Selon l'Aivam, 130 316 nouvelles voitures ont sillonné les routes du pays en 2012. Un chiffre record qui n'a pas manqué de susciter moult doutes, à l'exemple d'un professionnel qui prétend que les chiffres sont gonflés au vu du ralentissement de la demande intérieure. Alors que toutes les activités sectorielles affichaient une perte de vitesse remarquable ; alors que l'économie nationale vibrait sur un rythme de tensions sur les liquidités bancaires, voici que le secteur automobile marque un envol spectaculaire : 130 316 nouvelles immatriculations en 2012. Un pic historique jamais atteint auparavant. Selon les statistiques fraîchement publiées par l'Association des importateurs de véhicules automobiles (Aivam), les ventes de voitures neuves ont progressé de 16,2 % à 130 316 unités contre 112 099 une année auparavant. « Je mets en doute la véracité des chiffres officialisés », lance sans a priori un professionnel qui requiert l'anonymat. Non sans amertume, il ajoute que « le système basé sur les déclarations des intervenants a atteint ses limites ». Pour dire simple, « les chiffres sont gonflés ». L'information si elle s'avérait vraie aura inéluctablement l'effet d'une bombe. Deux éléments de réponse plaident en faveur de ce constat. Chiffres à l'appui, le professionnel avance que le segment du CKD (monté localement) a observé une quasi-stagnation pour ne pas dire une réduction pour se situer à 29 399 véhicules contre 100 917 pour le CBU (importé monté). Cette tendance traduit, entre autres, un repli quoique léger de la demande. Plus encore, les véhicules utilitaires légers (VUL) ont emprunté presque la même courbe s'inscrivant eux aussi en quasi-stagnation à 12 488 unités (+0,67 %) contre 117 828 pour les voitures particulières (+ 18%). Le segment du CKD a observé une quasi-stagnation pour se situer à 29 399 véhicules contre 100 917 pour le CBU. De l'avis du concessionnaire, cela veut dire que les entreprises – particulièrement- ont manifesté « une faible confiance dans l'investissement.» Partant de ces « convictions », il paraît ainsi clairement que ce sont les ménages plus précisément les particuliers qui ont tiré la barre des livraisons vers le haut. Là encore, faut-il le souligner, on devrait distinguer entre les couches sociales. A en croire toujours notre source, ce sont les couches de luxe et celles dites moyennes qui ont animé le marché des voitures neuves. « Surtout les classes supérieures, bénéficiant à la fois des fruits de la croissance et des facilités quant à l'accès aux crédits », argumente-t-il. Poussant son analyse encore plus loin, il ira même jusqu'à parler d'inégalité entre les couches. « L'évolution du marché est boostée par un probable creusement d'inégalités sociales », conçoit-il. Combinant à la fois une approche sociologique avec l'œil du commercial, le professionnel compte seulement mettre le doigt sur la réalité suivante : le marché assiste à un renouvellement du parc plus qu'à de nouveaux accès aux voitures neuves, expliquant en quelque sorte la faiblesse du taux de motorisation au Maroc (65 % en moyenne) comparativement à d'autres pays voisins. Par ailleurs, les chiffres de l'Aivam confirment toujours la prédominance des marques européennes au grand dam de celles asiatiques. Le podium est ainsi couvert uniquement de couleurs françaises. Dacia tient toujours le haut du pavé avec 27 097 voitures contre 22 356 en 2011. La maison mère, Renault, lui emboîte le pas en culminant à 20 614 unités contre 19 145. Peugeot s'offre la 3e place. La marque au lion a écoulé 11 551 voitures au lieu de 11 244 en 2011. Au pied du podium pointe Ford. Le constructeur américain a réussi un saut notable pour franchir le seuil des 10 000 immatriculations contre 7 351. La seule marque asiatique, qui a pu tirer son épingle du jeu, est bel et bien Hyundai. La sud-coréenne a bouclé le top 5 avec 9 073 unités contre 6 590. En revanche, sa compatriote Kia continue sur ses contreperformances pour clôturer l'exercice 2012 avec un total de 3 969 voitures au lieu de 4 683 l'année précédente. Suivant enfin une déclinaison régionale, Casablanca capte et de loin le gros lot des ventes cumulées à 56 173 véhicules (VP + VUL). Suivie par Rabat-Salé , avec un nombre d'immatriculations de 19 789. Marrakech boucle le trio de tête pour flirter avec 9 008 unités. * Tweet * * *