C'est officiel, la Bourse de Casablanca disposera d'ETF (Exchange Traded Funds). C'est ce qu'affirme, en tout cas, Karim Hajji, directeur de la Bourse de Casablanca. Ce dernier a expliqué, à l'occasion d'une interview accordée au Soir échos, qu'un texte permettra le montage de sous-compartiments à la bourse de Casablanca dédiés notamment aux fonds et aux obligations. Ce texte est actuellement en phase de présentation au Secrétariat général du gouvernement et devrait normalement être présenté au Parlement lors des prochaines séances. Il permettra d'introduire de nouveaux produits comme les ETF. A cet effet, Karim Hajji affirme que «les ETF permettront d'améliorer la liquidité sur le marché boursier, mais aussi de drainer de l'épargne». Un risque maîtrisé Mais que signifient au juste les ETF ? «Ce sont des fonds d'investissement négociables sur une place boursière de la même manière que les actions traditionnelles. Ces fonds, appelés encore « trakers », répliquent en toute transparence les performances d'un sous-jacent qui peut être un indice action, obligation, etc.» nous explique Brahim Sentissi, directeur général de Cejefic Consulting, cabinet spécialisé dans le conseil en finance. Autrement dit, si vous avez un ETF sur le MASI et que ce dernier évolue de 1%, l'ETF suivra la tendance et prendra également 1%. Les ETF présentent de nombreux avantages, ce qui explique que ce sont des instruments privilégiés par les investisseurs sur les bourses étrangères. Le premier intérêt est que l'investisseur peut répliquer simplement et quasi parfaitement la performance d'un indice. Ainsi, un unique ordre en bourse lui permet d'acheter ou de vendre la performance d'un indice ou d'un panier. La cotation en continu permet aux investisseurs de connaître à tout moment le montant de leurs parts. En outre, « le tracker est un outil de répartition des risques. Au lieu de miser sur un seul actif, l'investisseur en bourse peut se constituer un fonds regroupant une série d'actions ou d'emprunts obligataires ou de matières premières » souligne Brahim Sentissi. Pour lui, « les ETF se différencient des fonds traditionnels, en offrant une liquidité importante ». Frais de gestion moins important Les traders partagent l'avis du spécialiste. « A la bourse de Casablanca, l'ETF sera certes un accélérateur de liquidité, parce que pour traiter, il faudrait évidemment acheter les sous-jacents. Il sera aussi un moyen aussi pour encourager les investisseurs à se réconcilier avec la bourse du fait que c'est un instrument qui présente moins de risque. Au niveau mondial les sociétés de gestion ne facturent pas de frais de gestion très élevés aux investisseurs désireux d'investir dans ces produits» nous affirme un trader de la place. Au niveau des bourses sur lesquelles ces produits sont traités, le coût moyen pour un gestionnaire de fonds ETF est de 37 points de base alors qu'il est de 175 points pour les fonds actions. « Ces instruments se sont beaucoup développés ces dernières années sur les bourses internationales ». Ce marché qui est né au début des années 90, a franchi la barre du « trillion » (millier de milliards) de dollars US d'actifs en conservation en 2010 (source BlackRock). Toutefois, « les ETF ne pourront pas fonctionner s'il n'y a pas assez de liquidité. En principe, des ordres importants générés par les ETF pourront décaler le marché » relève Sentissi. Une condition que ne remplit pas, pour le moment, la place casablancaise. De ce fait, il y a toute une méthodologie à mettre en place pour pouvoir les implémenter.