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60 ans et... hyperactifs
Publié dans Les ECO le 02 - 07 - 2010

Sexagénaires et plus, et pourtant ils ne sont pas encore prêts de raccrocher. Ils sont même plus enthousiastes et plus motivés que jamais, pour continuer leur carrière professionnelle. Le débat sur l'âge de la retraite à 62 ans, 65 ans... ils en rigoleraient presque. Qu'ils soient cadres d'entreprise, patrons ou fonctionnaires, les seniors excellent désormais dans l'art de se tailler des plans de carrière sur mesure pour constamment reposer l'ultime étape de la séniorité: l'âge de la retraite «totale». Quand on leur demande à quel moment ils comptent arrêter définitivement de travailler, nombreux sont les super seniors qui répondent que, tant qu'ils auront la force et la santé nécessaires, ils travailleront, même jusqu'à la fin de leur vie. Le sentiment de vieillesse? Ils ne connaissent pas. C'est une tendance irréversible avec laquelle le monde professionnel doit de plus en plus composer. En 2050, nous serons 13 milliards de personnes sur la Terre, dont un peu plus de 20% âgées de 65 ans et plus, selon les prévisions des Nations-Unies. Ces derniers représentent aujourd'hui 8%. Aussi, l'évolution constante de l'espérance de vie et de l'état de santé des adultes est un facteur favorable à l'allongement de la vie professionnelle. La moyenne mondiale de l'espérance de vie est aujourd'hui estimée à 68,2 ans, et les futurologues estiment qu'elle continuera de croître. Dans un ouvrage intitulé «le monde en 2030», le chercheur et futurologue Ray Hammond, écrivait d'ailleurs à ce propos, qu'en 2030 l'espérance de vie aura tellement augmenté que la retraite à 60 ou 65 ans semblera incongrue. S'agissant du cas du Maroc, le baromètre de la retraite édition 2008 réalisé par Axa, explique qu'en matière d'allongement de la durée de la vie professionnelle, les retraités marocains disposent de vingt-quatre années entre le moment où ils quittent le monde du travail et le début de la vieillesse. Autrement dit, un Marocain pourrait continuer à travailler jusqu'à l'âge de 84 ans. Mais ces supers seniors actifs font-ils de l'ombre à la jeune génération? Qu'est-ce qui les motive à faire du bonus et comment font-ils leur reconversion. Détails.
Salarié au-delà de 60 ans, pas très classe Une fois l'âge de la retraite atteint, la loi interdit la continuation de l'activité salariale.
Recevoir une pension de retraite tout en maintenant son statut de salarié est une incompatibilité, explique Mustapha Laksiwar, ancien inspecteur du travail devenu aujourd'hui consultant en législation sociale. Cette situation expose l'entreprise et le salarié à des sanctions pénales et civiles, souligne également Abdel Aziz Addoum, directeur du travail auprès du ministère de l'Emploi. Toutefois, selon la législation en vigueur, il existe deux conditions dérogatoires qui peuvent permettre le maintien en exercice du salarié âgé de 60 ans ou plus. La première, c'est quand en accord avec le salarié, l'employeur adresse aux autorités (le ministère de l'Emploi, notamment) une demande de maintien de l'emploi. Mais elle doit être justifiée par une raison valable, comme la difficulté de trouver immédiatement une compétence de rechange. Lorsqu'elle est acceptée, la dérogation accordée s'étale sur une durée qui varie de 1 à 2 ans maximum. La deuxième condition de non mise à la retraite à 60 ans est liée au cas où, arrivé à cet âge, le salarié ne totalise toujours pas les 3.240 jours d'assurance nécessaires pour prétendre à une pension. Elle concerne surtout les personnes qui ont connu un démarrage tardif de leur carrière professionnelle. Dans ce cas de figure, le salarié sexagénaire est libre de travailler jusqu'à atteindre le seuil d'assurance lui permettant de bénéficier de sa pension. Mais que signifie sur le plan managérial, le maintien en activité d'un salarié sexagénaire? Les professionnels de la gestion des ressources humaines voient généralement cela d'un mauvais œil. Pour Jamal Amrani, DG du cabinet Jadh, vouloir retenir un senior qui a atteint l'âge la retraite est un mauvais signe pour l'entreprise. Cela suggérerait qu'elle ne sait pas préparer la relève, car explique-t-il, s'il y a quelque chose qu'un DRH connaît dès le jour du recrutement d'une personne, c'est bien l'âge de son départ à la retraite. Toujours est-il que même pour l'employé, garder le statut de salarié après 60 ans n'est pas tout fait valorisant. En fonction du secteur d'activité qu'il maîtrise et de son niveau de qualification, celui-ci peut disposer d'une palette d'options de reconversion pouvant lui permettre de transformer son expérience en véritable richesse.
Des profils indispensables
Le secteur de l'enseignement, de la finance, et des services en général sont ceux qui offrent le plus de possibilité de reconversion aux super seniors, estime-t-on. Ce sont aussi les super seniors ayant exercé dans ces secteurs qui sont les plus disposés à allonger leur vie professionnelle. Ils deviennent pour la plupart des consultants indépendants, des formateurs et coachs pour la jeune génération. Et quand certains d'entre eux montent leur propre entreprise, c'est aussi en général en rapport avec les métiers du conseil. La demande d'expertise et d'accompagnement étant de plus en plus forte chez les entreprises, les super seniors y trouvent un terrain favorable pour continuer à exercer une activité professionnelle. De plus, en fonction des acquis de leur carrière initiale et de l'étendue de leur réseau relationnel, ces derniers sont sollicités dans divers domaines (milieux associatifs, conseil d'administration d'entreprise, intervention pour des séminaires en entreprise et dans les universités...), ils deviennent ainsi des «cumulards». C'est le cas par exemple de Driss Alaoui M'Daghri qui, du haut de ses 66 ans, continue encore de remplir ses journées en passant d'une activité professionnelle à une autre. Mais il y a de plus en plus une règle fondamentale à la reconversion des super seniors, c'est celle de planifier suffisamment à l'avance cette éventualité en définissant sa future trajectoire professionnelle post retraite légale. Une précaution qui, selon Ali Ben Mansour, permet surtout de se prémunir contre la «maladie de l'âge». Et d'expliquer : «Dans le salariat, l'âge vous arrête même quand vous vous sentez encore en forme, mais la reconversion et l'entrepreneuriat permettent de le repousser». En effet, cette réalité explique en partie les motivations des super seniors en matière de rallonge professionnelle. Beaucoup d'entre eux estiment que c'est la possibilité de continuer d'exercer qui leur permet de garder la forme, de ne pas s'ennuyer et d'être moralement et financièrement équilibré. Mais pour certains d'entre eux, notamment les cadres supérieurs et les hauts fonctionnaires qui peuvent profiter d'une retraite non active douce et tranquille, c'est surtout le plaisir de transmettre leur expérience et d'en tirer la satisfaction d'être socialement utiles, qui les pousse à continuer d'être actifs dans l'univers professionnel ou dans le bénévolat.
Mustapha Akhmisse, 72 ans
Ex secrétaire général au ministère
de la Santé
Après un long parcours de médecin-chef dans plusieurs services extérieurs du ministère de la Santé, le Dr Akhmisse finira par occuper, pendant dix ans (de 1980 à 1990), le poste de secrétaire général du Département. Ce passage dans le landerneau des hauts fonctionnaires de l'Etat ne l'empêchera pas de reprendre encore du service dans les hôpitaux, jusqu'à sa retraite en 1999. Mais aujourd'hui encore, le Dr Akhmisse est toujours un médecin à l'agenda bien rempli, cette fois-ci dans son propre cabinet. Il est aussi souvent sollicité, soit par la jeune génération de médecins qui recourent régulièrement à ses conseils, soit par ses contacts au ministère qui demandent encore son avis sur certains dossiers. Son emploi du temps comprend aussi beaucoup d'autres activités comme l'écriture (c'est un écrivain prolifique qui compte à son actif une douzaine de livres, essentiellement sur la médecine) et la gestion de sa propriété agricole.
Ali Ben Mansour, 61 ans
Ex-administrateur de la BCM
Fin 2004, soit deux ans après la naissance d'Attijariwafa bank, Ben Mansour quitte son poste à la banque, à l'âge de 55 ans. Il monte son cabinet et devient «business angel». Depuis, il accompagne et soutient les jeunes désireux d'entreprendre et de réussir leur pari. Sous sa coupole, une douzaine de jeunes ont pu prendre leur envol et sont aujourd'hui des entrepreneurs confirmés. Les cabinets de conseils Sinatix et IBB, mais aussi la société Prestopa, spécialisée dans le catering, sont parmi ses fiertés de business angel. Pour Ben Mansour, être business angel, c'est être un entrepreneur sympathique. Cela apporte, souligne-t-il, de l'apaisement aux jeunes qui démarrent une affaire. La peur de l'échec étant leur principale angoisse en ce moment, le fait de leur assurer une contribution en matière de réflexion stratégique, d'accès aux réseaux relationnels, voire en matière de financement, leur permet de passer sans trop de souffrance le cap difficile du démarrage.
Driss Alaoui M'Daghri, 66 ans
Ex-ministre
Entrepreneur, enseignant, consultant, acteur associatif, écrivain, membre du conseil d'administration de différentes sociétés...Alaoui M'Daghri fait partie de ce type de profils rares qui aiment multiplier leurs casquettes. Aujourd'hui âgé de 66 ans, pour lui également, la retraite n'est pas encore à l'ordre du jour. «Je continuerai à travailler jusqu'à la fin de ma vie. Être actif me permet de ne pas m'ennuyer et de me rendre utile», souligne-t-il. Et quand on lui demande comment il fait pour faire tant de choses à la fois en même temps, sa réponse est simple: «avoir plusieurs casquettes n'a rien d'extraordinaire, c'est juste une question d'organisation», explique-t-il. Toutefois, dans ses activités d'entrepreneur tout comme dans celles des associations qu'il préside, son intervention directe se fait de plus en plus rare. Son rôle se limite essentiellement à l'initiation des projets et au coaching des équipes qui les mettent en œuvre.
Abdelhadi Ghzali, 60 ans
Ex DRH d'Exxon Mobil
Après 35 ans passés dans la même entreprise (Exxon Mobil), Ghzali décide lui aussi de prendre sa retraite avant l'heure, à 51 ans. C'était pour se reconvertir, et selon lui, lorsqu'on a un tel projet en tête, il faut s'y prendre à l'avance. C'est comme prendre un avion, dit-il, on ne peut décoller que lorsqu'on a réuni les conditions du voyage. Aujourd'hui à 60 ans, c'est un retraité actif dans plusieurs domaines. Il est consultant freelance en ressources humaines et assure des formations aux cadres d'entreprise. Sa nouvelle situation, explique-t-il, lui permet également de dégager suffisamment de temps pour se consacrer à son autre passion: le sport. Il est d'ailleurs président de la fédération royale marocaine de volley-foot et siège à la confédération africaine de la même discipline.
Ahmed Laksiwar, 60 ans
Ex-Inspecteur divisionnaire en chef du travail et délégué préfectoral au ministère de l'Emploi et des affaires sociales
Laksiwar a pris une retraite anticipé à l'âge de 55 ans, avec la ferme intention de se redéployer dans le privé. Il en avait déjà fait l'expérience lors d'une indisponibilité de 3 ans qui l'a éloigné de l'administration publique, période pendant laquelle il va occuper un poste de secrétaire général dans une société de la place. Aujourd'hui, c'est un jeune retraité qui n'a pas l'intention de raccrocher. Il s'est lancé dans le consulting et accompagne plusieurs entreprises, notamment en matière d'application de la législation du travail. Laksiwar est également considéré comme un expert, et est de plus en plus sollicité par les médias à donner son avis sur les questions relatives à la réglementation du travail.
Mustapha Rar, 60 ans
Ex-directeur de la Banque Populaire
Il a pris ses distances avec le salariat à 58 ans, pour se redéployer dans le conseil et l'enseignement. En tant que consultant, il intervient surtout dans la formation et l'accompagnement des cadres et la conduite de projets, souvent en freelance ou via «First development», le cabinet qu'il a mis en place. Et lorsque c'est son cabinet qui prend en charge une prestation, ces collaborateurs ne sont autres que ses anciens collègues de la banque.
Où vont les femmes super seniors ?
Quand on suit les traces des super seniors encore en activité, trouver une femme dans le lot n'est pas une mince affaire. C'est comme lorsqu'on lit les organigrammes des entreprises, où l'on se rend compte que, plus on suit la ligne hiérarchique ascendante, plus les noms des femmes se raréfient. Dans les métiers qui attirent les 60 ans en plus, le consulting notamment, que ce soit en freelance ou en cabinet, il y a certes de plus en plus de femmes. Mais celles-ci n'ont généralement pas atteint la soixantaine. Quant à la perspective de rallonger leur carrière, plusieurs observateurs estiment que les femmes sont moins enthousiastes que les hommes. Pourtant, l'allongement de l'espérance de vie (condition clé du bonus professionnel) joue largement en leur faveur, que ce soit au Maroc ou ailleurs. Et, selon le baromètre d'AXA, de façon générale les femmes ont tendance à moins bien s'en sortir financièrement que les hommes après avoir quitté le monde du travail. Sur l'ensemble de l'enquête, 53% des femmes à la retraite affirment que leur revenu ne suffit pas, contre 49% des hommes. Mais ce qui préoccupe la gent féminine à l'âge de la retraite, souligne également l'enquête d'AXA, ce sont davantage les difficultés liées au vieillissement. De ce fait elle associe plus d'images négatives à l'idée de la retraite que les hommes (29% contre 24%), liées essentiellement à la santé (17% contre 14%) et au revenu (12% contre 8%). D'autres analyses suggèrent que lorsqu'elles décident de rallonger leur carrière, les femmes sont plutôt attirées par les activités de bénévolat. Dans le cadre d'un travail de recherche portant sur la thématique, le docteur Jay Ginn, chercheur au département de sociologie de Surrey University (Grande-Bretagne), émet l'hypothèse selon laquelle, à l'âge de la retraite, les hommes sont davantage susceptibles que les femmes d'avoir perdu leur emploi. Ceci du fait que la gent masculine a une vision plus utilitariste de l'emploi que son homologue féminine. Ainsi les hommes préféreraient consacrer davantage leur vie post-retraite à un travail rémunéré, tandis que les femmes aimeraient mieux la passer avec leurs familles et leurs amis.


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