Modifier cet article La dernière décision gouvernementale de ponctionner sur les dépenses d'investissement un total de 15 milliards de dirhams ne cesse encore de faire des vagues. «Coupes sombres, fausse piste pour le redressement des déficits publics, réponse inadaptée à des déficits persistants,…», déplore le Centre marocain de conjoncture(CMC) jouant ainsi pleinement son rôle de force de propositions. Cette sortie de l'équipe de recherche de Habib El Malki à fort contenu médiatique et politique plutôt qu'économique traduit une volonté clairement affichée de mettre des bâtons dans les roues. Sinon comment expliquer son attaque à coup de canons, alors que l'on sait très bien que quiconque critique l'état des finances publiques? Pour les économistes, il n'y a pas 36 000 solutions pour colmater la brèche et limiter provisoirement la casse d'un déficit budgétaire flagrant culminant à plus de 10,9 milliards de dirhams à fin février 2013, soit une aggravation de 39 % en glissement annuel. Au vu du déficit de compétitivité et en l'absence des grandes réformes (compensation, retraite, fiscalité…), le gouvernement Benkirane n'avait d'autres choix que de couper dans le programme d' investissements alloué à l'Etat, soit 25% du crédit initialement ouvert. Le CMC ne semble pas pour autant être convaincu par la justification avancée par l'exécutif à savoir «l'accumulation des reports de dépenses d'investissement au cours des dernières années ». Comme le montre le report de crédit de 21 milliards de dirhams initialement prévu en 2012 pour venir s'ajouter aux dotations de l'exercice budgétaire en cours comme le révèle le projet de décret n° 2-13-285 «voté à l'unanimité» jeudi dernier au Conseil des ministres pour reprendre les propres termes de Mohamed Najib Boulif, ministre délégué auprès du chef de gouvernement chargé des Affaires générales et de la gouvernance. La caisse de compensation a divisé les acteurs politiques et les opérateurs économiques D'où l'objet des interrogations des chercheurs : «Le fait d'éponger le cumul des reports sur plusieurs années d'un seul coup permettra-t-il de prévenir la reconstitution de nouveaux reports à l'avenir sans la recherche d'une plus grande efficacité dans la programmation des investissements et leur exécution dans les délais couverts par la loi budgétaire?» À leurs yeux, le gouvernement aurait dû explorer d'autres voies de rationalisation des dépenses courantes. À la clé, la réforme de la Caisse de compensation. Prônant une réforme des subventions compensatoires dans la durée, toutefois, ils pensent que «l'autre piste qui mérite d'être explorée est de maintenir le système de compensation tout en cherchant à récupérer une partie des charges incombant à l'Etat à travers la TVA sur les produits de consommation des catégories de populations aisées», est-il conseillé. Voilà donc des propositions dont la portée est à relativiser au vu de l'importance non significative des montants en jeu à dégager face au trou budgétaire qui ne cesse de se creuser. Aux vraies problématiques, les vraies réformes! Cette caisse de compensation, dont les débats houleux sur sa réforme ont suscité d'importants remous affectant des pans entiers de la société, a plus divisé les acteurs politiques et opérateurs économiques qu'ils ne les a réunie. D'ailleurs, rien n'est encore décidé sur son avenir. Boulif même semble revenir sur ses décisions et choix stratégiques. Interrogé par le Soir échos sur la deadline fixée au mois juillet prochain pour y apporter les améliorations nécessaires, il écarte catégoriquement toute date déjà prévue. «Aucune date n'a été fixée pour amorcer la réforme de cette caisse. Et les discussions sont toujours en cours…», lance-t-il. Il insiste sur l'urgence d'entamer les grandes réformes pour éviter le pire. En répondant à une question portant sur le montant des charges d'investissement à geler par son département, le ministre annonce que rien n'est encore décidé et que les délibérations avec le ministère des Finances sont en cours. Même son de cloche auprès du ministre de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement, Fouad Douiri. Autant dire que « les surenchères politiques » sur la coupe budgétaire ne fut qu'un coup d'épée dans l'eau, selon Boulif, concluant que tout impact « de nature à bousculer toute la stratégie économique et sociale » comme le prédit le CMC n'est en réalité qu'un faux débat. Ce dernier prévoit d'ailleurs que «la coupe franche affectant le budget d'investissement ne manquera pas de se ressentir lourdement sur la dynamique de croissance, des revenus et de l'emploi à un moment même où les besoins de relance de l'activité se font pressants ». Modifier cet article