La vieillesse n'est plus synonyme de l'arrêt de l'activité professionnelle. Fini le temps où les gens attendaient l'âge de 60 ans avec impatience. Actuellement, les seniors,qui choisissent de rester actifs pensent à la meilleure manière de meubler le vide après la retraite. Ils se lancent dans la réflexion dès qu'ils atteignent 50 ou 55 ans. Certains d'entre eux, s'ils ont les moyens, se mettent à leur compte pour offrir du conseil, en faisant profiter leurs clients de leur expertise. Une autre catégorie préfèrent renouer avec le monde du travail et se font engager en tant que conseiller, auprès de l'entreprise qu'ils viennent de quitter ou auprès de leur concurrents. Ils peuvent également rejoindre des entreprises opérant dans d'autres secteurs. En plus de leur pension, ils se mettent d'accord avec l'employeur sur un salaire plafonné ou sur une rémunération par projet. D'autres pistes Une autre catégorie plus jeune, entre 50 et 55 ans, n'attend pas d'atteindre les 60 ans pour fausser compagnie à leur employeur, ils revoient carrément leur carrière, en cours de route. Ce sont surtout des personnes occupant des postes clés, qui ne se sentent plus épanouis, et qui cherchent à saisir les nouvelles opportunités qui sont de plus en plus nombreuses, que ce soit dans le privé ou le public. Il suffit de voir le nombre d'annonces d'offres d'emploi cherchant des seniors chevronnés, pour des postes supérieurs pour comprendre que ce type de profil (bien formé, ayant un savoir-faire, une solide expérience et une bonne connaissance en gestion d'équipe) est très prisé sur le marché de travail. Les chasseurs de tête sont d'ailleurs, aux aguets pour les «voler». Avec l'allongement de la vie professionnelle, on retrouve souvent des DG, des DGA, des directeurs (DAF, DRH…) qui ont dépassé l'âge de la retraite et qui sont toujours en poste. Ces derniers sont dans leur droit. Selon l'article 526 du Code de travail: «tout salarié qui atteint l'âge de soixante ans doit être mis à la retraite. Toutefois, il peut continuer à être occupé après cet âge par arrêté de l'autorité gouvernementale chargée du travail sur demande de l'employeur et avec le consentement du salarié». Reste que pour les moins outillés, leur redéploiement se passe d'une manière différente. Le plus souvent ces personnes se réorientent vers l'agriculture, s'ils ont des terrains agricoles à faire valoriser ou l'élevage. D'autres deviennent des formateurs et collaborent avec des écoles privées ou des centres de formation continue. Expériences d'ailleurs Autre fait marquant, le sous-emploi des seniors est très présent, surtout pour les personnes ne disposant pas de diplômes solides ou n'ayant pas d'expertise. Malheureusement, il n'y a pas de chiffres officiels concernant ce volet, mais le Maroc ne déroge pas à la règle. A titre d'exemple, en France, les seniors sont discriminés par les DRH et les cabinets de recrutement. Selon les données publiées par le site Capital.fr, malgré la loi de 2009 en faveur de l'emploi des seniors, le taux de chômage des plus de 50 ans flambe. «Perçus comme trop chers et peu adaptables, ils sont pourtant prêts à des concessions y compris en terme de salaire», lit-on sur le site. Conséquence, le taux d'emploi des 55-64 ans n'a quasiment pas progressé à 41,5%, un niveau encore bien en deçà de la moyenne européenne à 47,4%, précise la même source. Par ailleurs, la crise a entraîné la flambée du taux de chômage des 55-64 ans qui s'est situé à 6,8% fin 2012. Ils sont ainsi plus de 682 000 quinquas à pointer à Pôle emploi (+16,9% sur un an) soit la plus forte hausse, toutes générations confondues, souligne Capital.fr. Notons également qu'avec la crise, de nouveaux métiers ciblant les personnes âgées de 50 ans et plus, ont vu le jour à travers le monde. Citons à cet égard celui de mannequins seniors. D'ailleurs, en France, des agences spécialisées dans le recrutement de ces profils ont vu le jour récemment. Les seniors se font engager pour défiler pour le compte de maisons de prêt-à-porter haute couture ou pour le compte de magazines spécialisés dans la mode voulant mettre en avant des produits ciblant les personnes âgées de 50 ans et plus. Cette tendance n'a pas encore gagné le Maroc mais cela viendra sûrement. In fine, pour éviter de favoriser la précarité de l'emploi des seniors, les entreprises sont appelées à revoir leur manière de gérer ces profils. Il serait plus judicieux de tirer profit de leur savoir-faire et d'essayer de le transmettre aux plus jeunes. Expérimentés, autonomes et dotés d'une capacité de prise de recul, les seniors ont plus d'un tour dans leur poche. Il suffit juste qu'ils jouent le jeu. Un grand défi à relever.