* La littérature économique narrive pas à trancher en faveur du système de répartition ou de capitalisation. * Le travail des seniors se veut une issue à la problématique de lépargne. Mobiliser lépargne pour une meilleure gestion de la retraite est toujours au centre des préoccupations. En témoignent les différentes conférences, tables rondes et séminaires qui se sont tenus récemment avec toujours pour leitmotiv : trouver le système le plus adapté à une pérennisation de la retraite. Le dernier en date est celui organisé la semaine dernière par le groupe CDG. Étaient invités à débattre dimportantes personnalités venues de différents horizons. De tous les individus qui cotisent, seuls les survivants percevront une retraite. Les systèmes de retraite constituent donc un système de rente viagère, cest-à-dire une suite de revenus contingents dépendant dun risque particulier, celui de vivre vieux sans ressources. Ils répondent donc à une fonction dassurance. Lidée est la suivante : si la durée de vie est incertaine, lagent ne va pas prendre le risque davoir une richesse nulle avant sa mort. Il va donc choisir dépargner en prévision de sa durée de vie maximale. En ouvrant le bal, Najat El Mekkaoui, de lUniversité Paris Dauphine, estime que lépargne, la retraite et la consommation constituent un puzzle. «A partir de lâge de 50 ans, la consommation des ménages diminue ou change de structure», annonce N. El Mekkaoui. Plusieurs travaux ont ainsi été consacrés à cette problématique : ceux de Bernhein (2001) considèrent que les ménages ne sont pas clairvoyants et ne sont pas rationnels au cours de leur vie active. Les travaux de Hurd and Rohwedder (2003) estiment que plus lâge augmente, plus la consommation de loisirs augmente au détriment dautres types de consommation. Viennent par la suite les travaux de Sarah Smith (2007) qui parle de choc de revenu. Daprès elle, les ménages népargnent pas suffisamment pour avoir un salaire de placement décent. Épargner 16% de son revenu équivaut à un salaire de 69%. Lidée sous-jacente est que les mécanismes dincitations fiscales dans les systèmes de financement ne sont pas viables et ne permettent pas aux ménages davoir une consommation décente à lâge de la retraite. Le débat persiste aussi quant à la nature du régime (répartition ou capitalisation) qui permet une meilleure mobilisation de lépargne. A ce titre, les avis ne manquent pas de divergence. Nombreux sont ceux qui considèrent que la capitalisation entraîne ipso facto une augmentation du volume de lépargne. Dautres, par contre, estiment que limpact ne pourrait être positif que lorsque le système est obligatoire. Lemploi des seniors : pour quoi pas ? Autre point débattu durant la table ronde : lemploi des seniors. En Europe par exemple, on trouve deux types de pays. Ceux qui ont réussi lemploi des seniors (55 à 64 ans) tels que la Suède, le Danemark , le Royaume-Uni, les Pays-Bas et la Finlande. Dautres ne lont pas réussi, il sagit de la France, de lItalie et de lAllemagne. En ce qui concerne la première catégorie, il a été signalé que ces pays nont pas de problèmes demplois en général, mais cela nempêche que les stratégies adoptées sont adéquates. Toutefois, il a été constaté que la première catégorie est composée de pays moins généreux en matière de retraite. Les retraités sont par ailleurs pauvres. On assiste également à une formation de personnes âgées qui travaillent à temps partiel. Les conclusions qui ont émané de ce panel indiquent quil existe en Europe deux modèles qui réussissent : le modèle Royaume-Uni dans lequel les personnes âgées sont pauvres et auxquelles on impose de travailler et de trouver un emploi. Le modèle scandinave est celui où la socialisation de partenaires sociaux augmente lemploi des 55 65 ans. LEurope Continentale a à choisir entre lEurope libérale et celle de modèle scandinave. Le travail des seniors est-il imaginable dans un pays comme le Maroc ? Le Maroc dispose dune population jeune et cherche toujours des solutions pour lemploi de ses jeunes. Le Maroc a adopté récemment la stratégie du départ volontaire essentiellement pour fournir des postes à ses jeunes. Mais cela nempêche que le vieillissement de la population risque de survenir. A ce moment-là, le travail des seniors serait une piste à exploiter. Dans son intervention, Jérôme Carnu, de la Fédération Française des Sociétés dAssurance, a mis en exergue limpact de la protection sociale dont le coût est passé de 23% du PIB en 2003 à 27% en 2005 ; le ratio 65 ans/ actif va doubler en 40 ans, le taux de fécondité oscille aux alentours de 1,48 ; le poids des dépenses de santé/ PIB continue à augmenter Pis encore, si rien nest fait la dépendance coûterait 2,2% du PIB. Les pistes de réflexion proposées par Jérôme Carnu sont les suivantes : cest aux Etats dagir en réduisant la dette publique en vue davoir une position budgétaire et financière saine et une croissance économique de plus en plus importante, de relever le taux de lemploi par une meilleure dynamique du travail des femmes, de mettre en place des mesures rigoureuses pour développer la croissance et lemploi et de mieux réformer les systèmes retraite, santé et dépendance. Les vices et les vertus des systèmes répartition et capitalisation conduisent à la conclusion que la complémentarité des deux pourrait constituer une réponse dans une réforme des retraites. En effet, la combinaison des deux techniques conduit à une bonne gestion du risque retraite et à un meilleur arbitrage rendement risque et plaidant ainsi en faveur dun système de retraite mixte. Ce dernier concilie les avantages de la répartition en terme de mutualisation des risques et ceux de la capitalisation en terme de rendement. Lassociation des deux techniques permet une diversification des risques, car la capitalisation et la répartition, comme nous lavons constaté, ne sont pas sensibles aux mêmes facteurs : ainsi, les rendements de la répartition sont corrélés aux variations du nombre de cotisants (taux dactivité, taux de chômage), et à lévolution des revenus du travail. Ces rendements ne dépendent donc guère de linflation mais sont sensibles aux fluctuations du marché du travail. A linverse, le rendement de la capitalisation repose à la fois sur la performance des marchés financiers et sur la maîtrise de linflation. Les cycles économiques peuvent donc donner raison tantôt à un système, tantôt à un autre et une combinaison des deux paraît alors nécessaire. Le Maroc, à la lumière de ce qui se passe sous dautres cieux, est appelé à faire preuve de prudence et de vigilance. Les systèmes libéral ou scandinave ayant fait preuve de réussite ne peuvent lui convenir entièrement. De même pour la répartition et la capitalisation, leur réussite est étroitement liée au régime politique et social de tout un pays. Enfin, le travail des seniors ne peut être considéré aujourdhui comme la solution idoine dautant plus que notre pays continue à souffrir du chômage des jeunes.