Que représente, pour vous, cette élection à la tête du Conseil national du parti de l'Istiqlal ? C'est à la fois un honneur et un devoir. Mes camarades m'ont désigné pour ce poste sur la base de deux critères, dont le premier est celui de l'expérience. Sur les 25 membres du comité exécutif du parti, je suis l'un des rares à avoir cumulé trois mandats. Le second critère, lui, se réfère au rôle que j'ai été amené à jouer dans certaines situations de crise, notamment en assurant la coordination de la commission des cinq sages constituée à la suite de l'élection du nouveau secrétaire général du parti afin d'apaiser le climat tendu. A présent, mes camarades me confient une nouvelle responsabilité d'une valeur inestimable. Cette élection a été une décision unanime de tout un groupe et la salve d'applaudissements des 850 participants à son annonce m'a ému très profondément. En quoi consistera votre mission ? Le Conseil national est l'instance la plus stratégique du parti. Il a pour coutume de se réunir chaque semestre et de s'acquitter de la prise de décision au nom du parti. Mais le problème qui s'est toujours posé, c'est le peu de productivité. Le Conseil compte des milliers de membres des quatre coins du Maroc qui, à l'occasion des réunions, n'arrive pas toujours à aboutir à des résultats concrets. Les réunions deviennent alors des rencontres de convivialité, condamnant, par conséquent, le Conseil à devenir une sorte de « Parlement passif ». A présent, il est question d'une mutation à 180degrés au moyen d'une activité tout au long de l'année. Pour cela, le comité exécutif est appelé à soumettre des propositions au Conseil en vue de les discuter tous ensemble dans le cadre de réunions régulières plus fréquentes et moins denses. Le but étant également de permettre au comité exécutif d'agir plus activement dans la vie du parti. Comment se déclinera concrètement votre stratégie de travail ? Sur l'agenda, figure la réunion ordinaire prévue fin avril prochain. Mais avant, nous comptons nous retrouver pour une réunion pré-session ordinaire dès début février afin de discuter des dossiers phares du Conseil national. Ils sont trois au total, le premier vise à dynamiser l'organisation interne du Conseil par la mise en place d'un rapporteur et la constitution de commissions thématiques. Le second consiste au lancement des préparatifs pour la commémoration du 80e anniversaire du parti en 2014. En 1934, naissait le premier parti marocain à l'initiative de Allal El Fassi, devenu en 1944 le Parti de l'Istiqlal. A l'époque, le choix même de cette dénomination a été un acte de courage, puisque le mot « indépendance » visait à défier le protectorat français. Mais l'importance de cette commémoration n'est aucunement dictée par le chauvinisme ou l'égoïsme. Le but, pour nous, est d'informer la nouvelle génération sur le combat pour la patrie et d'animer un débat avec les historiens sur le nationalisme marocain auquel différents partis politiques ont contribué. Quant au troisième centre d'intérêt de notre Conseil, il sera d'effectuer une étude prospective sur la scène politique de 2014 à 2024. Que vise cette étude prospective ? C'est une projection de l'avenir sur la base d'indicateurs scientifiques. L'idée consiste à évaluer les mutations à travers l'évolution politique que connaît le Maroc afin que nous puissions esquisser une image de la scène politique de la prochaine décennie. Nous avons connu au moins trois métamorphoses dans l'exercice de la politique et il est temps de nous intéresser à l'avenir dans le cadre d'un travail d'analyse en coordination avec des experts et des Fondations internationales. Après s'être ressourcé auprès de l'histoire, il sera temps de passer à la vitesse supérieure afin de participer à éclaircir la vision de notre pays. Et dans cette volonté, le but de fédérer les partis et d'intéresser les Marocains reste un moteur. En attendant, éclairez-nous sur vos revendications contenues dans le mémorandum. Le remaniement gouvernemental en est-il la principale ? Sur ce point, le PI a été mal servi par la communication. Nous avons même eu droit à des coups bas pour cause de transparence. Et cela est signe de mauvaise santé de la scène politique. D'abord, il faut souligner que le mémorandum a été issu d'une décision consensuelle et signé par l'ensemble du comité exécutif à l'exception de Nizar Baraka, qui s'est absenté pour raison d'une mission. Le mémorandum s'articule autour de deux revendications : refaire la charte de la majorité et accélérer la productivité du gouvernement. Ce que nous avons demandé, c'est une réunion urgente avec la majorité en vue de faire de ce mémorandum une plateforme de débat. Le remaniement, lui, n'est suggéré qu'en tant que mécanisme et non une fin. En attendant une réponse à notre demande de réunion, nous préparons, aujourd'hui, des propositions pour que nous y soyons prêts.