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Le 11 janvier 1944, en souvenir des défis à venir | Le Soir-echos
Publié dans Le Soir Echos le 10 - 01 - 2013

Il y a soixante-neuf ans jour pour jour, alors que la France sortait péniblement des catacombes de la seconde guerre mondiale, un groupe de nationalistes marocains au nombre de 70, signaient et rendaient public un important document qui portera plus tard le titre de
« Manifeste pour l'indépendance » !
Les nationalistes interpellaient directement les autorités françaises et réclamaient l'indépendance du Maroc. Qu'il fût soumis et diffusé en cette période, n'était pas en effet gratuit, car il s'inscrivait dans la foulée des mouvements nationalistes qui se faisaient jour un peu partout au sein de l'empire français, en Asie du sud est, en Afrique et au Maghreb... Et, ce faisant, renforçait la pression sur le gouvernement français soumis à d'autres urgences. C'est peu dire que la France, encore en guerre officiellement, n'en avait cure ! La question marocaine, comme on dit, partie prenante de la politique française en Afrique du nord, ne constituait pas à vrai dire une priorité. Mais elle ne laissait guère indifférents les dirigeants du protectorat, confrontés à une sourde agitation dans les grandes villes et dans les campagnes du royaume. Les premiers mots du Manifeste de l'indépendance donnaient le ton et indiquaient à la fois l'inspiration et la finalité du message. Les signataires réclamèrent «l'indépendance du Maroc dans son intégrité territoriale sous l'égide de Sa Majesté Mohammed Ben Youssef, que Dieu le glorifie ». La référence au sultan Mohammed V, outre qu'elle indiquait sa présence dans le mouvement nationaliste, sonnait comme un signal d'alerte prémonitoire pour le protectorat : la complicité entre le Palais et les jeunes nationalistes est donc avérée ! Le Maroc était sous la coupe du Résident général, Gabriel Puaux, un homme de lettres qui avait accidentellement succédé au général Charles Noguès après sa démission... Ce dernier, homme de poigne, chamarré et peu enclin au dialogue, aurait-il entériné sans réagir l'outrage à l'ordre colonial que représentait le Manifeste ? On avait eu une idée de sa rigueur lorsqu'il réprima toute velléité nationaliste en 1943...
Le manifeste de l'indépendance tel que reproduit en gravure à la Place El Batha à Fès.
L'idée d'indépendance, en tant que concept et plus tard un programme politique mobilisateur était née dès les années 30, soit dix-huit ans après l'instauration du protectorat le 30 mars 1912. Un premier groupe officiel de jeunes nationalistes de Fès étaient descendu dans la rue pour manifester leur attachement au sultan Mohammed Ben Youssef, désigné en 1929 mais reclus dans la capitale spirituelle sous la garde des forces du protectorat. Chaque vendredi, quand le roi sortait du sa résidence pour aller accomplir la prière de la Joumouâa, des milliers de jeunes marocains sortaient dans la rue l'accueillir avec le célèbre cri de « Yahia al-Malik » et se heurtaient évidemment aux forces de police du protectorat. Fès, creuset de la spiritualité, devenait ainsi le fief du nationalisme marocain balbutiant. Du 14 au 24 janvier 1943, alors que se tenait à Casablanca, en présence de Mohammed V, la fameuse conférence des Alliés contre la nazisme, réunissant le président américain Roosevelt, le premier ministre anglais, Winston Churchill et le général de Gaulle, et le général Giraud, chargé de l'Afrique du nord. Si les discussions de la Conférence d'Anfa, comme on l'appellera plus tard, avaient pour objet de préparer le débarquement en Sicile et en France, elle offrit aussi une opportunité historique dont on mesurera plus tard la dimension : la rencontre en tête-à-tête entre le président des Etats-Unis et le sultan Mohammed V. En marge du Sommet transatlantique donc, l'aparté entre les deux leaders porta sur la volonté du Souverain et donc du peuple marocain de poser la question de l'indépendance aux alliés... Roosevelt, démocrate jusqu'aux bouts des ongles, peu enclin à ménager le général de Gaulle, apporta immédiatement son soutien à l'idée de l'indépendance et, dans un sens, en discuta même les modalités avec le Sultan. Quelques mois plus tard, le Sultan avait reçu le premier Comité des nationalistes venus lui soumettre le texte du Manifeste. Les deux parties se mirent d'accord sur la liste des signataires et le « modus operandi » politique de sa présentation, à la fois aux dirigeants du protectorat, au gouvernement français à Paris, à la Société des nations (SDN) qui deviendra plus tard l'ONU, aux représentants des Etats-Unis, des pays européens et aux différentes instances de par le monde. Le texte du Manifeste, rendu officiel le 11 janvier 1944, connut ainsi une large diffusion et, de ce fait, sensibilisa l'opinion publique marocaine, française notamment et américaine. On ne pouvait imaginer défi direct lancé au protectorat. Car, les nationalistes, représentant sur suggestion du roi toutes les couches, les différentes sensibilités et origines du Maroc, avait posé le problème en ces termes : l'indépendance du pays, ni plus ni moins. Et le mot en lui-même ne manquait pas de déclencher la colère des responsables du protectorat, d'autant plus furieux qu'ils y voyaient comme la « main criminelle du Sultan » qui, sous cape et derrière sa mansuétude, dévoilait un art de la stratégie politique...
L'administration coloniale n'en démordit pas de sa volonté de couper le lien ombilical entre le Sultan, instigateur et donneur d'ordres à ses yeux, et le noyau de résistance qui prenait forme, grandissait au fur et à mesure et se constituait en mouvement, à l'image de ce qui se passait au Vietnam, au Cambodge, en Egypte...Elle procéda à l'arrestation de dizaines de milliers de jeunes marocains, à Casablanca, Rabat, Fès, Marrakech et Tanger. Pis, elle se lança le 29 janvier suivant, soit dix-huit jours après , dans une féroce répression pour couper court à toute velléité nationaliste. Cette vague d'arrestations et de répression violentes avait provoqué la morts de plusieurs manifestants et, effet pervers des politiques musclés, avait radicalisé la revendication nationaliste. Aussi, non content de porter l'estocade au régime colonial, conforté aussi par le soutien de son peuple, Mohammed V mettra-t-il à profit son voyage à Tanger en avril 1849 pour lancer de nouveau le défi dans son discours à la Mandoubia, en réclamant explicitement l'indépendance du Maroc...Il en subira le sacrifice, notamment en août 1953, lorsque le Résident Juin l'exilera en Corse et à Madagascar. De Fès à Tanger, comme un fil d'Ariane, la revendication d'indépendance, sourde pour commencer, explicite et radicale pour finir a connu un lent cheminement que la publication officielle du texte le 11 janvier 1944 a estampillé au coin du nationalisme marocain.
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