Dans sa dernière publication, le CMC anticipe un déficit budgétaire de 9,2 %. Il pointe du doigt la mesure «symbolique» prise par le gouvernement Benkirane pour juguler ce déficit. Lequel n'est en fin de compte qu'une couche protectrice contre l'érosion budgétaire. La hausse des prix des produits pétroliers a eu un impact sur le pouvoir d'achat à hauteur de 1,4 %, ce qui porterait le taux d'inflation prévisionnel à 3,5 %, selon le CMC. Déficit abyssal en 2012 ! C'est ce qui ressort en substance de la dernière publication du Centre marocain de conjoncture (CMC) qui anticipe un déficit budgétaire de 9,2 %. Le plus frappant dans cette sortie des conjoncturistes, c'est qu'elle intervient en retard, puisqu'ils ont déjà livré leur scénario d'évolution de la conjoncture économique pour l'année en cours (cf. www.lesoir-echos.com). Et que l'information en question n'a fait l'objet que d'une phrase au passage. Plus encore, le taux avancé de 9,2 %, soit plus de 76 milliards de dirhams, ayant suscité le tollé des officiels, avait été déjà relayé par un journal de la place. Une des «bonnes questions» tombe dès lors à l'esprit : le CMC ne fait-il que reprendre purement et simplement l'analyse des autres? La réponse par l'affirmative est d'autant plus probable qu'aucune analyse économique prévisionnelle n'a été révélée par l'équipe de Habib El Malki dans sa dernière Lettre mensuelle. Contacté par le Soir échos pour plus d'informations détaillés, ce dernier est resté injoignable. Quoi qu'il en soit, une chose est sûre : la situation des finances publiques ne cesse de se détériorer. À l'origine de cette situation inconfortable, des facteurs aussi bien exogènes qu'endogènes. A la récession qui ravage la zone euro et le surenchérissement des cours du pétrole, « viennent s'ajouter, le poids insoutenable de la caisse de compensation, l'impact financier du dialogue social engagé en 2011 suite au printemps arabe, et la contraction de l'activité économique réduisant les recettes fiscales », note-t-on. La compensation de tous les déséquilibres La nouvelle variable dans cette équation budgétaire complexe reste l'explosion des dépenses de compensation. Déjà le budget alloué aux subventions étatiques au titre de l'année en cours (46 milliards de dirhams) est quasiment consommé. Comment alors colmater la brèche et rééquilibrer les comptes sans douleur ? La réponse à cette question qui enrobe des considérations purement socio-politiques divise la communauté des économistes, et interroge même sur le modèle de croissance à suivre. La recette Benkirane consistait en fait dans l'immédiat en une hausse des prix des carburants (2 dirhams pour l'essence et 1 dirham pour le gasoil), une manne qui pourrait rapporter une somme de 5 milliards de dirhams. Pour alléger le poids encore lourd, il y a eu recours également à une réduction des dépenses publiques (fonctionnement et investissement). Ce n'est pas encore suffisant pour atteindre les 5 % du PIB prévus par le gouvernement. Les remèdes possibles Faire appel à l'emprunt demeure enfin la dernière solution, faut-il encore que le taux d'intérêt soit inférieur au taux de rendement des investissements publics. Ce qui n'est pas évident. Un constat que confirme le Haut commissariat au plan (HCP) et à maintes reprises dans ses différentes études de la conjoncture économique. Par ailleurs, le CMC, n'apportant pas de recommandations concrètes pour résorber ce déficit budgétaire synonyme d'une mauvaise gestion de l'argent du contribuable, parle dans l'absolu. Il pense que couper dans les dépenses de fonctionnement est « certes nécessaire mais relève du symbolique ». Pour rappel, le gouvernement a décidé de trancher dans les dépenses de fonctionnement à hauteur de 5 milliards de dirhams. «Les chasseurs de coûts se trompent lourdement lorsqu'ils considèrent que seules des mesures d'austérité permettront de résorber le déficit », conçoivent les chercheurs. Ajoutant que « seule la croissance permettra l'équilibre des comptes publics ». Un tel remède prête pour autant à confusion : distinguer entre le conjoncturel et le structurel. La mesure prise par le gouvernement n'est en fin de compte qu'une couche protectrice contre l'érosion d'un budget en fort déficit. Outre la politique économique qui a donné des signes d'essoufflements, le CMC prône d'agir sur la politique monétaire comme orientation stratégique. À son avis, « le taux directeur situé à 3% est encore trop élevé. Ce qui renchérit le coût de l'argent ». * Tweet * * *