Ahmed Raissouni déclare ne pas être « concerné par les attaques de Lachgar sur le PJD et le gouvernement ». « Je ne défends pas non plus ma personne, mais les principes de l'Islam que Driss Lachgar a attaqué à maintes reprises. Maintenant qu'il ne s'attaque plus au principe de ‘halal' et de ‘haram' ni à aucun autre principe islamique, cela ne m'importe pas s'il m'attaque personnellement », a-t-il ajouté. Un amendement « inconstitutionnel » Le Premier secrétaire de l'USFP a vivement critiqué la décision gouvernementale d'arrêter l'exécution de 15 milliards de dirhams de dépenses d'investissement. « Cette décision est anticonstitutionnelle », estime Lachgar, arguant que « tout amendement au budget doit passer par le Parlement ». « Le chef du gouvernement ne peut être exempt d'explications et de clarifications au peuple marocain. Nous exigeons du chef du gouvernement de s'expliquer » au sujet des coupes budgétaires. « La confusion qui règne face à la crise économique reflète une crise politique profonde, avec une coalition gouvernementale éparpillée », a-t-il ajouté. Quelle alternative USFPéiste ? Interrogé sur la nature de l'alternative proposée par le groupe parlementaire socialiste, Driss Lachgar se contente de répondre que « le parti attend l'exécution de la menace du chef du gouvernement de tenir des élections anticipées avant de dévoiler au peuple marocain toutes les alternatives que nous proposons ». Cette déclaration fait en effet suite à celle d'Abdelilah Benkirane qui aurait déclaré la semaine dernière : « Si cela continue ainsi, je convoquerais des élections anticipées », selon le quotidien Akhbar Al Yaoum. Si cette réaction a été faite en réaction aux tensions internes à la coalition de la majorité gouvernementale, elle semble toutefois irriter l'opposition.