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« ll faut un travail multisectoriel pour favoriser les équilibres naturels »
Publié dans Le Soir Echos le 19 - 03 - 2013

La première édition de la journée internationale des Forêts sera célébrée le 21 mars prochain sur l'initiative de l'assemblée générale des Nations unies. Un signe de reconnaissance qui marque l'importance des forêts dans l'écosystème mondial ?
Vu l'espace qu'occupent les forêts à l'échelle mondiale, vu leur apport économique et social voire scientifique, les Etats membres des Nations unies ont validé cette résolution d'une extrême importance. Les forêts occupent le 1/3 de la surface terrestre. C'est une résolution qui a été prise par l'assemblée générale des Nations unies contrairement aux journées mondiales initiées par les autres organismes de l'ONU. Le fait qu'elle soit érigée au rang de journée internationale montre que cette question préoccupe la communauté internationale. On s'est rendu compte du rôle que jouent ces écosystèmes forestiers dans les équilibres globaux et la dimension sociale de l'être humain qui est au cœur de cette problématique. Il faut qu'il y ait une prise de conscience collective, suivi d'un engagement pour préserver ces espaces forestiers afin qu'ils puissent exercer leur rôle.
Dans son rapport de 2012 sur la « situation des forêts dans le monde », la FAO expose les avantages des ressources forestières pour la réalisation des économies vertes. Ces ressources, comme la biomasse par exemple, sont-elles réellement exploitées au Maroc ?
On ne peut envisager la pérennité des forêts sans tenir compte de cet aspect. La gestion durable des forêts est le principe fondamental des aménagements forestiers. Auparavant c'était seulement les forestiers qui prônaient cette approche, parce qu'on était dans une situation d'abondance, ce qui n'est plus le cas actuellement. L'exploitation de ces ressources forestières pour la réalisation du développement existe au Maroc avec une plus-value pour les populations locales, notamment l'huile de palme, les plantes aromatiques médicinales (PAM). Tous les prélèvements effectués dans le temps et dans l'espace prennent en compte cette dimension.
Concrètement, quel est aujourd'hui l'apport des forêts dans le développement économique du Royaume ?
Globalement, nous n'avons pas encore établi de statistiques sur la contribution des forêts dans le produit intérieur brut (PIB). A titre indicatif, les forêts supportent 17 % du bilan fourrager national – besoins du cheptel national- soit 15 millions de quintaux d'orge. Pour le bilan énergétique national, les forêts contribuent à hauteur de 18 %. Selon certaines prévisions, le Maroc pourrait connaître ultérieurement une augmentation des températures de 2 à 5 % et une baisse des précipitations de 5 à 40 %, sans compter le défrichement qui provoquerait chaque année une perte de 31 000 ha de forêts.
Les changements climatiques ne risquent-ils pas, à long terme, de nous priver des espaces forestiers ?
Tout d'abord je tiens à préciser que les statistiques faisant état d'un défrichement de 31 000 ha sont archi-faux. Le Haut Commissariat dément catégoriquement ces chiffres, il n'y a pas de bilan négatif grâce aux 45 000 ha de terres reboisés chaque année. Nous avons par ailleurs l'ambition de passer le cap des 50 000 ha dans peu de temps. Aujourd'hui, 2/3 des forêts sont aménagés particulièrement pour la regénération. Il n'y a pas d'espaces perdus, même les surfaces incendiées sont récupérées. La désertification est un processus qui a des conséquences sur l'eau et le sol, sous l'action de l'érosion. Quant aux défrichements, c'est un phénomène instantané qui entraîne le déracinement des espaces forestiers. Il y a une grande diversité des écosystèmes naturels au Maroc qui sont fonction du bioclimat, de la latitude et de l'altitude. Le Royaume se situe au deuxième rang dans le pourtour méditerranéen en termes de biodiversité floro-faunistique. 93 % du territoire national évolue dans un climat aride-sémi aride, ce qui favorise naturellement la désertification.
L'autre ennemi des forêts, ce sont les incendies. Identifiez-vous les racines de ces braises ?
Au cours de l'année 2012, le Haut Commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification (HCEFLD) a dénombré 450 incendies qui ont ravagé 3 000 ha dont 2 670 forêts arborés. Le Maroc est le pays le moins touché dans l'espace méditerranéen. Ces dégâts sont généralement dus à l'action humaine. l'une des causes principales est l'inattention des usagers vis-à-vis de ces espaces, un manque de respect que l'on rencontre notamment chez les fumeurs. Dans une moindre mesure les tentatives de défrichement des terres jouent également sur la dégradation des régions boisées.
L'exploitation illégale du bois surtout celui du cèdre du Moyen Atlas et la culture du cannabis dans le Rif ne constituent-elles pas aussi d'autres causes majeures du phénomène de déforestation ?
La déforestation ne connaît pas un grand ampleur au Maroc. Des mesures d'encadrement sont mises en place pour réprimer immédiatement toutes ces tentatives. Dans la région du Rif, les gens ne cherchent pas à s'approprier définitivement le terrain, ils veulent cultiver sous les arbres. Concernant le cèdre du Moyen-Atlas, le Haut Commissariat a repéré des points névralgiques où des bandes organisées s'activent dans l'exploitation illégale du bois de cèdre qui coûte très cher. Nous recevons chaque année environ 31 000 procès-verbaux concernant les délits forestiers dont 1⁄4 concerne les coupes de forêts. Nous agissons de concert avec les autorités locale, provinciale, et la justice pour stopper ces opérations.
Ne faudrait-il pas développer des activités économiques au profit des populations riveraines des forêts pour éviter ces exploitations illégales ?
La politique du bâton a été l'approche privilégiée il y a de cela quelques années pour arrêter l'exploitation illégale des ressources forestières, mais nous nous sommes rendu compte que pour résoudre ces problèmes, l'approche régalienne à elle-seule ne suffit pas. Le délit est une forme d'expression d'un besoin. Il faut le prendre en charge. Le Haut Comissariat développe actuellement, en symbiose avec les associations et les élus locaux, des activités au profit des populations riveraines des forêts afin d'éviter ce genre de manœuvres. Ces différentes stratégies prennent en compte les besoins des populations, en collaboration avec les associations locales. Toutes les politiques sectorielles menées prennent en considération ce volet social. Notre souci majeur est de conserver ces espaces forestiers tout en satisfaisant les besoins des populations riveraines. Abordons maintenant la question de l'eau. Il y a de cela quelques mois, le département de l'Eau a sorti un rapport pour alerter sur une éventuelle pénurie en eau au Maroc à l'horizon 2020.
Que faire pour annihiler cette menace ?
Le Haut Commissariat a essayé de montrer à travers ce rapport publié par le département de l'Eau que les forêts jouent un rôle important pour la préservation de l'eau. Il faut prendre en charge l'aménagement de l'espace en amont. En d'autres termes, il est impératif qu'il y ait un travail en amont dans les bassins versants pour conserver la capacité de stockage des eaux et éviter le débordement des barrages sous l'effet de l'érosion des sols, notamment au niveau du Moyen Atlas qui détient 40 % de la capacité de stockage de nos barrages. Si ce travail en amont n'est pas effectué, le Maroc risque de connaître une pénurie en eau. Pour éviter l'érosion, le HCEFLD a mis en place une stratégie – en aval- qui cible 18 bassins versants sur les 22 bassins existants qui se trouvent dans une quarantaine de provinces. L'objectif est de contrecarrer les phénomènes de sécheresse, les sources d'ensablement, à travers les reboisements, la veille sanitaire et la regénération des forêts. On constate qu'actuellement les réserves d'eau de la nappe phréatique sont utilisées pour l'agriculture alors qu'on devrait les utiliser comme recours en temps de sécheresse. Elles ont même chuté de 60 mètres en moyenne dans certaines zones. Cette situation risque d'engendrer une indisponibilité en eau potable. Il faut un travail multisectoriel pour favoriser ces équilibres naturels. Il faut tenir compte des potentialités d'un territoire donné pour développer un secteur. Les forêts constituent le berceau de la biodiversité et des grands équilibres au niveau national, elles sont le garant du développement durable. Un arbre a sa valeur, il faut le conserver.


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