Qu'est-ce qui vous a motivé à créer l'Association des jeunes pour la psychologie (AJPP) ? L'AJPP a été créée en 2012 par et pour des jeunes. C'est une association indépendante à but non lucratif. Notre objectif est de sensibiliser sur le rôle du psychologue dans la société civile, veiller à l'intégration professionnelle du psychologue dans les divers champs de pratiques et oeuvrer pour l'obtention du titre de psychologue et la création d'un code déontologique de la profession. A vous entendre il n'existe pas un statut de psychologue au Maroc ? Au Maroc, il n'existe pas un véritable statut pour le psychologue. Il y a peu de psychologues et il y a une absence d'entente et de coordination entre les professionnels notamment entre ceux exerçant dans le public et le privé. D'ailleurs nous prévoyons d'organiser prochainement une rencontre pour réunir les différents professionnels du milieu afin de réfléchir sur cette question. En tant qu'association, nous n'avons que la force de proposition. Vous menez des activités de sensibilisation dans le milieu scolaire et universitaire. Quelles sont concrètement ces actions ? Nous avons mené jusque là plusieurs actions dans le milieu scolaire et universitaire. Nous sommes sollicités lors de moments de crise pour sensibiliser sur l'importance de l'accompagnement psychologique. L'AJPP a installé dernièrement une cellule d'écoute au collège Sibawayh à Casablanca destinée au diagnostic, à l'accompagnement et au soutien d'enfants en difficulté scolaire. Nous associons les parents d'élèves et le corps enseignant dans nos activités parce que ce sont des éléments importants dans la prise en charge des élèves en difficulté. L'association organise aussi des journées d'études, des conférences et des ateliers au sein des établissements scolaires lors des périodes des examens notamment sur le stress et les différentes méthodes pour le surmonter. Collaborez-vous avec des spécialistes de la psychologie ? Il est important de travailler en équipe. Nous faisons appel à chaque fois que nous estimons que cela soit utile à des spécialistes non seulement dans le domaine de la psychologie, mais aussi dans le domaine des sciences humaines et d'autres domaines. Prévoyez-vous de proposer des consultations gratuites en ligne pour encourager les gens à soumettre leurs problèmes, vu que la psychologie n'est pas très sollicitée dans les pays en développement comme le Maroc ? Notre association ouvre ses portes gratuitement (via la page Facebook) – avant d'instaurer ultérieurement une participation symbolique de 100 DH – à toute personne qui ressent le besoin de consulter un spécialiste de la santé mentale. Une équipe de jeunes engagée est disponible pour cela. Auparavant, les Marocains ne fréquentaient pas trop les psychologues mais aujourd'hui les choses ont évolué, ils sont de plus en plus conscients de l'apport de ces derniers. Comment appréhendez-vous la prise en charge des personnes qui souffrent de maladies mentales au Maroc ? Notre système de soins actuel fait en sorte de calmer, d'anesthésier les symptômes psychiques, sans penser à l'individu en tant que sujet désirant, à sa demande et ses souffrances. Nous considérons que l'apport des psychologues est inestimable et que les maladies mentales ne peuvent être éradiquées qu'en intégrant la personne dans toutes ses dimensions, biomédicales, sociales et psychologiques.